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Conscience @ Un autre regard

Un autre regard sur le Minotaure

Un beau jour de la semaine dernière, je mes suis retrouvée avec le Minotaure qui pointait le bout de ses cornes dans mes pensées. Ça ne m’arrive normalement pas tous les 4 matins, même si j’ai une affection particulière pour les bêtes à cornes : je vous ai déjà présenté une femme avec des bois de cerfs, un autoportrait avec des défenses de sanglier et une tête d’homme à cornes de bélier

Pour le Minotaure, je ne savais pas ce qu’il venait me dire, alors j’ai cherché tout ce que je pouvais trouver sur sa légende. Vous pouvez trouver des infos sur Wikipédia, mais également dans cet article de Paul Diel Le symbolisme dans la mythologie grecque.

J’ai opté pour un extrait d’un livre de Jacques Lacarrière Au cœur des mythologies . Voici l’extrait en question qui relate l’histoire, pas très joyeuse, du Minotaure.

Le Minotaure : mi-homme, mi-taureau

Le Minotaure avait le corps d’un homme et la tête d’un taureau. Il était né des amours de la reine Pasiphaé, femme du roi Minos, avec un taureau dont elle s’était éprise. Ce taureau, c’est celui que Minos aurait dû sacrifier à Poséidon et qu’il avait gardé dans ses troupeaux, le trouvant trop beau pour le tuer. Pasiphaé l’avait également trouvé fort beau, elle s’était unie à lui clandestinement et avait mis au monde le Minotaure.

Minos, atterré, avait préféré “étouffer” l’affaire et il demanda à Dédale, son architecte, de construire un labyrinthe souterrain pour y enfermer le monstre. C’est là que, désormais, dans l’obscurité des couloirs et des salles, dans les ténèbres de ce monde chtonien, vivait le Minotaure.

Or, à la suite d’un meurtre perpétré sur la personne d’Androgée, l’un des fils de Minos, les Athéniens avaient dû expier leur forfait en envoyant chaque année à Minos sept jeunes garçons et sept jeunes filles qui étaient dévorés par le monstre. A la troisième année, les familles athéniennes se révoltèrent et Thésée, qui venait d’arriver en Attique, se proposa comme volontaire. Il partit donc avec les victimes désignées par le sort en direction de l’île de Crète, décidé à en finir avec l’homme-taureau.

Thésée fut enfermé dans les couloirs obscurs du Labyrinthe mais avant de descendre sous terre, il avait été remarqué par Ariane, l’une des filles de Minos. Elle avait fait jurer à Thésée de l’épouser et de l’emmener avec lui, s’il sortait vainqueur de l’épreuve. Thésée le lui promit et Ariane lui donna un moyen de sortir vivant du Labyrinthe : une pelote de fil dont elle-même tiendrait l’un des bouts. D’après une autre version, elle lui donna aussi une couronne lumineuse pour y voir dans l’obscurité des couloirs.

Thésée s’engagea donc dans le palais souterrain du monstre, l’assomma à coups de poing et revint à la lumière, sain et sauf.

Au cœur des mythologies de Jacques Lacarrière

Un monstre à tête de bovin….

Question monstre on a fait plus terrifiant, non ? Les taureaux sont tout de même des herbivores….Côté monstre sanguinaire, la plupart des animaux carnivores sont vachement plus balèzes, me semble-t-il….

J’ai donc décortiqué la légende et je vous livre ce qui m’a sauté aux yeux :

  1. Il est né de la relation d’une femme et d’un taureau parce que le roi Minos ne voulait pas sacrifier son si précieux bien. Il n’est pas franchement responsable des batifolages de sa mère ni de la tête qu’il a. Quand à la peur de perdre de son beau-père…. il n’en est pas responsable non plus.
  2. Pour ne pas faire scandale, le roi le cache dans un labyrinthe. Il aurait peut-être aimé brouter tranquillement dans les prés, non ?
  3. Parce que le fils du roi est tué, les athéniens doivent expier leur faute en offrant des jeunes gens au Minotaure. Fort étrange tout de même, car il ne menaçait pas de tout faire péter si on ne lui apportait pas de la chaire fraiche à manger…
  4. Le Minotaure est tué à mains nues par Thésée. Pas très costaud comme monstre tout de même !

Et pourtant, nous tous, quand on entend le mot Minotaure, on voit instantanément un monstre qui fait régner la terreur. Du coup, on voit aussi Thésée comme un héro qui a débarrassé le monde d’un grand danger. Et on oublie que par son total manque de présence, Thésée a oublié de hisser le drapeau blanc en rentrant au port et que son père s’est jeté à la mer le croyant mort.

Y-a-t-il vraiment une si grande différence entre ce que nous nommons monstre et ce que nous nommons héro ?

Un autre regard sur le Minotaure - Projet la Passerelle

Dissoudre les frontières

Et si tout ça était bien plus flou que ce que nous voulons bien croire ? Si les frontières étaient bien plus poreuses. Si “bien” et “mal” n’étaient pas si antinomiques ?

Et si dans le cas du Minotaure l’inconfort se trouvait plutôt dans ce corps d’homme franchement inadapté à la vie sur cette planète (voir les excellents Podcast de Charlie sur le livre Une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari) Et si une tête de taureau, c’était le meilleur moyen pour enfin ralentir nos pensées, pour sortir du binaire et épouser le silence. Qui sait….

Utilisons notre imaginaire pour changer les représentations que nous avons. Saturne n’est peut-être pas que le gars qui dévore ses enfants. Dieu n’est peut-être pas un homme à grande barbe qui nous observe et nous juge. D’ailleurs c’est peut-être une femme en kilt à la voix tonitruante, qui sait ?

J’ai eu envie de rendre au Minotaure sa noblesse, de lui redresser la tête et de le laisser vivre une belle vie. J’ai choisi de le voir fort et entêté. Doux et serein. Silencieux et actif. Le cœur ouvert et les poings solides. Un mélange d’énergie Yin et Yang, mi-femme mi-homme, mi-animal mi-sacré.

Si c’est possible pour les grands mythes, pourquoi est ce que ce ne serait pas possible pour nos petits mythes ? Nous pouvons choisir de réinventer nos vies. De changer la manière dont nous nous percevons et nous définissons.

L’imaginaire est un outil magique que nous avons à notre disposition. Ouvrons-le.

Utilisons-le au quotidien pour réinventer nos vies, nos croyances, nos certitudes et nos définitions.

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Jane

Parfois un chêne peut ressembler à un brin d'avoine. Moitié humaine moitié végétale elle suit, coûte que coûte, son propre chemin. Créatrice d'Harmonie et révélatrice d'enfantine.

2 réflexions sur “Un autre regard sur le Minotaure

  • Déjà un dessin superbe. Merci. Mais surtout j’adore votre éclairage sur la mythologie. Oui nous pourrions nous voir et vour ces mythes autrement. Encore une fois merci de votre éclairage.
    Et puis comme je suis Taureau ascendant Scorpion ca me parle beaucoup
    Celine

    Répondre
  • Et puis qui nous dit que le Minotaure les bouffés ces meufs ? Tant bien elles restaient dans le labyrinthe bien peinarde vu que quand même les gens de dehors les avaient un peu envoyés au sacrifice … Qui est le monstre ? Celui qui achève une bête blessé ou celui qui pleure avec cette bête (même humaine) en la regardant stérilement agoniser ?
    Et vous ou avez vous cacher vos monstruosités ? Quel labyrinthe cache des vierges pures ? Quelles horreurs superbes cachez vous sous les traits de la vilainie ?

    Répondre

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