Le titre est pourri mais tant pis. C’est toi Julian, tu l’auras compris, qui m’a donné l’envie de faire ce post. Pourquoi résister à l’envie de tourner les talons parfois ?
Parce que sinon, on peut passer à côté d’enseignements sur soi-même, sur les autres , sur une « leçon » que veut nous apporter l’esprit.. Les apparences peuvent être trompeuses. C’est une phrase à la con mais qui est vrai. Parfois quand DJ parlait, Castaneda lui disait mais vous faites de la morale, mais ce que vous dites est religieux… S’il avait tourné les talons trop vite ( car il s’est quand même barré pendant 10 ans à un moment donné), il ne serait certainement pas devenu ce qu’il est devenu.
Souvent, face à une situation inconfortable, tout ce qu’on désire c’est fuir et on le fait !
Mais il est bon d’attendre et d’observer, on peut être très surpris et on peut réellement apprendre quelque chose qui nous sera utile, quoi que ce soit. On attend, on observe et on s’observe, on prend ce qu’il y a à prendre, on donne ce qu’on doit donner, si on doit donner, et quand on sent que c’est terminé, on se barre.
Bien sûr je ne parle pas de toutes les situations d’inconforts, certaines sont véritablement dangereuses et nécessitent la fuite mais généralement on sait s’il s’agit de vie ou de mort ou si c’est juste une aversion.
Je vais vous raconter une expérience que j’ai vécu il y a des années. J’étais dans un ashram en inde. Une femme tenait cet ashram. Elle était plus qu’une femme pour les gens, une sorte de maitre ou de sage, je ne saurai l’expliquer. Il y avait pas mal de rituels. Tous les soirs, nous devions tous nous mettre en cercle et l’un après l’autre nous arrêter devant cette femme, prendre le petit bout de gâteau qu’elle nous offrait puis s’agenouiller devant elle et même lui baiser les pieds ou presque.
Pendant une semaine j’ai refusé de le faire. J’étais la seule à ne pas le faire. Elle réagissait plutôt bien, elle avait juste un petit sourire bizarre au coin des lèvres. Les autres élèves n’appréciaient pas que j’agisse ainsi mais je continuais quand même. Et pourtant j’étais et je suis toujours très attachée au regard de l’autre, c’est pour dire à quel point ça me gavait. Pourquoi je vais m’agenouiller devant toi, qui t’es pour que je fasse ça, en quel honneur on devrait te baiser les pieds, et puis quoi encore ? Je ressentais une réelle aversion.
Et puis, je me suis questionnée malgré tout, j’ai essayé de voir plus clair en moi et j’ai remarqué que dans mon cas, ne pas vouloir lui baiser les pieds à ce point c’était du mauvais ego, de la fierté… Certes c’est ridicule, pas nécessaire, c’est l’humilité du mendiant que de s’agenouiller ainsi mais j’avais quand même une fierté mal placée. Et je me suis dit, ça ne devrait pas t’énerver à ce point, qu’est-ce que t’en a à foutre au final de lui baiser les pieds, tu peux bien baiser les pieds d’un humain, non ?
Je l’ai donc fait. La femme était contente, elle devait penser qu’enfin je la respectais, que je lui rendais honneur.. Mais pas du tout, c’est pour moi que je l’ai fait, pour être plus humble, pour me débarrasser un peu plus de « l’autre ». Et ça m’a fait du bien, ça a enlevé un peu de mauvais égo.
Cet ashram m’a gavé, très vite j’ai eu envie de partir, de fuir. En plus il y avait des cours de religion, explications du bhagavadgita, bref leur bible à eux. Et je comprenais quasi pas l’anglais mais suffisamment pour que ça me gave quand même. C’était aussi intéressant mais ça me saoulait davantage. Tout ça et tous leurs rituels de merde, des nettoyages avec de l’eau salé, se faire vomir pour nettoyer l’estomac, avoir la chiasse pour nettoyer le colon, devoir chier tous les matins à jeun parce que sinon c’est qu’on avait un problème… Et je suis restée, uniquement pour voir, pour mieux les comprendre, pour mieux me comprendre aussi, je sentais que je devais encore rester, que j’avais encore des choses à apprendre. Je voulais atteindre le point où je ne partirai plus pour fuir, parce que ça me saoule, mais parce que la leçon était terminée.
J’ai beaucoup appris, si j’avais tourné les talons trop vite, j’aurais raté cet enseignement qui m’était nécessaire.
J’ai toujours un souci avec ça car l’esprit m’envoie encore des épreuves dans ce domaine mais ça va tellement mieux. D’épreuves en épreuves j’ai progressé. Là je ressens juste un tout petit truc. Je suis dans une communauté religieuse, enfin c’est pas vraiment ça, c’est un centre d’accueil pour femmes à la base, avec leurs enfants, des femmes qui ont été abusées de quelque façon que ce soit par leurs conjoints… Mais c’est religieux. Je me tape la prière avant chaque repas, la messe le dimanche, réunions avec lecture de passages de la bible. Je vois les femmes qui enseignent à leurs enfants même en bas âge à prier. Et ça parle de dieu, et ça parle de jésus christ..
Et bien, je joue le jeu, ils pensent que je suis catholique, ou chrétienne, la branche de jesus quoi. Je baisse la tête avant le repas comme eux, je joins mes mains et je dis amen. Il m’arrive de remplacer dieu par esprit dans ma tête, ça aide, lol. Mais ça va, je suis plutôt contente de moi.
Parfois ce qui est difficile, c’est de ne pas montrer que je n’y crois pas, de jouer les dévotes. Aujourd’hui j’ai ressenti un petit peu plus d’agacement quand j’ai vu qu’ils faisaient prier les gosses avant le repas, qu’ils les conditionnaient déjà. Mais au final, une idée m’est venue : qu’est ce qui est pire ? Ca ou se faire battre par un père alcoolique, trainer dans les rues et finir dans un cartel, il y a beaucoup de pauvreté ici et de délinquance.
Ce que je dirai pour finir c’est que si certains ont la même aversion que j’ai pu avoir, la bonne chose à faire si on désire progresser sur la voie du guerrier, c’est de s’y confronter. Si vous avez 15 jours de vacances, pourquoi pas aller dans un temple, un cloitre, un presbytère… Un lieu qui vous fait bien chier, avec des rituels, des prières, beaucoup de dévotion avec le seigneur et son enfant JC, lol. Il y a encore beaucoup d’endroits qui sont ouverts aux autres, où on peut séjourner, même gratuitement. Inventez une connerie, vous avez perdu untel ou untel, vous ressentez le besoin de vous ressourcer, de retrouver dieu en vous, ce que vous voulez et ça passera.
Pourquoi faire ça ? Pour vous, pour vous libérer et parce que de toute façon, si vous empruntez la voie du guerrier et que vous désirez réellement avoir une chance d’être libre un jour et tout et tout, l’épreuve vous vous la taperez, c’est sûr, et pas qu’une. L’esprit ne laissera pas passer ça, il vous fera travailler dessus d’une manière ou d’une autre, donc autant commencer maintenant, vous gagnerez du temps.
Une autre expérience qui ne me concerne pas mais qu’a vécu mon ex. Je passe les détails mais je lui avais conseillé de faire Vipassana, un centre de méditation. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un centre international, quelque soit le pays où vous vous trouvez, il y a un centre, en tout cas dans la majorité des pays. Ca marche par donation et si vraiment vous n’avez pas une tune, vous pouvez ne rien donner même si c’est pas mal de participer pour les prochains.
Il y a des sessions de 2 jours, d’autres de 10. Dix c’est mieux pour parvenir à un résultat. Portables, écriture, lecture, musique, toute distraction est interdite, pas de cigarettes, pas d’alcool, pas de sexe, les femmes et les hommes sont séparés. Dix à douze heures de méditation par jour il me semble. Pour ceux qui ont des difficultés à s’asseoir en tailleur, coussins et petits tabourets à disposition.
Bref, mon ex y va et revient au bout de 3 jours seulement. Qu’est-ce que tu fous là lui dis-je ? Il était tombé malade, il avait de la fièvre et puis je ne sais plus, mal à la gorge, des symptômes similaires. Bien sûr il s’était précipité pour aller voir les responsables du lieu et leur expliquer la situation, responsables qui lui ont conseillé bien évidemment de rentrer chez lui. Je ne peux pas vous expliquer comment mais je sentais qu’il était rentré trop tôt, qu’il n’avait pas appris ce qu’il devait apprendre. Aussi parce que j’avais moi- même vécu la même chose lors de mon précédent Vipassana. Au bout de 2 ou 3 jours, j’ai eu envie de fuir. J’avais l’impression que j’étais là depuis un mois, j’en pouvais plus. Mais je suis restée, uniquement par fierté. J’étais avec une amie et je n’ai pas eu envie d’abandonner devant elle, trop fière. Heureusement qu’elle était présente. J’ai vraiment bien fait de rester, après tout s’est accéléré, j’ai beaucoup appris sur moi et autres choses.
J’ai senti que pour mon ex, c’était exactement pareil, c’était l’autre en lui qui ne voulait pas qu’il reste et si l’autre en toi ne veut pas que tu restes, c’est qu’il y a un enseignement derrière qui te sera très bénéfique. Je l’ai engueulé et je lui ai dit d’y retourner. En France, le système est différent qu’en Inde par exemple. Tu ne peux pas arriver à l’arrache, il y a peu de place et les places sont chères. Dès que la session d’inscription est ouverte, deux heures après, c’est plein, enfin à peu près. Et tu te retrouves donc sur liste d’attente. Ainsi j’ai bien mis 1,5 ans voir 2 pour y être accepté et encore j’ai dû baratiné, écrire aux responsables car j’étais encore sur liste d’attente.
Pour mon ex, il a été accepté dès la session suivante, sans liste d’attente. Il y ait donc retourné et a tenu les 10 jours. Je ne pourrai plus vous dire ce qu’il a vécu exactement, je ne m’en souviens plus précisément mais ce dont je me souviens, c’est qu’il a également beaucoup appris, beaucoup. Des prises de conscience sur lui, sur ses comportements, d’autre choses qu’il n’avait pas ressenti durant sa première session de 3 jours. Il était ravi et avait les yeux plein de lumière et une paix intérieure, c'était beau à voir.
L’autre en nous, je l’exprime à ma façon même si c’est maladroit, est très intelligent et nous connait par cœur. Il veut rester accroché à nous et quand il voit qu’une situation peut le mettre en danger, peut nous permettre d’accéder à plus de liberté, il s’impose d’une manière ou d’une autre, on peut devenir physiquement ou psychologiquement malade, un courrier peut ne pas parvenir à destination, une personne viendra vous voir et vous dira, non n’y va pas, c’est dangereux, insufflera la peur en vous. Ils communiquent entre eux, je ne sais pas comment ils font mais ils communiquent. Ainsi, dans le cas de mon ex, les responsables de Vipassana lui ont conseillé de partir. L’autre peut aussi lorsque vous voulez faire quelque chose de particulier, vous donner envie de tourner la tête, un moment d’inattention, on n’écoute plus ce qu’autrui nous dit, envie de regarder la télé, se défoncer. Il y a tellement de choses, c’est vraiment du cas par cas.
Voilà, un petit truc qui peut aider. Perso, je suis très fainéante et une grande tendance à me laisser aller. Je me fais encore beaucoup avoir par l'autre, parfois même en pleine conscience. Mais découvrir ce mécanisme de l’autre m’a été et m’ait encore très utile.
Si vous avez des expériences similaires, avec le ne pas tourner les talons trop vite, n’hésitez pas à les partager, ça peut vraiment aider je pense.