PREACHER, ma série (gentiment) blasphématoire et jubilatoire
Je sais, c’est maaaal ! Je regarde, j’adore les séries (et les blockbusters en général) ! Alors, à perdre mon temps, autant en faire un truc. Je suis en train de regarder pour vous, mon sens du sacrifice me perdra, la série PREACHER et c’est juste excellent d’irrévérence & d’humour. Cerise sur le gâteau, les images sont superbes et l’ambiance … J’adore !
Les 3 opus de cette série AMC (Mad men, The walking dead) sont créés à partir du comics de Garth Ennis (Punisher, Judge Dredd, Hitman…) par trois ignobles individus, dont Sam Catlin, qui a co-produit et co-scénarisé l’excellent BREAKING BAD (pour AMC). Alors comment résister ?
Du bourbon, des clopes, des jurons.
Un preacher made in rock’n roll.
Il était une fois, dans une petite bourgade du Texas, un pasteur et ses brebis (égarées, forcément). Ses, rares, ouailles se réunissent aux pieds de l’humble serviteur du seul vrai dieu des blancs WASP* dans une église plus que miteuse, “buvant ses paroles à défaut d’un coca” (dixit G. Bedos).
Pendant ce temps en Afrique, un pasteur fait ses courses … Non, en fait, pendant que le pasteur Jesse Custer occupe ses journées à finir ses bouteilles de bourbon et à faire des prêches plus que nuls dans l’église en ruine de son défunt père, une force mystérieuse venue de l’espace pénètre un curé africain et … l’explose !
C’est la première, grosse, apparition de l’hémoglobine et du n’importe quoi absolu qui va suivre.
La force mystérieuse récidive et explose consciencieusement et méthodiquement tous les “mystiques” qu’elle pénètre, jusqu’à découvrir le pasteur Jesse Custer qui apparemment lui convient bien puisqu’il n’y pas de boum ni même de splash.
Sans doute un effet secondaire du bourbon non promu par les médias à la solde du grand moralisme.
Notre bon Pasteur, ancien braqueur de banque, se trouve investi d’un pouvoir fantastique sans avoir la moindre once de conscience des dégâts qu’il, le pouvoir, peut faire. Résultat, les forces célestes, à qui ça ne plaît pas du tout, débarquent sous la formes de deux anges et …
Bienvenu dans barjo land
La suite ? Oh ben c’est du joyau bordel absolu ! Jesse Custer et ses acolytes alcooliques nous entraînent dans un road movie ésotérique & sanglant, jusque dans les profondeurs de l’enfer, du paradis et surtout de nos interdits.
On est plongé dans un univers entre réalité et fiction. Les forces occultes débarquent sur Terre, les terriens négocient avec les Séraphins, les enfers et … et surtout, tout le monde fait n’importe quoi. Car le gros hic, comme dans ce bas monde, c’est que tout le monde a des envies, des petits complots et autres exigences mais que personne ne veut vraiment payer le prix …
En fait, c’est pas si éloigné de la réalité !
Je vous laisse les découvrir mais pour les rôles principaux vous avez : Un gentil vampire (qui tue pas les innocents) plus punk que Joe Strummer (RIP) et qui a une forte dépendance aux mélanges opiacés + détachant de moquette avec un zeste de liquide de climatiseur. Et la chérie de Jesse, une gentille tueuse, braqueuse, super sexy, qui voudrait bien devenir femme au foyer mais qui s’ennuie si y a pas une embrouille minimum toutes les 24 heures.
NOTE : La saison 1 fait moins road movie et met en place l’intrigue. Mais les Anges, Odin, le gars à la tronche de fion …. y a de quoi faire déjà.
Pour ceux qui ont peur que ce soit glauque : rassurez vous, la bande de chenapans a vraiment un grand coeur. Et puis ils sont pas tous alcooliques ! Loin de là ! Il y a aussi des toxicomanes, des baiseurs compulsifs, des menteurs et tous, vraiment tous, sont de parfaits mécréants blasphémateurs … même les anges, c’est pour dire !
Y aurait peut-être que Hitler (spoil voulu) qui s’en sortirait pas trop mal… Sa réputation est en fait très surfaite ! Ce n’est pas le mauvais bougre que certains ont voulu nous faire croire.
HUMOUR ! Je précise mais vu l’ambiance actuelle, ça coûte seulement quelques bytes** et ça évite du conflit en masse !
INFO :
Je ne connais pas et je n’ai donc pas lu le comics d’origine de Garth Hennis. Et puis un film ne devrait pas se juger d’après un livre. C’est comme comparer une recette de cuisine avec un plat devant toi. Ca parle de la même chose mais ça n’a pourtant rien à voir.
Pourquoi j’aime Preacher ?
Déjà les images ! Ben oui, c’est con mais voir un film, ça passe d’abord par le visuel ! Et là, j’adore ! Le directeur de la photo me plaît vraiment beaucoup. On est dans un film avec quasiment un visuel de photos surexposées. Dans la saison 1, le décor, une bourgade du Texas, est vraiment un élément important. Regardez les chiens qui passent, les nuages dans le ciel, la tronche des personnages.
Alors après, c’est de l’esthétique. Donc on aime ou on aime pas mais moi j’adore ce genre de clichés qui vous amènent dans un monde réel mais juste décalé. En plus la musique est assez sympa, une bande son avec Seth Glier, Johnny Cash, Willie Nelson et autres blues men.
Il y a aussi quelques perles d’humour, vous verrez.
Ici mais pas vraiment
Je pourrais résumer la série PREACHER comme ça. C’est notre monde mais… pas vraiment. On est dans une ambiance totalement décalée où les giclées de sang sont énormes, les balles traversent plusieurs murs avant de s’écraser dans un pot de yaourt et où, surtout, les gentils ne le sont pas plus que les méchants. Un Bonnie & Clyde mais sous acide, et avec un peu d’opium pour faire plus smoothie.
Des gentils méchants
Jesse & Tulip sont des braqueurs de banques. Ok, Jesse a vu Dieu, tout ça, il fait son chemin de croix en prenant la place de son père prêcheur. Tulip essaye, mais elle a du mal, d’accepter que son Clyde porte la soutane mais vu son petit côté sanguin, je vous le dis, c’est pas gagné.
En plus y a le pote Cassidy, vampire déjanté, qui a le chic pour faire ce qu’il ne faut pas et aggraver les situations qui étaient en train de se régler ou, au contraire, apporter une solution quand il n’y en a plus.
Dans la saison 1, vous avez aussi un duo d’anges complètement … cons ! Bon surtout un, mais c’est normal en même temps, il était architecte avant d’être un ange. D’ailleurs, anges c’est vite dit puisqu’ils veulent quand même tuer Jesse pour récupérer l’énergie mystérieuse qui lui confère un certain pouvoir.
Je vous en dis pas plus pour que vous aussi, vous ayez la surprise.
Et des méchants pas si messants.
Et oui, c’est la force pour moi de cette série, c’est de mettre des personnages super caricaturaux et de les décortiquer pour faire apparaître leur trame et l’autre côté de leur façade, bonne ou mauvaise.
Odin, vous verrez, est sublime de froideur. Un enculé comme on en fait peu, et pourtant … Idem pour le petit gars à la tronche de fion (c’est mystérieux, hein). Il a commis un grand crime dont il essaye de se repentir, et pourtant… Faudra voir la saison 2 pour comprendre.
Le cowboy est bestial, invincible, sombre, et pourtant… Quel fantôme reste planqué derrière son cache poussière ? Et que penser des protecteurs du Graal pas si blancs que ça, mais en même temps, il faut un peu d’ordre dans le chaos, non ?
D’ailleurs, la preuve que ceux qu’on dit méchants le sont pas tant que ça : Qui c’est qui se montre aimable, gentil (ou presque) envers un de nos (z)héros … Hittler himself ! Alors c’est pour dire !
God(e) bless(e) América-ca
Tout est dans le titre du paragraphe. Preacher fait bobo aux chères valeurs sur lesquelles les USA (et le monde occidental) se sont construits. Dieu, la piété, la morale, la loi et bien sûr la famille, la patrie, le travail, les grandes firmes et l’élevage intensif … tout y passe ! Enfin, plutôt tout trépasse !
Mais au fait, Dieu, morale, travail, famille, patrie, c’est pas un peu proche du pétainisme ? Voire carrément des racines du fachisme si on fout un leader maximo comme idéal ?
Les scénaristes ne respectent rien, vraiment rien, et c’est ça qui est bon ! Ok, c’est parfois pas hyper fin. Les massacres, pour ceux que ça rebute, sont tellement énormes qu’ils en deviennent presque à hurler de rire.
Preacher écorne la sexualité, les classes moyennes, les religieux, les bons samaritains, les justiciers de tout poil, le tout filmé avec un certain talent.
Mais heureusement, il reste Dieu… Pfff, Dieu c’est très surfait comme truc, non ?
Alors il y a du Tarentino dans Preacher mais il y a surtout du Breaking Bad, et ça je kiffe !
Là où Tarentino m’énerve, c’est que parfois son abondance de gore est au détriment de l’histoire, ou du moins de sa profondeur. Ca passe pour un film de 1h 45, ça devient très très long sur une saison de 10 heures.
La première saison fait 10 épisodes, la seconde 13 et la troisième … ben je sais pas, je vous ai dit c’est “ma série en cours”
Au delà du mauvais goût
PREACHER ne tombe pas, à mon goût, dans ce travers. Bien sûr il y a du sang, de la merde, des tripes et du mauvais whisky, mais c’est pour mieux en rire. Les deux saisons que j’ai vu sont un peu dans le style de l’excellente série AMERICAN GODS, un peu la même ambiance avec plus de LSD.
C’est très satyrique, blasphématoire et irrespectueux juste ce qu’il faut. La grossièreté n’y est jamais très loin mais il n’y a aucune complaisance dedans, si ce n’est le plaisir de l’enfant de jouer avec son caca et de passer à autre chose quand c’est fini.
Alors ce n’est pas la série du siècle mais c’est un très bon moment. Une série jubilatoire, caustique mais gentille, avec des personnages biens caricaturaux dans lesquels notre face obscure saura s’y retrouver …
Liens & autres
Pour en savoir plus sur PREACHER, vous pouvez aller lire l’article de Telerama. Oui, je sais, ils ont aimé, ce qui en général m’indique que je n’aimerais pas. Mais pour une fois on a vu la même chose ! Cool !
WASP : White anglo saxon protestant, de manière plus générale on peut dire la classe dominante.
Bytes : les bytes, les bits et les bon gros octets vous intéressent … wikikipédia va vous expliquer ça mieux que moi. Et si vous êtes quelqu’un de bien, vous pouvez même leur faire un don de quelques €
Ma série en cours, c’est quoi ?
L’autre jour je buvais un panaché à la terrasse de mon bistrot favori en faisant semblant de m’intéresser à ce qu’écrivaient les journaliste de La Provence. Assis à la table voisine, une bande de quadra tapaient la discute et parlaient justement de leurs séries favorites.
Ils étaient 6 et chacun décrivait aux autres pourquoi “leur” série était mieux qu’une autre. Comme on est dans le sud, autant vous dire qu’il y avait de l’emphase et qu’aucun des protagonistes n’a su se limiter à une série. Un pastis = une série … il y a eu beaucoup de pastis !
D’une, j’ai pris conscience de la masse énorme de séries et films disponibles. Mais surtout, j’ai capté que sur la trentaine de titres, je n’en avais qu’un tiers … et pourtant, dieu sait que j’en bouffe des séries (avantage de l’insomnie et d’une nature peu sommeilleuse).
La chronique “ma série en cours” naissait. Partager mon point de vue et mon coup de coeur sur une série (ou un film).
La seule règle : Il faut que la personne qui écrit cette chronique n’ait pas fini de la voir … sinon c’est plus la série en cours, logique non ?
Excellente série, je ne connaissais pas j’ai suivi vos conseils et vous devriez vraiment voir la saison 3
Pour ma part je vous conseille Gotham pas tout à fait la même ambiance mais je suis sur que vous apprécierez