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Apitoiement & complaisance, mamelles de l'auto contemplation

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Renaud
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Début du sujet
(@renaud13)
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Apitoiement, complaisance, auto-contemplation, histoire personnelle des mots qu'on utilise souvent sur ce site, mais qu'est ce qu'on entend au juste par ces "maux" ? A force de me socialiser et surtout à force d'échanger avec mes comparses de "La CLIC" et de ses satellites je me rend compte que c'est termes sont trop floues et permettent des interprétations et des utilisations bien contre productives. Alors comme souvent dans les sciences humaines, dites "sciences molles" il faut prendre le temps d'expliciter les concepts que l'on utilise.

A ce sujet je rappellerai qu'une conversation ou un échange, quel qu'il soit, doit se baser sur un "commun", sur une entente préalable entre toute les parties. C'est la règle de base pour qu'une rencontre puisse avoir lieu dans des bonnes conditions. Cette mise en place d'un cadre commun, d'un consensus cognitif et conceptuel, est valable pour la philo, la socio ou les "humanités" mais c'est aussi valable en cuisine, en relation sexuelle, en entreprise etc, etc.

Pour pouvoir Communiquer et pas juste s'invectiver ou asséner, pour permettre à l'Autre (qui n'existe pourtant pas) et à soi (Je étant un autre) de répondre, de construire sa pensée et de la partager il faut définir un cadre commun. Ce cadre n'est pas forcément le cadre définit par la masse, par les habitus ou par l'histoire personnelle de chacun.

Qu'est ce que j'entends par auto contemplation ?

Pour votre confort et par fainéantise je ne vais pas m'étendre de trop sur ma vision de l'auto-contemplation. Mais en gros dites vous que c'est TOUT, vraiment tout ce qui vous définit et auxquels vous êtes attachés. L'auto-contemplation est en lien direct avec la suffisance et l'histoire personnelle. Elle incorpore toutes vos croyances sur le monde et vous même, toutes vos représentations acquises sur le monde.

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HARa aGORA, le forum de La passerelle - Projet la Passerelle
(@charlie)
Inscription: Il y a 6 ans

Estimable Member
Posts: 84

@renaud13 Merci pour cet excellent article, ca ramène à la base, à l'essentiel, à savoir comprendre les mots et les concepts qu'on utilise.

Comme tu le dis en début d'article, se mettre d'accord sur les définitions des mots et concepts qu'on emploie, c'est la base. Ca permet de discuter, de chercher ensemble, car on part d'une base commune.

J'ai lu et relu attentivement cet article. Les termes apitoiement, complaisance et autocontemplation sont des mots que j'utilise souvent, et depuis un bout de temps. Et pourtant, en relisant attentivement cet article, ma bouche s'est ouvert en un grand Ahhhh, car d'un coup je comprenais autrement, différemment, ou même comprenait tout court.

Mon plus grand Ahhhh a été sur le paragraphe de l'apitoiement. Oui, je suis une grande apitoyeuse, ça, c'est un point de départ. Mais je confondais apitoiement et complaisance. Je m'explique. J'associais l'apitoiement à des émotions, je faisais l'erreur que pas mal d'entre nous font, je pense, qui est de confondre tristesse et apitoiement. Le passage qui a le plus interpellé mon ptit cerveau, et surtout qui a le plus amené de l'eau à mon moulin, c'est quand tu expliques que l'apitoiement, ce n'est pas telle ou telle émotion. L'apitoiement, c'est le fait de juger une émotion, et de s’empêcher de ressentir telle ou telle émotion car elle ne correspond pas à notre cadre moral, elle ne correspond pas à l'image qu'on a de nous, donc à notre auto contemplation. J'ai un peu la sensation de faire de la paraphrase, mais j'insiste sur ce point car il me semble vraiment essentiel !

Refouler une émotion car elle n'arrange pas du tout mon autocontemplation est un sport que j'ai énormément pratiqué et que je continue à pratiquer d'ailleurs. Comme je juge que là, à ce moment là, c'est nul d'être en colère, parce que tu comprends, c'est un caprice et je vais contrôler cette pulsion émotionnelle car je ne VEUX pas être capricieuse car que va-t-on penser de moi, nomaiho, du coup je la refoule. Mais ô magie, c'est pas parce qu'on refoule une émotion comme on glisse de la poussière sous un tapis qu'elle disparaît ! Du coup, ô incompréhension totale, ô injustice, alors que je suis tout sourire, je suis amour et bonté, je ne comprends pas pourquoi les gens sont si tendus et si désagréables avec moi ! Je ne comprends pas pourquoi tout, le monde, la vie, les inconnus que je croise dans la rue, tout semble se liguer contre moi ! Peut-être parce que je dégage une putain de tension non consciente, dûe à cette putain de colère que j'ai foutu sur le tapis et que je fais semblant d'ignorer, va-t-en savoir Edouard !Du coup, bim, sentiment d'injustice, apitoiement, jugement, sur moi et /ou les autres, et renforcement de mon autocontemplation. Le système est bien fait, non ?

A la lumière de cet article, on comprend bien comment complaisance, apitoiement et auto contemplation sont tous intrinsèquement liés, chacun de ces éléments renvoie à l'autre, et on se retrouve piégé dans un système fermé. Et le gardien ultime de ce système si bien huilé, comme tu le dis mais sans t'étendre dessus, c'est la peur. La peur et le refus de l'effort, le refus de l'inconfort.

C'est la peur qui nous susurre à l'oreille que non, on ne peut pas se mettre en colère, ou pleurer, ou rire, on doit contenir cette émotion si gênante ou mal à propos, car que va-t-on penser de nous ? On va nous prendre pour des fous / méchants / mauvais, chacun adapte en fonction, et du coup on va nous rejeter, on va nous abandonner, et on va se retrouver seul et abandonné !

La peur nous tient par les couilles et les ovaires, elle nous fait courber la tête, baisser l'échine. La peur de sortir du cadre, la peur de déranger, la peur d'être anormal, et donc rejeté.

Et c'est le refus de l'effort et de l'inconfort qui nous pousse à nous contenter de, à nous laisser aller à notre complaisance, à ne pas faire l'effort de dire, faire ou penser autrement. Pour certains, l'inconfort sera de ne rien faire, d'arrêter de se battre pour tout, pour d'autres ce sera de finir le geste, de pousser un peu plus loin, de s'extraire de ce si confortable canapé.

La peur et le refus de l'effort et de l'inconfort, voilà nos gardes chiourmes. Voilà ce qui nous fait devenir nous mêmes des gardes chiourmes pour quiconque tenterait de s'extraire de son système fermé, et qui nous fait attaquer quiconque tenterait de nous faire sortir de notre système fermé.

Comme c'est très bien décrit dans l'article, on naît avec un héritage, familial, énergétique, comportemental, historique et socio culturel qui va nous donner un cadre. Et ce cadre est essentiel, on ne peut pas en faire l'économie, c'est ce qui nous structure et nous permet de nous individualiser. Le problème c'est qu'au fur et à mesure, on créé une grille d'interprétation attachée à ce cadre, et assez rapidement, on ne vit plus directement les expériences, on les ramène à un référentiel connu, défini par notre histoire personnelle. L'attachement à notre histoire personnelle nous fait occulter l'évènement dans sa totalité, on ne s'occupe que de l'interprétation de l'évènement, et on le réduit à l'interprétation qu'on en a. Tout comme on se réduit à l'interprétation qu'on a de nous.

On ne dézoome jamais, on reste fixé à notre grille d'interprétation.On sélectionne les éléments qui vont valider notre interprétation, interprétation qui va nous permettre de ressasser en boucle toutes nos expériences passées, qui va valider notre histoire personnelle, bref, on tourne en rond avec pour objectif, nous même, ou plutôt l'interprétation qu'on a de nous même et notre volonté farouche d'y correspondre.

Alors comment on sort du bocal ? comment on sort de cette putain de roue, de cette partie de flipper infinie qui nous renvoie de l'apitoiement à la complaisance, à l'autocontemplation ?

Et bien, vu qu'on a repéré les gardes chiourmes, la peur et le refus de l'effort, je crois qu'on a la direction à suivre. Ca n'est ni confortable, ni agréable, ça va à l'inverse de notre système de survie, tant qu'on a pas compris qu'en restant dans cette boucle fermée on est en train de crever.

On remonte ses chaussettes et on saute à pieds joints pour affronter nos peurs. Je sens poindre une émotion et je n'ai qu'une envie, c'est la refouler ? Alors je me force par tous les moyens à l'exprimer, à la ressentir, à la vivre.

Ca me terrifie de porter des mini jupes, parce que je me trouve grosse, ou que ca fait vulgaire, ou que j'ai les genoux cagneux ? Alors je me force à en porter, et pas qu'une fois. Je me force à en porter jusqu'à ce que ce soit agréable. Jusqu'à ce que je sente, dans mon corps, qu'avec ou sans jupe, ca ne change rien, qu'il n'y a pas d'enjeu, que le monde ne s'écroule pas parce que j'ai mis une mini jupe, un pantalon en skai ou une cravate verte.

C'est désagréable, c'est terrifiant tant qu'on ne s'y colle pas, mais le but c'est de sortir de notre système fermé sur nous même, de dézoomer de notre putain de grille d'interprétation pour découvrir l'expérience, plutôt que son interprétation.

Perso, je suis en cours de dézoomage. Régulièrement je rezoome, et 99 fois sur 100 c'est parce que je me suis laissée allée (complaisance) à mon apitoiement. L'apitoiement et la complaisance sont vraiment les forces actives de notre autocontemplation. Je suis au départ à un haut degré d'autocontemplation, je crois que vous avez pas idée; j'ai tenté de me forcer à ne plus être aussi coincée que je l'étias dans mon autocontemplation, mais ca ne tient pas. Au moindre choc, au moindre évènement, je cours m'y réfugier.

Je crois que le seul moyen, c'est de s'attaquer de manière systématique à son apitoiement et sa complaisance.

Et ca commence par accepter de vivre et d'exprimer nos émotions, surtout celles qui n'arrange pas l'image qu'on a de nous. Les vivre, mais sans en faire toute une dramaturgie, comme tu l'écris si bien Renaud, et en tant que petite fille de slave, la dramaturgie, ca me connait. Mais la dramaturgie molle, la dramaturgie qui fait que quand même, on reste normal.

Ah oui, parce qu'il faut capter ça. La complaisance, l'apitoiement et l'autocontemplation sont devenus la norme. Observez les gens autour de vous, vous verrez que la seule préoccupation de tout un chacun, c'est lui même, que tout le monde passe son temps à s'apitoyer, à subir sa vie, et à se complaire dans sa médiocrité ou sa recherce de victoire.

Donc sortir de ce système fermé, sortir de l'autocontemplation, de la suffisance et de la complaisance, ça veut dire ne plus être normal.

Je vous laisse réfléchir à ce que ca implique, de ne plus être normal.

 

Merci encore pour cet article, ca remet les pendules à l'heure !

 

 

 

 

 

 

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HARa aGORA, le forum de La passerelle - Projet la Passerelle
Posts: 1
(@Pierre)
New Member
Inscription: Il y a 2 ans

Hahaha J'adore, c'est exacte.

Par contre pour développer encore plus ce très beau récit.
Ces comportements vont tellement loin, que quand les gens tombent sur d'autres personnes dans le même état d'esprit, ils s'autocomplimentent, ce donnent raison entre eux ( ah, toi aussi tu vois le monde de la même façon que moi ) et vue que avoir raison à tout prix, même quand on à tort est une sorte de saint graal à atteindre au niveau mental et en plus trouver de compagnons de route qui ce donnent raison entre eux, même si le résultat est toxique, inutile et contreproductif, construit des personnalités seuls où en groupe qui pratiquent de la chasse aux sorcières cherchant le parfait bouc émissaire, des coupables en tout genres, pour les juger, les condamner et voir même passer à l'acte de les punir par de la violence psychologique où physique, dans un contexte psychologique de ( je souffre, je suis, où je crois être impuissant par à port à ça à cette situation et donc je fais souffrir les autres ).

Si tu vis dans la haine, n'importe la quelle, disant la haine raciale, ce qui pour moi n'est rien de bon et tu tombe sur des gens qui vivent la même haine et ce donnent raison entre eux, le pas bon du tout, devient bon à leurs yeux, et puis par après même si on prends conscience du phénomène et on veux s'en abstenir, revenir en arrière, c'est le phénomène du panier de crabe qui entre en jeux, ou on vous remets à votre place dans un sorte de comportement ou celui qui est entrain de ce noyer, pour continuer à ce noyer tire avec lui surtout tous ceux qui cherchent à le sauver ou cherchent à le laisser ce noyer tout seul.

C'est tellement ennuyeux à mon gout que je m'en abstient volontairement.

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1 Réponse
Renaud
Admin
(@renaud13)
Inscription: Il y a 6 ans

Reputable Member
Posts: 261

"Ces comportements vont tellement loin, que quand les gens tombent sur d’autres personnes dans le même état d’esprit, ils s’autocomplimentent, ce donnent raison entre eux"
je ne peux qu'être d'accord et en même temps c'est un biais cognitif assez compréhensible et que nous subissons tous. Nous cherchons l'approbation en toute circonstance y compris dans la vie de tous les jours. Je ne me vois pas fréquenter que des gens qui sont en désaccord avec moi déjà que j'ai du mal avec les "amis" ....
Par exemple je ne vais pas vivre avec des "platistes" - ceux qui croient que la Terre est plate - même si, DE LEUR POINT DE VUE, ce n'est pas faux.
C'est là un outil de présence qu'il faut avoir en permanence. Aussi géniale que soit notre idée, notre point de vue, notre système de pensée ou d'analyse ce n'est pas, ça ne sera jamais LA VERITE mais plutôt comme l'a dit et répété un astrophysicien que j'ai vu récemment "l'explication qui semble la plus juste en l'état de nos connaissances et outils"
c'est hyper important, et ça dans tous les domaines, la certitude est un mensonge. AVoir tort ou raison ne sont que des points de vue définit par la position de l'observateur comme disait Ravatin ou définit par la position du point d'assemblage comme le dit Don Juan Matus et sa tradition

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