« Et si… » l’uchronie au service de la vie
Jouons, amusons nous ! Nous passons beaucoup de temps dans nos contrées repues à nous poser des questions, à chercher des réponses pour tout un tas de sujet. Nous en trouvons bien sûr. Qui cherche trouve, non ? Nous trouvons donc une multitude de « réponses » à une multitude de « problèmes » et pourtant nous ne solutionnons jamais vraiment les choses.
« ET si … » l’art de se reconditionner par le conditionnel
Le monde des « zommes » de 2017 en est la preuve vivante. Les réponses que nous fabriquons, que nous extrayons ne nous satisfont jamais bien longtemps. Très rapidement cette sensation de manque, de vide, de peur reprend le dessus. Alors nous remettons tout en question, le cycle se réamorce.
Sensation de malaise, questionnement et introspection, puis vient le temps de solutionner. Alors nous allons quérir des réponses ailleurs, nous multiplions les stages et les enseignements en les gobant plus qu’en les assimilant. Ou bien nous accusons l’Autre, société, patron, conjoint, parent, enfant et même cet Autre qu’est nous même, ou encore mieux la Vie qui est si cruelle et ne nous donne pas « notre » chance. Parfois si on a du talent pour la schizophrénie on peut même faire les deux, stage + accusation…
Et si … on (re) écrivait nous même notre histoire
Le « Et si … » c’est un petit jeu qui consiste à inventer, imaginer une autre tournure aux choses, au monde, à notre histoire personnelle. On appelle ça une Uchronie. Le gros avantages de cette uchronie c’est que tout devient possible et qu’à partir d’un changement même infime un ensemble immense est modifié. Avec un petit sourire imaginez « Et si… » la pizza n’existait pas ? Combien de rencontre n’aurait jamais eu lieu ? Les match de foot sans pizza … Pas sur que ca ait autant de succès !
Attention émettre un « Et si… » ce n’est pas se mentir, c’est oser supposer et oser imaginer une « réalité » différente et ainsi pouvoir ressentir en nous les changement que cela implique. « Et si… » le vaccin que j’ai reçu à 6 ans ne m’avait pas amené à développer un handicap ? Qu’elle serait ma vie maintenant ? Bien sur je ne peux pas être certain de la réponse. Par contre je peux imaginer une multitude de Renaud Alternatif tous aussi plausible que le Renaud actuel.
Si ces versions de moi sont imaginables c’est qu’elles préexistent en moi. Elles font donc parties de moi. L’enrichissement et le champ de mes possibles devient dés lors beaucoup plus vastes. Quand j’ai peur de courir … « Et si… » j’ai un lio au cul … Et ouais de suite Carl Lewis devient moins rapide.
Pratiquer le Et si … sans le savoir
Il y a des trucs que je trouve supers (pas) rigolos dans notre façon de faire et d’être au monde. Le petit jeu mental du « Et si … » vous semble peut être ridicule. Pourtant nous avons tous cette fâcheuse capacité à utiliser l’Uchronie mais en général nous le faisons pour faire empirer les choses.
Qui parmi vous ne c’est jamais entendu dire « Oui mais et si il / elle le prend mal ? ». Et ouais vous faites de l’uchronie sans le savoir ! Quand le « Et si … » est utilisé pour qu’on puisse se prendre encore plus la tête nous acceptons de le faire. Nous adorons subir cet imaginaire négatif qui valide bien notre névrose et nos acquis anxiogènes.
Par contre dés qu’il s’agit de l’utiliser de manière consciente pour se re conditionner sur quelques choses de cool et de sympa et ben pof ! on cale ! Ca marche plus ! Bizare ça …
Au passage c’est comme l’inconscient collectif, il semble qu’il ne soit chargeable que de point de vue négatif et de souffrance… peut être qu’on peut le nourrir de fleur bleu et de tagazou non ?
Et si il n’y avait pas de réponse à nos questions ?
Donc « Et si … » il n’y avait pas de réponse ? Ou encore « Et si … » la réponse était bien plus simple ? Allez osons faire encore un pas « Et si … » La Réponse ne nous était pas accessible ?
Peut-être est-ce même un savant mélange de ces trois réponses. Ce qui est clair c’est que dans les trois cas c’est souvent très difficile pour notre ego et notre mental d’accepter ce genre de réponse. Si La Réponse est aussi simple, comment peut il justifier sa prédominance ?
Encore une fois je vous met en garde. Je ne remet absolument pas en question l’intérêt du cogito ni même du doute, je suis un grand s(c)eptique 🙂 Par contre douter du bien fonder de nos questionnements et encore plus des certitudes que nous prêtons aux réponses que nous trouvons me semble être la base d’une hygiène mentale.
Illusion tout n’est qu’illusion
Vous connaissez ce mantra célèbre de Siddhartha, un des nombreux Bouddha.s existants. Le drame des questions et donc des réponses que nous trouvons, c’est qu’elles ne portent en général que sur un tout petit aspect de La vie. Du moins l’aspect qui nous est accessible.
Petit rappel : Ce que nous nommons réalité n’est que ce que notre mental peux (ou veux) décrypter en aucun cas cela embrasse la totalité du réel. L’exemple con mais excellent. Sans instrument montre moi que l’air existe… Sans un accélérateur à particule (4Milliard d’euros) prouvez moi l’existence des photons. Pourtant ils existent bel et bien. Donc ce n’est pas parce que nous n’avons pas les outils pour voir que ça n’existe pas… Peut être que oui, peut être que non est une réponse bien plus honnête.
Plus nous sommes impliqués dans un process, une relation, plus nous sommes émotionnellement, mentalement, physiquement liés à une problématique, agréable ou désagréable, moins nous arrivons à saisir la problématique dans son ensemble et donc à trouver la réponse globale à celle ci.
L’allégorie du Mur
C’est un peu comme être face à un mur entre deux pièces. Avec un peu de chance nous savons, ou avons la sensation, qu’il y a bien une autre pièce derrière le mur. Nous voulons explorer, habiter cette nouvelle pièce, cet espace. Le hic c’est que tant que nous restons le nez collé au mur à chercher comment passer de l’autre côté, nous ne trouverons, au mieux, que quelques maigres fissures. Dans tous les cas pas assez larges pour pouvoir nous y faufiler.
Mais un jour il nous est, à tous, donné l’occasion de prendre de la distance, de reculer et de nous détacher de ce mur métaphorique pour embrasser l’Ouvrage dans son ensemble. Peut-être y découvrirons nous une porte non loin, peut-être un trou, peut-être découvrirons nous que le mur ne fait qu’une partie de la pièce et que de gigantesques passages sont totalement accessibles.
Après c’est à nous de choisir et d’agir en fonction de ce choix. Passerons nous dans l’autre pièce ?
Et si … il n’y avait pas d’autre pièce ?
Voilà l’eau des pâtes est cuite … Bon appétit (référence à Matrix)
Notes et remarques de fin
L’utilisation de l’uchronie, du « Et si… » est très proche de la sophrologie qui quand elle est bien faite peut radicalement changer votre vie. Pour utiliser la sophrologie, l’auto hypnose nul besoin de faire des centaines d’heures ou d’être clinicien. Amusez vous, inventez vos propres chemins. Chaque jour les neurosciences découvrent de nouvelles capacités cet organe merveilleux qu’est le corps humains…
Le corps humains et les neurosciences ? Et oui les neurones sont partout et nous ne sommes pas un cerveau Roi gouvernant de manière despotique un corps esclave. Peut être que Descartes a oublié un ou deux trucs … Ici encore, curieusement la mise à jour de Spinoza a bien du mal à être prise en compte… Étonnant non ?
Crédit photo couverture : arnequinze.com
https://lapasserelle-2vie.com/descartes-ou-le-bucheron-de-la-vie/
C’est marrant d’apprendre le vocable d’un concept que tu emploies souvent, à l’instar de Monsieur Jourdan qui faisait de la prose sans le savoir, je faisais de l’uchronie en ignorant qu’on disait comme ça ! 🙂
Le romantisme exacerbé de ma maman faisait répondre systématiquement à nos uchronies son fameux « si ma tante avait des couilles, on l’appellerait mon oncle » que (fut un temps) je polissais en « si ma tante avait des roues, ce serait un autobus »…
J’aime bien m’imaginer tout ce que je serais, si… si j’avais eu le courage de… si j’avais fait tel choix…, mais plutôt que de sombrer dans la déprime (parce que si j’avais… ma vie serait tellement comme je voudrais qu’elle soit !), je préfère profiter de la vie que je mène, je préfère apprendre à aimer celle que je suis et me dire que justement SI j’avais fait d’autres choix, je ne serais pas celle que je suis, je n’aurais sans doute jamais rencontré les personnes qui me sont chères, elle aurait été peut-être mieux, cette autre vie, mais moi je me sens bien dans ma vie réelle, et puis quand le quotidien est trop… quotidien, je prends mon stylo et je m’invente un autre univers…
Tu m’as permis d’apprendre ce terme « uchronie » (putain, ça claque quand même !), j’espère que tu m’apprendras un nouveau mot que je ne peux que corréler à l’uchronie, le « et pourquoi pas ? » qu’on trouve, par exemple à la fin du poème « Une fourmi de 18 mètres » de Robert Desnos.
yep ben non celui là je le connais pas de mot 😀
Tu vois c est ça le drame on uchronise juste pour renforcer notre désarroi, mélancolie et autres alors qu’on pourrait s’en servir pour aller de l’avant. Pour atténuer une rélité parfois douloureuse … tu crois que j’ai fait le tour d’Europe en stop en me disant « si je n’étais pas handicapé je le ferais » ou en me disant « et si je n’etais pas handicapé le ferais je ? »
Comme la réponse fut oui et que j’avais un pote hollandais qui avait une fiole de LSD pour moi à 1200km plus au nord ben j’ai fait le trajet
On peut tout a fait implanter dans notre cerveau d’autres informations que celle que nos (au choix) parents, famille, radio, prof, conjoint, eglise, pub, livre, voisin, stéphane bern ont implantés précédemment c’est même une des fonctions supers intéressantes du cerveau sa plasticité et sa capacité à confondre rêve et réalité
Comme le disait Pierre Dac « Il vaut mieux prendre ses désirs pour la réalité que son slip pour une tasse à café »…
Mais tu as raison, c’est ça qui est bien dans notre cerveau, c’est de pouvoir modifier à volonté notre formatage intellectuel, affectif, même si ce n’est pas toujours intellectuellement confortable, voire systématiquement inconfortable…
J’aimais bien, moi enfiler mes petites pantoufles de nullité absolue, ne faire aucun effort « piske chuis comme ça » et puis j’ai fini par accepter d’entendre ce qu’on me disait (tu es inclus dans ce « on » et aussi Charlie Michalèremèkelmich) et me botter le cul, me donner les moyens de me frotter à une certaine réalité, de faire quelques efforts pour finalement, comme toi le tour d’Europe, réaliser que mais bien sûr que oui c’était possible… !