Le Fou qui est moi …Champagne !
C’est qui le fou-ou-ou-ouuu ? « La seule chose qui rend fou, c’est de passer son temps à ce que les autres ne nous prennent pas pour un fou ». Une bien jolie phrase qui nous rend déjà un peu fous … On passe son temps à se soucier du regard de l’autre, à faire en fonction de la bienséance et c’est bien cela qui nous rend fous.
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ToggleMais alors c’est qui le fou ?
Au final c’est qui le fou ? Si on regarde bien le monde aujourd’hui, n’est-ce pas ça la folie ? Des gens qui essayent à tout prix de contrôler leur vie et celles des autres, des gens qui en veulent toujours plus sans s’arrêter pour voir ce qu’ils ont déjà, des gens qui consomment de tout, de rien, tant qu’ils peuvent en avoir toujours plus ? Cet article n’a pas pour but de faire un listing complet des folies de l’humanité… Le serveur internet de La Passerelle ne le supporterait pas donc recentrons le débat, que diable !
Oui, qui est fou ? Qu’est-ce qui est fou ? Et surtout, la folie est-ce si mal ?
Du coup je suis allée voir la définition de fou dans le petit larousse : « qui a perdu la raison, qui est atteint de troubles mentaux » « dont le comportement est déraisonnable, extravagant, imprudent ou malavisé » « qui indique un dérèglement mental » « qui est contraire à la raison, à la sagesse, à la prudence ». Il y en a d’autres… mais déjà ça plante le décor ! Tellement de morale dans ces définitions, tellement de PEURS.
Petit rappel sur une définition : elle est toujours, de fait, normative.
C’est-à-dire qu’un groupe dominant, ou un collège de sachants, d’experts, décide de ce qui est juste ou faux, vrai ou pas et, sautons le pas, fou ou non ! Et oui, la vérité n’est que la mise en accord d’un point de vue majoritaire.
Au moyen âge la Terre était plate et c’était vrai car la majorité des gens était d’accord pour s’accorder à ce sujet. La preuve, tous ceux qui disaient le contraire étaient soit traités de fous soit de sataniques ! Rassurons nous, il n’en est bien évidemment plus du tout pareil de nos jours… Nous savons bien que les fous c’était eux alors que nous, nous les gens de 2017 qui prenons des médicaments pour nous soigner de la nourriture dégradée que nous mangeons et bien nous, nous avons raison ! (Ubu Roi)
Le Folie et les Tarots
Si on y regarde de plus près, dans tous les jeux de tarot, le fou est souvent l’être ultime, celui qui saute dans le vide car il a confiance en la vie et sait qu’il ne contrôle rien.
Le Fou, le Mat dans le tarot de Marseille : la carte sans chiffre.
Il est hors-jeu ! Si on regarde les images dans les différents tarots, on y voit un homme insouciant avançant vers l’inconnu, voir le vide. N’étant pas la plus calée en tarot… Pour ceux qui veulent, vous demandez à Renaud ou Laurent, moi je me cale surtout sur le sentiment de la carte.
Selon le jour, il émane un sorte de sentiment de liberté et de légèreté. Mais je sais que des fois, ça créé en moi une sorte d’énervement, je le trouve un peu débile et niais. En gros, ça c’est le sentiment de la cuirasse. Ce n’est pas pour rien que les fous sont « mal vus » dans la société.
Dans le tarot d’Osho, le fou est celui qui continue d’avoir confiance en dépit de toute son expérience passée.
Il avance avec confiance dans l’avenir, le présent et suit son intuition, sa propre justesse sans se rattacher à un mur de connaissances, de devoir faire/croire, de peurs. Il peut paraître fou aux yeux des autres, voir à ses propres yeux mais il avance toujours, le cœur léger car il sait au fond de lui ce qu’il y a à faire. Ce fou du tarot d’Osho il est en chacun de nous. Il nous dérange car il est simple, il fait, il ne se pose pas de questions, il ne sait pas et il sait en même temps, il fait confiance, c’est tout.
Et c’est bien ça qui nous rend fous ! Admettre qu’on ne contrôle rien, notre mental déteste. Faire parce que c’est ce qu’il y a à faire, sans réponse au pourquoi, au qui, au comment… juste faire, pas après pas, ce qui se déroule devant nous, ça fait exploser notre cuirasse, nos conditionnements, ça rend notre ego complètement gaga. Ca fait un gros bug dans le système quoi.
Posons nous la question suivante : Quand est-ce la dernière fois que j’ai fait quelque chose sans rien espérer en retour ?
Ni sur le plan matériel, ni émotionnel, ni même une quelconque auto congratulation ? Quand avons-nous fait quelque chose sans vraiment rien attendre en retour ? Quand avons-nous lu un livre juste parce qu’il fallait le lire, sans comprendre un traître mot de ce qui est écrit ? Quand avons-nous aidé quelqu’un qui ne nous aidera jamais en retour, même pas avec un merci ?
Ce fou du tarot zen, on le regarde, on l’observe, une partie de nous le trouve niais, voire débile, le juge. Encore un hippie de m…. et on a envie de le claquer ! Sauf que ce qu’on oublie de lire, dire, dans ses descriptions, son dessin, etc… c’est que le fou n’est pas forcément gentil, avenant et plein d’amouuuuuur à longueur de journée. Il fait ce qui doit être fait. Il est ce qu’il doit être.
Vous l’attendez mignon tout plein ? Il arrive, claque la porte et se met à hurler. Donc le fou est méchant … Il arrive avec des fleurs et un super framboisier… Mais heuuuuu ! Le collège des experts en psychiatrie a trouvé la réponse pour apaiser notre cerveau : le fou est schizo, aprano, bi polaire … mettez l’étiquette que vous voulez. Ouf !
La folie made in Grey’s anatomy
L’autre jour, je me refaisais une saison de grey’s anatomy. A fond spiritualité et recherche de buddha quoi ! Et cette fois, je me suis attardée sur la sœur Sheperd. Pour l’histoire, chirurgienne neuro, toujours le canard boîteux de la famille, droguée, torturée, chiante, exécrable, la relou qui croit que tout le monde lui en veut, qui voit les problèmes partout mais qui malgré tout se relève toujours, lâche pas le morceau. Un vrai coyote humain quoi, increvable, irritante… Parfois on se demande même ce qu’elle fout là car elle fait plus chier qu’autre chose. Mais elle est là, elle existe, interagit, sauve des vies… Bref elle suit son chemin.
Dès qu’elle ouvre la bouche on a envie à la fois de lui mettre un gros také dans sa gueule, et de s’apitoyer sur elle. Une partie de nous est impressionnée autant qu’on a envie de la frapper.
On est toujours le fou de quelqu’un.
Dans un épisode elle dit grosso modo qu’elle sait qu’elle est chiante, qu’elle a des réactions à la con, qu’elle ne rentre pas dans les cases, qu’on ne peut jamais la suivre… mais qu’elle a essayé plusieurs fois d’être la fille bien, qui prend sur elle, gentille, … qui ne déborde pas des cadres… et qu’à chaque fois, irrémédiablement, elle tombait dans la drogue, l’alcool. Que pour étouffer ce qui dérangeait le monde, elle devait avoir recours à des substances chimiques, hallucinatoires ou autres… pour ne pas déranger elle devait se détruire, se faire disparaître à court, moyen et long terme.
Et là je me dis ben merde, on fait tous ça en fait. Chacun à notre échelle, à notre façon, avec nos drogues, nos addictions (ça va de l’alcool, aux drogues, au sexe, aux achats, à l’amour, au travail, au contrôle… etc… chacun son moyen de destruction). On transforme notre belle et douce folie en une folie triste et glauque pour ne pas avoir l’air fou. Oulala ça fait mal à la tête.
Non je ne suis pas fooooooolle !
Tout ça pour revenir à cette phrase du début « ce qui rend fou c’est de passer son temps à ce que les autres ne nous prennent pas pour un fou ». En fait, j’utilise 2 fois le mot fou, mais ils n’ont pas la même définition. On pourrait changer le premier par « con, triste, vide » et le deuxième par « soi, être vivant ».
C’est comme la sœur Sheperd… peu de monde l’apprécie dans la série, même en temps que spectateur on a envie de lui mettre des takés. Et bien nous faisons pareil avec nous mêmes. Le spectateur en nous, celui qui se permet de juger, le collège des experts de ce que nous devons être juge et met des gifles à la soeur Sheperd qui en nous sommeille. Vu qu’on n’aime pas une bonne partie des « je » qui nous habitent, on les cache, on les étouffe, faut pas qu’ils voient ça, faut pas qu’ils sachent que je suis complètement dingue, que je suis conne, chiante, égoïste… ha nan nan naaaaaaan !
La folie qui m’accompagne et jamais ne m’a trahie … Champagne !
Sans le savoir, on devient encore plus dingue que ce qu’on était au départ, car on laisse s’installer la pire des folies, la folie du monde dans lequel on croit vivre, la folie du bien et du mal, la folie de l’image, du paraître, la folie de croire que l’on contrôle quoi que ce soit, que l’on se contrôle soi et qu’on peut contrôler les autres. Alors que cette douce folie qui nous habite (bon même si elle est pas toujours si douce) est seulement celle qui doit être, celle qui nous permet d’être, de faire ce qu’il y a à faire, de participer, de vivre… d’être le mouvement sur cette terre que l’on doit devenir.
Le tout est d’arrêter d’avoir peur de laisser sortir le fou à l’intérieur de nous. Arrêter d’avoir peur de ce que les autres vont en penser. La peur de ne pas avoir un « comportement déraisonnable, extravagant, imprudent ou malavisé ». Bien sûr ceux qui voient et vivent en fonction de la définition du petit Larousse ne nous aimeront pas. Ils auront même peur de nous. Mais au moins tous les matins, au lieu de cracher notre intolérance et nos peurs au visage de la personne dans le miroir, nous pourrons juste lui demander de calmer un peu le jeu et de continuer à nous faire être vivant.
Petit à petit d’autres gens qui ne sont pas dans un collège, ou alors des moins peureux, des plus joyeux, nous retrouverons et au lieu d’être aimés pour ce que nous n’avons jamais été, nous nous aimerons pour ce que nous sommes, des êtres différents les uns des autres.
Laurence.
NDLR : Le personnage sur la photo d’index est Walter Bishop de la série Fringe que nous vous recommandons franchement, clairement et résolument