Harmonie, Autonomie, Respiration, Action

Conscience @ Un autre regard

Sommes-nous les maitres de la matière ?

J’avais été interpellée, il y a quelques mois, par une interview de Francis Hallé dans laquelle il parlait de la question des matières fécales dans le monde végétal. Eh oui…le revoilà….mon fameux toc : les végétaux !

Ça revient encore et encore, mais je pense qu’il doit vraiment y avoir une bonne raison à ça. On a besoin de comprendre, de connaitre la nature pour pouvoir trouver notre place au cœur de ces différents règnes. Vous allez me dire : “Pas besoin de trouver notre place, on est en haut de l’échelle de l’évolution, point barre !”

Eh bien pas vraiment. L’être humain est au tout début de son évolution. Les végétaux ont pris un peu d’avance ce qui a permis à l’atmosphère de se créer. Y sont sympas !

4.6 milliards d’années d’évolution

En quelques chiffres ça pose le décor. Il faudrait vraiment qu’on se rentre dans la tête que l’être humain est le dernier arrivé, et donc objectivement pas très évolué. Le monde végétal est bien plus ancien, peut-être aurions-nous quelques petites choses à apprendre de lui ? Et c’est ce qu’il se passe actuellement avec toutes les recherches qui mettent en lumière le fonctionnement des végétaux.

J’essaie de ne pas mettre d’échelle de valeur entre l’animal et le végétal, l’un n’est pas plus important que l”autre au sein de la création. Si on n’avait eu aucune utilité pour la planète, on ne serait juste plus là !

Francis Hallé, “Nous les arbres”, les vertueux excréments.

J’y reviens, il y avait juste besoin de nous situer dans l’espace et dans le temps. Donc, j’étais tombée sur une interview expliquant que les chercheurs exploraient le domaine des excréments chez les végétaux. Cela, afin de savoir si, à l’image des animaux, les végétaux évacuaient eux aussi les substances non digérées. Il n’y avait pas une réponse franche, le monde scientifique se posait la question mais n’avait pas de certitude.

Puis, plus récemment, encore dans deux interviews de ce même botaniste, il développait cette question en l’élargissant à des questions de vide et de plein dans le règne végétal et animal.

J’adore ces découvertes scientifiques qui nous permettent d’élargir notre conscience, de modifier nos certitudes. D’ailleurs, chapeau Monsieur Hallé d’avoir su modifier radicalement ce que vous pensiez sur l’intelligence des plantes !

Je sais, le suspens est insoutenable, je vous livre sans plus tarder les deux extraits en question.

Extraits d’Interviews de 2019

De nombreux ouvrages sont sortis ces derniers temps, sur le langage des arbres, sur leur mémoire, sur leur capacité à protéger les membres de leur famille, ou même à anticiper l’avenir. A tel point que certains se sont mis à parler d’intelligence.

Même si ça aurait fait rire tout le monde il y a trente ans, même si le terme m’a longtemps gêné, les faits se sont aujourd’hui accumulés, et il faut bien le reconnaitre : oui, les arbres sont intelligents.

Je vais être subversif, mais j’en viens même à me demander s’ils ne seraient pas, en fait, plus intelligents que nous.

Je vais prendre un exemple tout simple. On me demande souvent, quand je fais une conférence, si l’arbre produit des excréments. Eh bien oui, comme toute machine qui fonctionne avec des échanges d’énergie, il en rejette, sous forme de lignine, un produit toxique qu’il stocke dans son tronc. Ainsi repose-t-il en quelque sorte sur la colonne de ses propres excréments !

Connaissez-vous beaucoup d’autres espèces qui transforment ainsi leurs déchets en quelque chose d’indispensable à leur survie ?

Entretien avec Francis Hallé – Géo Hors-série Août-septembre 2019

On voit les animaux et on est insensibles aux arbres. Cette comparaison entre plantes et animaux a toujours été pour moi quelque chose d’extrêmement fécond. On n’arrête pas de trouver des différences entre les plantes et les animaux dans tous les domaines.

Quand les animaux mangent, l’énergie entre dans leur corps par des surfaces internes, la surface digestive. C’est l’inverse pour les plantes : l’énergie pénètre par la surface externe. Regarder la surface externe de la plante nous apprend pratiquement tout ce qu’il faut savoir sur elle. Il n’y a pas de milieu intérieur. Ce n’est pas creux. Nous, les animaux, sommes tous creux. Nous sommes des volumes tandis qu’elles sont des surfaces.

Pour vivre, nous autres pauvres animaux sommes obligés de courir après notre nourriture. La plante, elle, se nourrit en s’exposant au soleil, les pieds dans la terre humide.

L’excrément des plantes est la molécule de lignine qui sert à maintenir les vaisseaux ouverts. De manière générale, les animaux ne s’intéressent pas à leurs excréments. D’ailleurs ils sont évacués par l’arrière du corps et les animaux s’en écartent car ils n’en ont pas l’utilité. En revanche, les plantes conservent leurs excréments et les utilisent d’un bout à l’autre de leur vie.

“Nous les Arbres” catalogue de la Fondation Cartier pour l’art contemporain

Des animaux creux, des végétaux pleins.

Eh ben moi, ça m’a toute tourneboulée de réaliser que nous, les animaux, sommes creux. Et que eux, les arbres, sont pleins. Je n’avais jamais vu ça de cette manière-là. Je me suis même rendue compte, que pour moi, dans ma sensation, c’était totalement l’inverse.

L’arbre se nourrit par la photosynthèse. Il crée de la matière qui devient sa structure profonde. Et dans le même temps, l’arbre fabrique du “vide”, de l’atmosphère.

L’animal humain est vide, il se nourrit de matière et n’aimerait être QUE matière pour se rassurer.

Le vide fait peur ! Si vous n’avez pas encore lu l’article de Laurence La peur du vide, courez-y !

  • l’animal humain est vide et doté d’une durée de vie très courte.
  • Il est mal-adapté au monde qui l’entoure, contrairement aux autres animaux.
  • Du coup, il bâtit des structures qui le rassurent, il crée de la matière à tout va.

.Le reste du règne animal fait de même mais à bien plus petite échelle, en construisant des terriers, des nids etc…

Bien sûr, on a inventé la religion, la philosophie, la science pour nous rapprocher de l’abstrait, du vide. Mais on en a fait des églises, des livres, des objets de culte, en gros de la matière !

Sommes-nous les maitres de la matière ? - Projet la Passerelle

L’humain n’est pas le maitre de la matière

Peut-être le végétal a-t-il eut, lui aussi, du mal à accepter sa condition d’être vivant lié à la matière ? On ne le saura assurément jamais. Mais il est sûr que l’animal humain, lui, a une grande difficulté avec sa vacuité….

On doit donc avoir quelque chose à faire avec ce vide qui nous constitue, non ?

Accepter ce vide, c’est accepter que nous sommes mortels.

C’est accepter que nous sommes de la matière + du vide. Pas l’un au détriment de l’autre.

C’est accepter que notre peur du vide nous pousse à nous cristalliser, à rendre solide ce qui devrait n’être que gazeux. Nous transformons notre corps d’énergie en une cuirasse rigide et imperméable.

A nous de trouver les moyens de nous dé-solidifier, d’amener de l’air, du vide en nous. Sans rejet de la matière !

Le monde spirituel a essayé de n’être que du vide, mais ça n’est pas non plus la solution….on a besoin des 2 faces de la pièces.

Faire résonner son vide intérieur.

Quoi de plus beau que la musique comme parfait exemple de la cohabitation entre plein et vide. Ce concert m’a accompagné pendant toute la réalisation de cet article, ils sont trop balèzes : Goran Bregovic with orchestra Serbia 2007

Allier plein et vide. Utiliser la matière avec bon sens. Nous considérer à notre juste place dans l’agencement de ce monde. Et faire résonner l’instrument que nous sommes.

Chanter, faire vibrer le vide. S’appuyer sur la matière pour exprimer le souffle, l’énergie de vie. A chaque fois que nous accueillons et acceptons le vide qui nous constitue, nous nous plaçons à notre juste place. Nous acceptons pleinement l’ensemble de ce que nous sommes.

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Jane

Parfois un chêne peut ressembler à un brin d'avoine. Moitié humaine moitié végétale elle suit, coûte que coûte, son propre chemin. Créatrice d'Harmonie et révélatrice d'enfantine.

3 réflexions sur “Sommes-nous les maitres de la matière ?

  • WAHOU, tes dessins sont de plus en plus beau et abouti, j’adore quand tu utilises les noir & blanc pour créer de la couleur.

    Répondre
  • Merci pour ce travail et ces informations ! C’est chaque fois un plaisir de vous lire et de vous voir. Je pense que nous avons toute les deux la même sensibilité avec la nature. Cette proximité d’âme est un petit réconfort chaque semaine.
    Merci aussi d’avoir rétabli les commentaires qui ne marchaient plus !

    Répondre
  • Vous etes vraiment très douée dans votre trait comme dans vos mots. Je me joins aux compliments précédents.
    Pierre

    Répondre

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