Harmonie, Autonomie, Respiration, Action

Conscience @ Un autre regard

Les routines, outil majeur de la construction du JE limitant.

Après une lecture psycho sociologique de la construction du JE, continuons notre exploration en examinant comment les routines et la répétition mettent en place un JE limitant et limité. A travers la grille de lecture proposée par Don Juan Matus et l’expérimentation que j’ai pu en faire, nous allons voir à quel point les routines et la répétition d’actes quotidiens sont importantes pour la création du fameux “JE SUIS COMME CA”. Mais aussi quels outils magnifiques ces routines et la répétition d’actes quotidiens peuvent devenir pour le Pèlerin en quête d’Autonomie et ayant la volonté de déplacer son point d’assemblage et d’agrandir le nombre de faisceaux lumineux qu’il assemble.

Lors du premier confinement, je vous parlais de l’importance qu’ont les routines sur nos vies. Maintenant il est temps de décortiquer un peu plus leur manière d’agir pour arriver à en voir la trame d’action. Comme souvent, nous pouvons soit sombrer dans la lutte contre ce processus de sur-définition, c’est la voie de beaucoup de courants bien-être spiritualo mystique, soit totalement nous y soumettre et renforcer notre condition actuelle. Soit, la troisième voie, utiliser cet outil de conditionnement pour évoluer et redéfinir notre JE limitant en augmentant ses potentialités.

Puisque les injonctions ont réussi, par la répétition quotidienne, à créer une réalité restreinte à notre JE limitant et à la perception étroite qu’il a de nous et du monde, il y a de grandes chances que ces même routines soient capables d’agrandir ou, à défaut, de déplacer notre point d’assemblage pour qu’il assemble d’autres faisceaux que ceux qu’on nomme JE. Ce déplacement de notre point d’assemblage matérialisera alors d’autres facettes de notre JE, de notre perception du réel. Nous serons toujours sur du JE limité, mais un peu moins.

Rappelez-vous que JE n’est rien d’autre que la combinaison, plus ou moins restreinte, de faisceaux lumineux engendrée par notre point d’assemblage sur une des bandes d’émanations accessibles aux vivants.

Pour reprendre une magnifique phrase de Don Juan Matus : “dis toi que tu es quelqu’un de bien, tu finiras par le devenir”. Ou pour utiliser quelque chose de plus scientifique, les travaux du Dr KINSEY qui montrent qu’en demandant à une femme de simuler régulièrement un orgasme, elle finit par créer le chemin d’accès interne pour en avoir un.

La répétition crée la définition, le JE limitant

Nous sommes tous nés quelque part. Nous avons tous poussé sur un terreau culturel, cultuel, social et génétique. Nous avons tous reçu un conditionnement. Mais comment celui ci a-t-il pu façonner et contraindre notre existence à un JE aussi limitant ? C’est ici que la répétition d’actions précises, de processus physiques, mentaux, émotionnels, énergétiques et autres intervient.

Un peu comme la première fois qu’on nous a donné un stylo bille. Je me rappelle qu’enfant, je m’en servais de sarbacane, de paille, de touillette à café quand j’avais la flemme d’aller chercher une cuillère. Je l’utilisais aussi comme “dague” pour embêter les côtes de mon frère, ouais je sais c’est mal. Ou encore de cale porte quand il y avait des courants d’air. Mais petit à petit, à force de me répéter que ça ne servait qu’à écrire, j’ai moi-même oublié toutes ces autres fonctions.

Aujourd’hui je n’ai qu’un banal stylo bille et j’ai besoin d’avoir une paille, une cuillère, une cale porte et j’essaye de ne plus blesser mon frère. La sarbacane et le côté ludique de la chose ont, eux, complètement disparu à force de me faire engueuler et qu’on me répète que c’était maaaal de coller des boulettes de papier au plafond.

Pourtant toutes ces fonctions sont encore disponibles. Juste je les ai oubliées, ou je ne pense pas à les utiliser, voire pire, je n’ose plus m’en servir. Il en va de même pour ce que nous nommons JE, réduit à un simple “stylo humain” dont on a oublié qu’il était un objet phéniste.

Les œillères de la perception : la création de notre histoire personnelle

On nous a appris à limiter notre JE à quelques fonctions bien localisées, bien définies. La répétition d’un seul et même angle de vue met en avant des bouts bien précis de notre vie, au détriment d’autres parties qui tombent dans l’oubli parce que jugées fausses, amorales, inutiles.

Petit à petit, les parties dans l’ombre sont effacées, oubliées, gommées et même parfois niées. Nous commençons à nous raconter et à nous répéter une histoire de nous-même et du monde qui convient aux définitions très précises que nous avons fait nôtres. Petit à petit, nous commençons à sortir de notre Vie pour n’écouter plus qu’une facette de notre histoire personnelle. JE SUIS timide, colérique, de droite, généreux, confiant, stupide. J’AIME jouer, les oignons, les hommes, le bleu, le sport …

Mais cette histoire personnelle de nous et du monde n’est qu’un choix perceptif et une somme de possibles très limités qu’on transforme, via la répétition, en seule vérité quasi définitive. Cette vision partiale de notre histoire personnelle nous résume à des utilisations et des fonctions de notre JE qui sont acceptables, normales et convenables par rapport au conditionnement reçu et à la norme dans laquelle notre JE limité évolue. A aucun moment je n’ai appris à utiliser la totalité de mon potentiel, de mon fameux stylo bille “humain”.

La répétition engendre la localisation

Après une répétition suffisamment longue de ces définitions de nous-même et du monde, notre point d’assemblage est complétement fixé sur une position très précise, très petite. Le JE SUIS (comme) CA est enfin autonome. Notre dressage, l’éducation, touche à sa fin. Nous avons presque totalement oublié nos fonctions “non-localisées“.

stylo-bille-objet-localisation

Par le fait de répéter ma vision limitée d’un stylo bille comme étant sa seule réalité, j’ai fini par le réduire à une toute petite chose ne servant qu’à écrire.

Par le fait de répéter ma vision limitée de l’humain que je suis comme étant ma seule réalité, j’ai fini par me réduire à une toute petite chose que je nomme fièrement “JE suis comme ça”.

Les routines entretiennent la définition du JE limitant

Même si des trauma, les “accidents de vie” accélèrent ce processus de localisation, le gros de l’effort, la partie essentielle du travail de définition passe par des trucs tout simples, des injonctions, des habitudes, des “bonnes” manières qu’on a tous appris par capillarité ou insidieusement.

Je reviendrai un jour en détail sur les traumas et “accidents de vie” qui sont de fabuleux accélérateurs / créateurs mais de piètres constructeurs / artisans

Les routines, les petites habitudes de tous les jours vont prendre le relais et entretenir ce JE limitant, cette définition très localisée de nous-même et du monde. Nous nommons cette perception restreinte : LA vérité, LA réalité, LA normalité

Ces routines, ces habitudes sont mises en place dès le plus jeune âge. On nous apprend qu’IL FAUT : Se couvrir quand il fait froid, regarder avant de traverser, ne pas pleurer, ne pas porter du rose, mettre un jean, dire bonjour, merci, au revoir avec le sourire, mettre des chaussures, ranger sa chambre, se brosser les dents, manger des nuggets …

Les routines du quotidien vont petit à petit, par la répétition, encadrer notre champ des possibles et donc limiter notre manière d’agir à ce qui est “normal” de faire / être.

A chaque utilisation des ces actions “normales” et qui ne sont que des injonctions, des ordres venant de l’extérieur, nous allons restreindre nos capacités d’action et d’imagination.

Par petites touches, nous allons gommer des possibles et même gommer des capacités ou des façons d’être. Par exemple, quand nous étions enfants, nous avions tous une capacité d’imagination et d’interprétation du monde bien plus large qu’aujourd’hui.

Sans aucun effort, nous imaginions qu’un bout de bois était un mega pistolet laser et que la cagette de tomates devenait une super chariote de l’enfer (ouais, j’ai été élevé comme un garçon). Devenus grands, nous ne voyons de la cagette qu’un encombrant, et le fabuleux mega blaster de l’espace finit dans la cheminée sans même un regard attendri.

L’action des routines va mettre en place les grands pans de notre personnalité, les JE SUIS, JE AIME (ou pas), JE PENSE : généreux, peureux, malingre ou robuste, colérique et pantouflard, stupide, sale, raciste, égocentrique, de gauche ou de droite, spiritualiste ou matérialiste. En gros, toutes les croyances, justifiées ou non, sur nous-même qui nous transforment en fait, en limitant notre capacité à ÊTRE.

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Éduquer au lieu de dresser

On aurait pu à chaque fois nous éduquer (et pas dresser) en nous expliquant et nous apprenant à nous demander quelles actions choisir pour être au plus proche de notre JE. “Si tu as froid, couvre toi” “Si tu ne veux pas mourir, regarde avant de traverser”, “si tu es triste, tu peux te mettre en colère ou manger ou faire un footing, mais sache que tu es triste”. C’était un autre possible mais pour la majorité d’entre nous, ça n’a pas été le cas.

Ne pleurez pas, il aurait quand même fallu apprendre au petit humain les règles de la vie sociale. Il aurait quand même fallu que nous apprenions les définitions communes pour pouvoir nous exprimer et exister avec d’autres JE.

La création du JE limitant est quasi indispensable, mais au moins n’aurions-nous pas oublié tous les autres possibles de ce JE. Nous serions alors restés des humains, plutôt que de devenir des petits hommes ou des petites femmes, des stylo bille ou des poulets N°xxxxx persuadés que c’est leur seul horizon.

Agrandir la définition faite du JE limitant.

Alors comment changer la position de notre point d’assemblage ou agrandir la quantité de filaments lumineux qu’il agglomère et qui définissent les limites de notre JE ?

Comment peut-on sortir de cette auto-validation permanente d’une toute petite partie de nous-même ? Peut-on changer l’histoire personnelle que nous nous racontons à nous-même et aux autres ?

Bien sûr que oui ! D’ailleurs cette histoire personnelle est très fragile. Elle a déjà volé plusieurs fois en éclats au cours de votre vie. C’est ce que nous nommons nos TRAUMA. A ce moment là, la représentation que nous nous faisons du monde et de nous-même vole en éclats.

Notre point d’assemblage se déplace (un tout petit peu) et nous avons la chance fabuleuse d’accéder aux autres fonctions, aux autres possibles que nous avons mis dans l’ombre depuis très très longtemps. Pourtant nous sombrons dans des tourments intérieurs terribles où les phrases les plus communes sont “ce n’est pas possible” ou “je n’y crois pas”.

Heureusement pour la plupart des gens ordinaires, des médicaments, une assistance psychologique, l’influence de la famille et l’imprégnation des routines quotidiennes vont se charger de ramener très vite notre perception du monde (la position du PA) à LA normale. Le but : valider ce que notre JE limitant, via la facette de notre histoire personnelle, détermine comme “LA vérité / LA réalité”. Ouf JE ne dé-lire (sortir du sillon) plus ! Le poulet n°728120 ne s’est pas enfui !

La voie du pèlerin, utiliser au mieux les “accidents de vie”

Un Pèlerin courageux pourrait par contre se servir de ces “accidents de vie”, des “ses erreurs” de parcours comme un booster pour déplacer la position de son PA et agréger plus de filaments lumineux, ce qui lui permettra de transformer sa représentation du monde et de lui-même.

L’accident, le Trauma des gens ordinaires devient alors l’occasion d’avoir une occasion, une formidable opportunité pour changer en profondeur son histoire personnelle et sa définition du monde. Hélas, comme je vous le disais dans l’article sur LA MORT, le trauma, l’accélérateur de changement, ne tient pas longtemps. Par contre, si on accepte ce trauma comme un chemin vers une nouvelle réalité potentielle et qu’on utilise ce chemin / trauma pour mettre en place de nouvelles routines, ALORS nous pourrons fixer notre PA sur cette autre position. ALORS notre JE limitant assemblera d’autres faisceaux d’énergie et sera, de fait, moins limité !

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Là, un nouveau piège attendra le Pèlerin : croire que cette nouvelle perception du monde est la réalité. Le stylo-bille ne sert plus à écrire, il ne sert plus que comme sarbacane. La recherche d’une fixation du point d’assemblage par notre cuirasse et notre volonté de contrôle (pouvoir) vont nous faire tendre vers ce piège.

Le travail sur les routines n’est donc pas à faire une fois mais à faire EN PERMANENCE. Dès qu’une occasion se présente de devoir changer de routines et donc d’assembler plus de filaments lumineux, le Pèlerin se doit de mettre en place de nouvelles routines.

Petit à petit, il acceptera l’idée que toutes ces positions du point d’assemblage ne sont que des parcelles du réel, et il apprendra à naviguer de l’une à l’autre, en fonction du sentiment et en fonction de l’Esprit, mais ça, c’est une autre aventure.

Renaud

La réalité, la vérité, la normalité : des certitudes fluctuantes

Sans utiliser de notions trop complexes, je voudrais vous faire prendre conscience de manière concrète à quel point ce que nous nommons vérité, réalité et normalité ne sont que des points de vue mobiles, des définitions conjoncturelles, liées à un temps, une époque, une culture, en gros à une mode !

Par exemple, nous avons tous pu constater que la vérité sur ce que JE est n’est pas du tout la même pour moi que pour ma mère. Idem, la réalité du monde est totalement différente si vous dormez dans des draps en satin, sous un pont, au Kenya ou à San Francisco. Idem pour la normalité. Dans les années 40, qu’un enfant occidental de 10 ans travaille était une chose normale, ce n’est plus le cas aujourd’hui, sauf bien sûr si c’est pour fabriquer nos fringues, nos baskets et autres produits de première nécessité.

Et, sans vous moquer, la vérité pour les occidentaux du XVème siècle, c’est que la Terre était plate. Sans vous moquer toujours, c’est plus dur, la vérité des scientifiques de 1970, c’est que l’homosexualité était une maladie mentale. Pour la science de 1990 la femme était un élément secondaire dans les tribus paléolithiques… Je vous laisse compiler la suite interminable des vrais fausses vérités et croyances. Alors êtes vous vraiment certain d’être réellement JE ?

NOTE & Liens

  • La construction psycho sociale du JE
  • L’article du mois de Mars sur les routines
  • Les travaux du Dr Kinsey et la masturbation assistée
  • Lire les textes de Jacques Ravatin / V. ROSGNILK sur le global, le local et les objets phénistes, des objets aux fonctions partiellement ou pas du tout localisées. PDF
  • DELIRE. Étymologie datant de 1525. Vient du latin delirare (« s’écarter du sillon »); lui-même provenant du vieux mot latin lirare (« labourer par raies ») et du préfixe de- marquant l’éloignement. Les travaux du linguiste français Charles De Brosses (1709-1777) ont montré que delirare aurait pris au fil du temps le sens figuré de divaguer ou d’extravaguer via une métaphore de laboureur déjà utilisée sous la République romaine qui comparait le comportement de personnes en proie à la folie à l’acte de s’écarter du sillon tracé bien droit par la charrue. C’est ce dernier sens qui nous est parvenu comme délirer, ainsi son substantif dérivé, délire.
    L’importance de cette métaphore du sillon dont sort la personne en proie à la déraison, au délire, est bien illustrée par le mythe fondateur de Rome, en référence à Remus et Romulus. Romulus décida de tracer un sillon avec sa charrue sur les côtes du Palatin, délimitant la frontière de sa ville. Puis, Remus, se moquant de son frère, s’amusa à franchir le sillon tracé par ce dernier, lui demandant si les protections de la ville étaient suffisantes. Romulus sortit alors son épée et transperça Remus.
  • Poulet n° 728120 de Philippe Katerine sur YOUTEUB
  • Lire l’impact de la MORT dans le chemin spirituel

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Renaud

Naturopathe, psychothérapeute et pratiquant de différentes techniques énergétiques depuis plus de 20 ans. J'essaye d'amener dans chacune de mes actions un autre regard, une autre manière d'être et de vivre le monde qui nous entoure.

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