COVID-1984, la prison est en nous tous. L’ENVOLÉE n°53
Plutôt que parler des impacts du covid-19 sur nos vies nous allons, grâce à une lettre de Laurent Jacqua publié dans le journal des détenus L’ENVOLÉE n°53, parler du monde qui semble se construire sous le règne de Covid-1984. Respectueux de la ligne éditoriale qui est “voir autrement et comprendre les deux faces de la même pièce pour pouvoir enfin Voir la pièce” je vais faire un pas de coté et donner la parole à un de ceux que vous ne voulez jamais entendre, un de ces humain.e.s oublié.e.s, ceux qu’aucun BFMiste ou France Interien ne va questionner à part pour du pathos : un détenu.
Quel est le point de vue d’un humain ayant vécu 25 ans dans un lieu clos sur la société à QR-code qu’on nous vend ? Comment voit-on nos affres, nos stupeurs et tremblements quand on a “grandi” dans un milieu clos, gouverné par les capots, l’ordre imbécile et les pass sanitaire ou autre et qui, au final, n’est que la légère caricature de ce qu’on nous propose et que nous, citoyens prétendus libres, réclamons, espérons ou acceptons à l’insu de notre plein gré ?
Vous allez, on en est sur, trouver des fautes d’orthographe. Certaines sont voulues, on aime bien parfois jouer avec les “maux”, mais il faut l’avouer la plupart pas du tout. 3 raisons a ça. Déjà on n’est pas hyper doué en orthographe, sauf une, secundo on a la flemme de se relire et tertio on est d’accord pour dire que l’orthographe en français c’est loin d’être simple. Quoi qu’il en soit, il y a des fautes, on vous prie de bien vouloir nous en excuser si ça vous horripile. Au passage si vous râlez très très fort vous pouvez utiliser cette énergie pour nous envoyer le texte corrigé. Bisous
Covid-1984 quand l’humanité s’enferma à double tour
Avant de passer à la lettre de Laurent Jacqua proprement dite un petit préambule s’impose. L’auteur, Laurent Jacqua, est un ancien prisonnier longue peine (25ans). Je ne connais de lui que le masque médiatique qu’il se donne mais en lisant sa tribune publiée dans le magazine pour et par les prisonniers L’ENVOLÉE n°53 j’ai trouvé son pas de coté assez intéressant. Et puis donner la parole sur un monde qui s’enferme à un “pro” de l’évasion et un survivant de l’incarcération ne me semble pas être l’idée la plus con du monde.
La lettre qui suit peut être lu comme un éditorial, ce ne sont donc pas des faits ni une étude mais le point de vue personnel d’un humain avec une expérience qui lui est propre sur un état dont nul ne connait les tenants et encore moins les aboutissants.Cette lettre est extraite de la tribune de Laurent Jacqua qui est lisible en intégralité sur le site du journal L’ENVOLÉE n°53 “pour en finir avec toutes les prisons”.
COVID-1984, lettre d’un prisonnier. L’Envolée n°53 Avril 2021
Depuis des mois, les citoyens de ce pays vivent dans un système liberticide. Il ne faut pas se demander pourquoi, mais comment ils en sont arrivé là, car ce qui importe, c’est la méthode qui a amené ce résultat. Pandémie et attentats sont les deux outils qui ont permis ce basculement brutal de la société et des libertés dans un régime ressemblant de façon troublante à un système carcéral […]
Les états d’urgence – sanitaire et attentats – que nous vivons actuellement ne sont que des prétextes opportuns pour mieux asseoir le pouvoir de la classe dirigeante; pour transformer, avec succès, notre pays en état policier et militaire. D’une certaine manière, nous leur avons laissé carte blanche, par une forme de consentement volontaire, pour mater toute protestation ou opposition à l’instauration de ce régime totalitaire que nul n’a le droit de contester aujourd’hui.
Lorsqu’un pays est dirigé fermement par des lois, décrets ou règlements tous aussi liberticides les uns que les autres, lorsque les citoyens sont soumis à une autorité sans autre forme d’opposition ou de débat politique, c’est qu’on est déjà dans une forme de dictature qui ne veut pas dire son nom.
La peur est l’arme la plus efficace pour obtenir la soumission, voire même l’adhésion de tout un peuple. Par un effet presque naturel, on neutralise toute rébellion ; et si cela ne suffit pas, la machine répressive se met en route par la dissuasion : amendes, sanctions, menaces, culpabilités, opprobre…Incitant les derniers récalcitrants à baisser la tête.
Le véritable commencement de cette transition vers un régime autoritaire…
[…] Le véritable commencement de cette transition vers un régime autoritaire outre la mise en place de Vigipirate en 1995 et autres états d’urgence, et les lois liberticides des années suivantes, c’est l’épisode du soulèvement des Gilets jaunes, premier vrai basculement vers un état qui utilise sans complexe la répression et la violence policière pour briser un mouvement populaire. Face à la puissance de ce mouvement, le gouvernement de l’époque a tremblé et compris qu’il fallait agir, se donner les moyens pour que cela ne se reproduise plus.
Le premier confinement de mars 2020 a été une véritable expérience pour le pouvoir : cinquante-cinq jours d’enfermement total à l’échelle d’une nation, sans aucune protestation ; c’est là qu’ils ont pris conscience, non sans surprise, qu’ils pouvaient agir sur nos libertés fondamentales avec une facilité déconcertante grâce aux chocs provoqués par l’épidémie et la peur. Quel outil fantastique ! Quelle victoire de voir la soumission de toute une population ! Cela leur a ouvert des possibilités infinies sur un changement total de notre régime, et ils ne se sont pas privés d’en abuser et de transformer ainsi le pays en système carcéral.
C’est sans précédent. La liberté a quasiment disparu, remplacée par un système autoritaire et dominateur qui gère les citoyens comme on gère la population pénale. Confinement, couvre-feu, parloir dans les Ehpad, promenade soumise à autorisation, entrave à la liberté d’aller et venir, surveillance policière, interdiction de toute manifestation regroupement ou réunion fermeture des lieux et activités culturelles, plus de liberté d’expression, port du masque obligatoire pour adultes et enfants, fermeture administrative de commerces…
Toutes ces injonctions autoritaires vous ne les trouvez que dans un seul autre lieu : la prison !
Nous sommes aujourd’hui dans une société qui applique un véritable modèle carcéral ; le, pouvoir et ses sbires se comportent comme s’ils dirigeaient un établissement pénitentiaire. Lois, décrets, règlements.. . plus de place pour le bon sens la concertation ou l’intelligence. Le système applique des règles et des méthodes parfois absurdes à tous sans aucun discernement, sans réflexion ni recul sur la situation.
Le pays est aux mains de fonctionnaires véritables matons qui obéissent et appliquent la loi de façon aveugle et froide. Nos libertés individuelles sont entravées sans que nous puissions agir ; c’est la définition même de ce qu’est un prisonnier. Ils nous persuadent avec la complicité de médias aux ordres que l’abandon de nos libertés est la seule solution pour s’en sortir ; le mécanisme est si efficace que plus rien ne les arrêtera.
Cela est bien plus grave que le Covid-19 ou quelques attentats. Les citoyens subissent un enfermement et une privation de liberté et ils ont accepté leurs propres chaînes sans réagir parce qu’on leur a fait croire que c’était pour le bien commun et l”intérêt général du pays.
Non ! Tout cela n’est qu’un leurre ! Covid-19, attentats, état d’urgence, chocs, peurs ne sont que des leviers providentiels pour faire basculer la société dans une sorte de néo-dictature dite “intelligente”, puisque masquée par une démocratie de façade.
Que vous le vouliez ou non nous sommes tous des prisonniers et le pays est une prison.
Laurent Jacqua
Je ne participe qu’à minima à votre monde normal de gens normaux
Vous avez remarqué que sur LA PASSERELLE nous ne parlons jamais de l’actualité. Pourquoi ? Pourquoi faire, ais-je envie de vous répondre. Il y a déjà trop d’émotions, trop de non-information, trop de parti pris et de croyances de tous les coté. Sans parler d’un manque hallucinant d’écoute, ici aussi de tous les cotés. Quand à la tolérance et la bienveillance, mis à part dans les mots de votre pseudo “communication non-violente” elle disparait vite quand l’autre devient un possible vecteur de danger.
La plus part du temps nous nous contentons de donner des informations, des outils abstraits, des pistes vagues pour vous permettre de voir autrement et d’appréhender la réalité perçue de manière plus riche et plus harmonieuse. Bien sur j’ai mon avis et je sais que l’objectivité (même scientifique) n’est qu’un leurre. Mais de manière générale nous arrivons à limiter nos points de vue à une ponctuation ou comme outils de contraste par rapport au monde “réel”, “normal”, académique. Peut-être que ça sera un peu moins le cas aujourd’hui mais que voulez vous quand on aime l’histoire et la liberté c’est dur de revoir les frontières se dresser et les listes de noms s’empiler sur des bureaux même virtuels.
Comme le monde dans lequel je vis n’est pas celui de la marmotte qui emballe le chocolat, je me suis quand même vite aperçu que depuis Novembre / Décembre 2019 et la prise de conscience par la masse occidentale des symptômes liés au covid 19 que vous preniez cher dans les dents. Votre monde “normal” et ce que vous considérez comme acquis en prend un sacré coup. Et que mes congénères civilisés allait vite passer de l’excuse à l’invective et du “après vous je n’en ferez rien” à “j’en ai rien à foutre si ça me permet de survivre”
C’est toujours pareil finalement quand un gros choc nous tombe dessus c’est le cerveau limbique qui reprend le contrôle et je constate avec amusement et tristesse que chaque fois les belles idées, la paix, la solidarité, la démocratie, l’hygiène de vie, l’écologie, la justice, la Liberté ne tiennent pas longtemps face à la peur de mourir, d’être malade, d’avoir faim ou de subir une violence (les 4 cavaliers de l’apocalypse). Face à ces 4 peurs primaires de notre ego social le reptile en nous reprend les commandes et vire le masque de la “civilisation évolué”
Ce reptile égocentrique qui nous gouverne
Le coté grégaire, l’esprit de meute, le mouvement des masses qui cherche un sauveur et/ou un coupable remonte vite à la surface bouleversant en profondeur le verni de “civilisé” et nos croyances d’occidental grassouillet et sécurisé. Le désir, compréhensible, de retrouver une vie “normale” pousse d’ailleurs une majorité à perdre toute lucidité et toute intégrité psycho-émotionnelle au lieu de justement être utilisé pour ancrer plus profondément leur orientation de vie.
C’est comme ça qu’après la ruée sur le PQ et le sucre on a pu voir revenir les grandes heures de la délation et les superbes moment de la bêtise policière ou administrative. “Monsieur le contrevenant, sur l’attestation que vous vous êtes auto certifié vous avez dépassé les 60 minutes permises de plus de 3 minutes … ça fera donc 135€ d’amende” (véridique). Sans parler des haro sur la communauté asiatique, des menaces sur le personnel soignants sans parler des aberrations plus ou moins voulu des humains étatisés.
Depuis 500 jours nous avons tous pu découvrir des “zanars” faisant confiance aux gouvernements, des mystico-baba croyant dur comme fer dans les paroles de la santé publique, des révoltés du “bounty” (un gout de paradis) dire que l’état leur veut du bien mais aussi des médecins se shooter au plasma marin, des ingénieurs aller à la messe pour pas que “moman elle attrape pas LA maladie” et surtout 70 millions + 4 milliards d’humains “libres et égaux en droits” s’auto enfermer chez eux, dans leur peur, dans leurs canaux de désinformations et leurs groupes propagandistes.
On voit maintenant des partouzeurs qui ont peur d’être touchés, des brigands demandant l’aide policière, des grandes gueules bien cachés derrière leurs masques en plastique non recyclable et tout le monde commande ne ligne, et tout le monde se fout des autres et tout le monde accepte et réclame le fichage et une sécurité qui n’a de globale que sa mise au pas des libertés individuelle pour le bien collectif… le bien collectif, l’économie.
Si vous savez ouvrir les yeux vous avez une merveilleuse expérience à coeur ouvert de ce que nous sommes collectivement et individuellement : des reptiles arrogants et pétochards, des égocentriques peureux et vaniteux, une belle bande de pleutre avec des grands mots plein nos grandes bouches. et je m’inclus dedans
Nous avons choisi l’isolement, la fermeture, de fermer nos portes pour ne pas avoir à affronter ce qui est, qu’on le veuille ou non, la vie est toujours trop courte, la vie est mortelle, malgré nos smartphone, nos engrais, nos quatre quart turbo injecté, malgré notre gros cerveau. Le fait que toute vie est mortelle ça c’est une réalité scientifique, l’illusion de l’immortalité, l’illusion de la vie saine et sans danger ça c’est de la croyance !
Nous avons choisi le fichage et le bouc émissaire mais nous aurions pu aussi saisir l’occasion de ce STOP mondial pour revoir nos priorités, s’interroger sur notre rapport au vivant et au mourant. Peut-être n’est il pas trop tard pour se poser la question de la direction à prendre, comme le dit Laurent Jacqua, la prison ou la vie ? Le confort ou l’aventure ? La sécurité ou la Liberté ? Car ne vous trompez pas la liberté ce n’est pas acheter ou circuler comme il nous plait, la liberté c’est celle de pouvoir penser, agir et exprimer sans avoir à se méfier de ce que les braves gens peuvent penser.
Si je devais vous donner un conseil pour les 10 années à venir : “Tenez vous à l’écart de la grossièreté des gens” et “exercer votre volonté à vous détacher de tout ce(ux) à quoi vous tenez” : l’humanité.
Renaud
Liens & informations complémentaires
- Le journal “pour en finir avec toutes les prisons” L’ENVOLEE est disponible sur abonnement. Vous pouvez vous abonner ou abonner des prisonniers et prisonnières en écrivant à L’Envolée – c/o FPP – 1, rue de la solidarité 75019 Paris. L’abonnement de soutien est à 15 euros par an. Contactez les aussi par mail contact@lenvolee.net
- La fiche wikipédia de Laurent Jacqua
- Au sujet du passe sanitaire et de ses répercussions sur nos vies un billet sur le blog de médiapart
- Le plan VIGIPIRATE et ses répercussions sur la liberté individuelle via LE MONDE
- A propos des libertés un article sur l’institut des libertés de Jean-Baptiste Noé