Ecrire, développer sa conscience, enseigner… Pourquoi faire ?
A quoi ça sert d’être sage ? Faire des conférences, enseigner, écrire des articles, développer sa conscience… Pourquoi faire ? Oui, en fait, à quoi sert tout ça ? A rien ? A suivre un « grand plan » orchestré de main de maître par une conscience omni plein de choses ? Franchement le petit humain que je suis n’en sait foutre rien et n’a pas de réponse toute faite à cette question. J’ai choisi une réponse parmi la multitude existante.
Ecrire, développer sa conscience, enseigner… Pourquoi faire ?
Comme disait Socrate (dans la bouche de Platon), « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien ». Socrate, parlons en justement ! A quoi ont servi ses enseignements ? Que dire de l’implication concrète des enseignements de W. Reich, Marx, Jung ou Bourdieu dans nos vies ? En gros à quoi servent les sages, les enseignements et même, allons plus loin, toute forme d’expression que l’on veut charger de sens ?
Là, comme ça, au saut du lit, j’ai envie de dire : à rien ! Mais comme pour le « à quoi ça sert tout ça ? » du début, ce n’est encore et toujours qu’un choix, une prise de position. Je ne suis pas omni plein de choses donc je n’ai pas les tenants et aboutissants de La Création. De fait, toute réponse ne peut être que partiellement exacte ou partiellement fausse. Dire « je sais » relève pour moi plus de la (auto) fumisterie que d’autre chose.
Les sciences dures comme validation
Certains me diront que les sciences dures (Math, physiques, biologie…) nous donnent des certitudes. Erreur regrettable masquant une paresse intellectuelle et/ou un besoin viscéral de se rassurer en se donnant l’illusion de savoir / contrôler le monde qui nous entoure. L’histoire des sciences, et donc des hommes, nous montre que, très souvent, la science dominante ne donne qu’une validation à nos outils de perceptions et à nos idées.
Nos outils de perceptions originels, yeux, oreilles, peau… sont certes amplifiés par des super mega microscopes ou des oreilles électroniques permettant d’entendre le bruit de fond de l’espace sidéral, mais nous n’entendons et voyons toujours que ce que nous cherchons et connaissons déjà, au moins dans l’esprit. On scrute un peu plus loin, de manière un peu plus précise, mais toujours dans la même direction.
Parfois un penseur de génie perçoit quelque chose… Il écrit, discourt dessus et tout le monde s’en fout. Si cette idée a un peu de chance, elle sera reprise parfois bien bien longtemps après.
C’est par exemple le cas de l’atome, dont Démocrite perçut l’existence en -400 AVANT JC. Il fallut attendre John Dalton au début du XIX ème siècle pour une première théorie atomique sur les gaz. Il fallut encore presque 100 ans pour que Thomson montre l’existence des électrons à nos sens…
L’idée de Démocrite et sa matérialisation par Mendelïev, Thomson, Avogadro et autres a des implications quotidiennes et très pratiques dans nos vies, dont une magnifique… L’énergie Nucléaire ! Super fun ça !
Alors je vais pas rentrer dans le débat des pour ou contre le nucléaire mais toujours est-il que nous laissons un héritage assez mitigé aux générations humaines, ou pas, à venir : L’interrupteur et des déchets tuant toute vie pour 300 ans (cesium-137) et jusqu’à 100.000 ans pour le neptunium-237 – en savoir+
Les sciences molles, what the fuck ?
En fait on appelle ça les sciences humaines mais j’aime bien me moquer de ces appellations. Le terme de science humaine est peut-être là pour nous rappeler qu’elles sont faillibles, et à l’opposé des sciences dures pleines de (pseudo) certitudes. On regroupe dans cette boîte des sciences molles ou humaines tout ce qui n’est pas explicable par la biophysique et les math : L’histoire, les sciences sociales, la philosophie, l’économie, la psychologie, la linguistique et autres.
Ces disciplines sont censées expliquer pourquoi « est-ce ainsi que les hommes vivent« . Et ben c’est pas gagné !
J’ai à la base une formation en économie, sociologie avec une spécialisation en ethnologie, parce que petit enfant je voulais comprendre pourquoi. Pourquoi le monsieur il faisait la manche ? Pourquoi maman elle était triste et pourquoi les gens ils aiment pas les parents de Moussad ? La biophysique donnant des réponses assez nulles là dessus, j’ai donc opté pour la molle science qui, en plus, convenait bien à mon manque de rigueur, soyons honnête.
Economie, sociologie, ethnologie… poil au zizi !
Désolé, c’était pour la rime. Alors je n’ai pas lu tous les économistes ni tous les socio, ethno, anthropologues mais de la petite quantité que je me suis frappé, j’en arrive à cette conclusion.
Soit tu prédis ce qui vient de se passer, comme le font souvent les économistes mondains, auquel cas tu es super balèze et vachement bien accepté. Regardez parmi les économistes main stream qui a prévu quoi avec justesse … vous allez rire.
Soit tu prédis ce qui va se passer, et dans ce cas là, en général, tout le monde, y compris les scientifiques mous et main stream, te dit que tu es au mieux un pessimiste et souvent un affabulateur.
Les plus vieux se rappelleront sans doute comment fut perçu René Dumont, écologiste et chercheur responsable du développement et de l’agriculture, lors de la présidentielle de 1974, quand il levait son verre d’eau en disant « dans 50 ans, la guerre, ça sera pour ça » … Ben on y est ! La désertification et les exodes massifs suite aux sécheresses et aux famines sont bien là. Idem quand il parlait des dangers de la mondialisation, de la sur-consommation et de la démographie.
Que reste-t-il de René Dumont ? Une coulée verte à Paris, un petit espace de nature paradisiaque auprès d’une ville au coeur de la mondialisation… Youpi !
Enseigner, écrire, développer sa conscience…
Qui a lu et intégré dans sa vie de tous les jours les écrits de Bourdieu ? La philosophie de Spinoza (1650), très à la mode en ce moment, est-elle au coeur de vos préoccupations ou est-ce BBfmtété et autres Instagramification ? Puisqu’on est sur les philosophes, qu’est-ce que la pensée de Deleuze, Nietzsche, Hegel et papi Socrate a comme influence dans votre vie de tous les jours ?
Pourtant nous sommes un peu plus de trois ou quatre à les avoir lus, non ? L’allégorie de la caverne ou la dialectique du maître et de l’esclave retranscrites par Platon sont de superbes métaphores de tous les jeux de pouvoirs et de notre soif inextinguible d’ignorance. Même pas je vais vous parler de Shakeaspeare (XVI ème).
Et vous, camarades spiritualistes ? C’est sympa de lire et relire les Krishnamurti, de tapisser vos WC de phrases de Sri Aurobindo, Gandhi ou Mandela mais quand vous mangez votre salade de quinoa (mort de rire les péruviens) en cherchant sur internet l’avion le moins cher pour aller suivre un enseignement « foooormidable » à Bali, elles deviennent quoi ces belles idées ?
Pareil, quand il faut s’attrouper pour les fêtes de noël, les bouquins et stages sur « savoir dire non », « se faire confiance », « agir et penser comme un chat » et autres « l’amour est inconditionnel » ou « Libérations des mémoires karmiques et familiales » (tous les titres sont vrais), tu les appliques comment ?
Il reste la poésie, l’art …
Ha ouais, c’est vrai, il reste l’Art… Fréhel a chanté la vie des filles des rues en 1930, ça a changé quoi au sort des filles et des garçons (plus de 20% d’après le STRASS) qui se vendent ? Une série de lois aberrantes. Ils & Elles sont ravies, j’en suis sûr.
Picasso a peint Guernica. La guerre a cessé ? Il y a eu une levée populaire contre le franquisme (pas contre Franquin, NDLR) ? J’ai pas eu d’échos dans ce sens là. D’ailleurs il a une valeur marchande non chiffrable tellement il est important. Le musée de la reine Sofia où il est exposé, lui, en revanche, a une idée très précise de combien ce tableau lui rapporte.
« La peinture n’est pas destinée à décorer les appartements. C’est une arme offensive et défensive contre l’ennemi… » PICASSO
Allez, encore un peu de lard ? Dans ma classe d’âge nous sommes quelques uns à avoir écouté Lily, de Pierre Perret (1987). J’aime à penser que nous sommes plus de 50% à avoir été touchés par cette chanson et même à avoir un peu pleuré dessus. Pourtant quand il s’agit d’accueillir des migrants, nous sommes bien peu à l’entendre encore résonner en nous.
Leo Ferré a écrit La solitude, Ne chantez pas la mort. Des chansons qui ont eu leur heure de gloire à une lointaine époque. Pourtant…
Il y a eu Mai 68, on ne le sait que trop, plein d’expériences furent tentées. Ils y ont même cru #lesgens de l’époque, à ce grand changement… (Toujours se rappeler qu’il y a deux sens au changement, l’involution et l’évolution, NDLR).
Qui, en 2018, oserait porter une jupe Courrèges ? D’ailleurs qui porte de la couleur… à part les putes du STRASS ?
Enseigner, écrire, développer sa conscience… et vivre ?
Et moi, grand con aux dents refaites, je suis là comme un gland à consommer je sais pas combien de watts pour écrire cet article sur ce blog. Un article qui sera hébergé et stocké dans des Data Center consommant de l’énergie nucléaire et participant grandement au réchauffement climatique. Tout ça pour écrire un article qui sera peu lu et dont tout le monde aura oublié l’existence en moins de 38 secondes.
Même les gens que j’aime bien et qui se disent « ouais, il est pas trop con le camarade, je vais lui faire un p’tit peu confiance » en ont strictement rien à foutre. Alors toi, lecteur de passage, je me doute bien que ça ne va strictement rien changer à ta vie.
Si la lecture de l’enfant et la rivière de Henri Bosco quand tu avais 10 ans n’a pas éveillé ta conscience écologique, comment le pourrais-je ?
Si Theodore Monod, Heidegger, Camus, Sartre, Axel Khan, De Beauvoir, Levi-Strauss, Kundera, Spinoza, Le Dalaï Lama, Ferré, Piaf, les Bérus, U2 (à ce sujet, Sunday Bloody sunday n’est pas le nom d’un cocktail faisant chanter faux), Stephen Hawking, Deleuze, Bergmann (un comique), les 15000 scientifiques hurlant le danger imminent et même Jésus, Momo et Mahomet ne sont pas arrivés à vous faire comprendre que la vie est courte et qu’elle nous offre des fruits charmants si on fait l’effort de les cueillir et les cuisiner, comment moi, avec mon pantalon orange et mon foulard rose, je le pourrais ?
Pourquoi continuer à écrire, enseigner ?
Parce que j’aime ça ! Je n’ai pas l’âme paysanne et m’asseoir devant des sillons de semis à contempler les carottes pousser, j’ai essayé mais vraiment, c’est pas fait pour moi.
Je le confesse, une partie de moi est masochiste. Elle aime se faire du mal, ressentir la souffrance devant notre très grande stupidité. Cette partie adore ressentir la tristesse quand je suis obligé au moins 5 fois par jour de répéter la même chose.
Au bout de 20 ans de pratique, je retrouve encore et toujours les même comportements aberrants. Le pire, c’est que c’est souvent chez les même personnes. Une amie me dirait « oui mais ça va mieux »… La mort aux rats, tu en veux une petite cuillère ou une grosse louche ?
Tu proposes une solution. Elle fonctionne. Tout va bien. Alors tu proposes d’aller un peu plus loin… Et là c’est le drâme ! Vite, vite, il faut retourner au bon vieux comportement de merde qui nous a tant fait souffrir. « Oui mais ça je connais au moins ». L’allégorie de la caverne, je vous le dis ! Depuis ? Rien de neuf ! Hélas !
Alors j’écris pour me faire du bien. Parce que j’aime ça. Je n’ai plus qu’une illusion d’espoir que l’un d’entre vous se prenne par la main comme Yves Dute(u)il -private joke – prend un enfant. Et quand bien même vous iriez vers demain, n’est-il pas trop tard ? Je ne sais pas, mais de là où je suis, ça ne sent pas super bon pour mes neveux.
Vous me traitez de pessimiste ? C’est possible. Je vous répondrais qu’espérer n’est jamais une solution et une phrase que m’a dit un magnétiseur du 04, « la croyance, c’est le parapluie des couillons »…
Le temps de vivre, d’être libre…
Pourtant c’est tellement simple ! Oui c’est pas facile, oui il faut tout, vraiment tout changer et toujours tout remettre en question mais c’est tout sauf complexe, et les sciences dures comme molles ne peuvent pas nous aider dans ce changement qui est, je crois, impératif.
Notre mental et ses 3.000 petites informations par seconde ne peut pas nous aider. Nous arrivons à un endroit où ça ne sert à rien de savoir. Je ne vous, et je ne me prends pas pour plus cons que ce que nous sommes. Nous savons tous qu’il y a quelque chose qui pue grave au royaume du Danemark et pourtant nous continuons à vouloir comprendre avant d’agir. Nous continuons à vouloir contrôler avant de vivre.
Et si là, maintenant, de suite, nous rangions nos livres et les sages paroles et que nous le mettions jour après jour, dans un effort constant et avec une intention inflexible, en pratique ?
Je nous propose une chose. Décréter comme hymne planétaire les paroles d’un « vrai sage », une incarnation pure et parfaite de la douceur de vivre. Bon ok, c’est un putain de grec, mais on n’est pas obligé de manger des olives à tous les repas (même si c’est super pour la santé). Allez, écoutons nous un petit Moustaki en attendant de vivre Soleil Vert…
La bise à tous. Renaud
Liens et références
photo de couverture : cocooningcenter.com
(1) en savoir + sur la radioactivité : Sur la durée de vie d’un déchet radioactif radioactivite.com . Bien sûr le site de la CRIIRAD pour la surveillance des risques nucléaires.
(2) Est-ce ainsi que les hommes vivent – chanson originale Leo Ferré. Interprète : un grand comique, François Leotard.
(3) René Dumont, la page wikipédia. La pénurie d’eau rapport du CNRS. Et quid de l’eau en 2020 sur le site Encyclopédie environnement.
(4) Le quinoa c’est bon pour toi mais pas pour les péruviens. Un des nombreux articles sur écologie, bobo et quinoa
(5) Le STRASS : syndicat du travail sexuel voir le site.
(6) Soleil Vert un film pas tant d’anticipation que ça.
En lisant ton article, une grosse partie de nous a envie de lutter, à envie de dire que oui tu es un gros un pessimiste.
Une autre partie a envie de culpabiliser car on est des beaux couillons à toujours revenir dans cette putain de grotte alors qu’on est déjà aller explorer le dehors et qu’on a bien vue que c’etait bien chouette.
Une autre partie a envie de te taper car tu nous mets une vérité en face que notre égo ne peut tolérer, on ne sait rien, la vie est un éternel mystère, pourtant il y a des choses que l’on peut faire, ici et maintenant, tous les jours, mais le truc… c’est que ça nous emmerde royalement de faire les choses sans garantie… et surtout sans contre partie… et en dedans ça gronde parce que « non tu vois je suis pas comme ça moi, je mange du quinoa, on m’a dit que c’était bon pour la santé, je prends l’avion pour aller me dorer la pillule… » je … je … je fais mieux qu’avant » « je suis une hypocrite » haaaaa c’est celles là qui font mal!
Mais bon on reste le nez sur son petit Je qu’on juge alors qu’en fait ben la vie elle s’en fout de tout ça, mais je ne sais pas quoi faire pour changer ça… et du coup j’ai envie de tout péter. Mais en fait, si on veut tout péter c’est qu’une partie de nous sait quoi faire mais qu’on choisit simplement de pas l’écouter…
Et puis, quand on lit vraiment, quand on se détend… on entend… que tout ça c’est des détails (et tout à la fois), que tout ça est un cri à ce qu’il y a de pire et de meilleur en chacun de nous, un cri que la vie c’est ici et maintenant et qu’entre nos mains on a le pouvoir de sortir de la grotte et de ne pas y revenir, on entend que c’est possible même si on l’a pas encore fait.
Alors merci Renaud, merci de continuer à crier, merci de rester dehors car même si je reviens encore dans ma grotte, bordel je l’entends et du coup je m’entends plus clairement.
Ca va dejà mieux 😉 non je déconnes je te taquines hi hi des bisous!
Ouais mais t’as vu la photo du Dalai Lama je suis très fier de mon coup sur ce trucage
Dalaï si tu passes par là big up à toi ! Garder le sourire avec les fringues qu’ils te filent si ça c’est pas d’la dévotion !
Merci Laurence pour ton retour et la ténacité avec laquelle tu t’emploi à te détendre malgré tes efforts pour avancer vers la perfect fion.
Heu petite précision je cris pas … je fais des vocalises !!!! Je m’entraine pour le concours de yodel 🙂
ha ha ha le perfect fion! tu me connais trop bien lol
oui tout ça, c’est simplement se décider d’arrêter de rouler avec ce putain de frein à main… ou de pas laisser son gros torteil au bord de la falaise ^^
Merci Renaud.