Harmonie, Autonomie, Respiration, Action

Conscience @ Un autre regard

Le devoir croire, choisir son monde

Le devoir croire, j’en parle souvent en entretien privé ou lors des cercles. Je crois n’avoir jamais pris le temps de détailler un peu cette notion. En préambule je précise que cette notion est directement inspirée, comme souvent, des ouvrages de Carlos Castaneda relatant l’enseignement de Don Juan Matus. Les précisions que je vais donner ne sont pas celles du devoir croire de Castaneda mais uniquement ma propre interprétation et mon ressenti personnel.

Le Devoir Croire, l’art d’assembler son monde.

Je n’aime pas suivre les traces d’un autre, quelle que soit ma sympathie pour son travail ou sa personne. Par contre la culture, la connaissance du travail d’autrui est une base toujours enrichissante pour construire et arpenter son propre chemin. Voilà pour les précisions nécessaires.

Je vais décortiquer un peu cette phrase sibylline. Ca va me permettre d’expliciter sans donner de définitions toujours restrictives. Bien sûr j’attends et espère vos questions et remarques afin d’aller encore plus loin ou de mettre en avant toute incohérence (qui n’est pas un paradoxe) que j’aurais loupé.[no_toc]

“Assembler …”

Je vais encore citer le vieux péon mexicain (Don Juan Matus). “Le monde est un choix de notre perception. La perception est définie par la position du point d’assemblage.”

Au moment de la conception, un ensemble de filaments lumineux se regroupe, s’isole du reste des filaments lumineux qui forment le réel. Cet agencement de filaments lumineux crée ce qu’on va appeler “notre réalité”. On peut nommer cette cristallisation “cuirasse”, “ego”, “personnalité”, “incarnation”. Cette réalité perceptive sera unidimensionnelle, en opposition avec le Réel qui lui est multidimensionnel. On se rapproche de ces deux chiffres que j’adore qui nous sont donnés par les neuro sciences :Nombre d’informations traitées par le mental :

3.000 infos / seconde
Nombre d’informations perçues par le cerveau :
4.000.000.000 infos / seconde

La fixation du point d’assemblage

Tout au long de la gestation et encore plus après la “mise au monde”, cette réalité, la fixation du point d’assemblage, se renforce grâce à divers mécanismes. Dans les éléments qui renforcent la fixation de la position du point d’assemblage nous trouvons tous les outils de conditionnement. Le conditionnement n’est pas seulement lié à nos parents ou notre éducation. Il est aussi géographique, culturel, génétique, social, temporel et bien d’autres facteurs.

Ce conditionnement est indispensable pour notre individuation !

Cet ensemble d’informations extérieures est assimilé par notre potentiel énergétique de chaque moment, qui va donner la réponse la plus adéquate pour lui à ce moment là. Cette réponse est, à chaque instant, reliée aux réponses précédentes. Chaque choix, chaque action ou réaction construisant un peu plus notre expérience personnelle du monde, notre personnalité. La personnalité n’étant en définitive que la somme des choses que nous avons l’habitude de faire, ne pas faire, croyons, ignorons, avons appris à être possible et impossible, juste ou fausse, bonne ou mauvaise.

A la naissance cette personnalité est presque vierge.

Le fait même de la conception met en place une cristallisation des filaments d’énergie qui, de facto, deviennent sensibles aux influences des mondes. L’âge, le temps, les expériences et donc les conditionnements grandissant, le point d’assemblage se fixe et rigidifie notre perception du Réel. Cette fixation nous éloigne de plus en plus du Réel pour limiter notre perception du Monde à la réalité conforme à nos conditionnements.

Une lutte apparente prend place entre les informations que nous sommes capables de traiter et qui sont directement en lien avec nos conditionnements, et les informations que nous percevons, elles en lien avec notre énergie intrinsèque.

“… son monde”

Tout le piège est là ! Ce n’est pas Le Monde que vous pouvez changer mais bien votre perception de la frange du Monde qui vous concerne. Je vous donne un exemple super concret :

Je demandais il y a longtemps à un ami quelques euros pour me permettre de finir le mois. Lui précisant qu’il me fallait acheter une nouvelle paire de chaussures et de quoi manger pour les 15 jours à venir. Il me dit, embarrassé, que ce mois-ci il était un peu juste et me propose 500 ou 600 euros, s’excusant de ne pas pouvoir faire plus. J’éclate de rire, lui précisant que je voulais maxi 100 euros. Étonné, même choqué, il me demande comment je fais pour vivre 15 jours avec 100€ sachant qu’en plus j’allais m’acheter des chaussures. C’était pour lui impossible et même inconcevable.

Mon monde n’est pas Votre monde.

C’est une confrontation toute simple de deux mondes. Le sien, fait d’opulence, et où même s’il a conscience, s’il sait que la plupart des gens ne vivent pas avec son revenu, il ne le connaît pas intimement. Le mien de monde, où je ne conçois pas de dépenser plus de 50 euros dans une paire de chaussures et où mangeant essentiellement des légumes et aucun plat industriel, je dépense peu d’argent pour m’alimenter.

Quand vous changez votre perception du monde, vous ne changez pas celui ci. Vous avez accès uniquement à la définition du monde que vous percevez et il change uniquement pour vous ! Je répète, il ne change que pour vous !

Changer Le Monde

Pour changer le monde des autres il faut que vous ayez un tel Devoir Croire, et hop le voilà qui arrive, que vous allez changer la position du point d’assemblage, donc la perception, que l’Autre a de son propre monde. Un des leviers magnifiques pour changer la perception du monde d’autrui étant bien sûr La Peur qui est, instinct de survie oblige, l’Emotion reine. C’est le principe de la plupart des “emboucanes” ou des coaching. 

Vous pouvez, et donc on peut, influencer en manipulant les émotions. Je ne vais pas ici développer ni les émotions ni les moyens de manipuler les émotions des gens, les outils sont nombreux aussi bien en psychologie, qu’en chimie et autres neuro marketing. Vous savez, le parfum de fraise délicieux répandu sur des fraises au goût de navet … Pour plus d’info des études en neuro chirurgie, psychologie, sociologie existent et gogol est votre ami (enfin il paraît).

Pour changer la perception du monde d’autrui, cela demande énormément d’énergie, surtout s’il n’est pas consentant, et perdure le temps de l’effort que vous fournissez. En plus ça implique un certain despotisme sur l’autre, donc encore une fois une diminution de notre et de sa Liberté.

A toute fin utile je précise que c’est valable même pour les bonnes intentions.

Mr Seguin essaye vraiment de sauver la Blanchette, au final elle se fait quand même bouffer. En gros, vouloir influencer la perception du monde de l’autre ce n’est que reculer pour mieux sauter. A vous de voir les raisons qui vous poussent à vouloir lui imposer votre perception du monde.

Par contre rien ne vous empêche de proposer une autre perception du monde, de l’argumenter, mais en laissant l’autre être libre de valider, ou non, ses croyances ou les vôtres. Aider ce n’est pas imposer.

Choisir de changer sa perception de son monde

Au départ, curieusement, pour vouloir changer notre perception du monde, c’est à dire remettre en question l’ensemble de nos conditionnements, fondements de nos croyances sur les possibles / impossibles, plaisirs / déplaisirs, justes et injustes, la liste est longue. Donc au départ il n’y a que les personnes malheureuses ou portant en elles une douleur non satisfaite par les réponses proposées par leur perception (apprise) du monde.

Au passage cette douleur, tristesse, est, je crois, le bien commun à tous les humains, ce sentiment de frustration issu pour les psy de la rupture du cordon à la naissance ou pour les “Hommes de Connaissance”, lié à notre souvenir non conscient du tout existant en nous.

Changer volontairement sa perception du monde.

Donc le Devoir Croire, on y arrive, permet dans un premier temps de changer nos conditionnements. C’est à dire changer, réévaluer, les interprétations que nous avons appris sur le monde. C’est un travail colossal ! Je pèse mes mots. En fait à ce jour je crois qu’il faut être barjot, un peu fou, pour commencer ce travail et encore plus pour le poursuivre volontairement. D’ailleurs je crois de moins en moins au “volontariat” sur ce chemin, mais c’est une autre histoire.

Le Devoir Croire c’est simple, c’est réexaminer, point après point, croyance après croyance, sur soi et sur le monde, l’ensemble du monde, tout, vraiment tout ce qu’on nous a appris !

La position de notre point d’assemblage est déterminée par les conditionnements, c’est donc par un re conditionnement, que cette fois nous allons nous-mêmes mettre en place, que nous pouvons changer la position du point d’assemblage et donc la réalité du monde qu’il assemble.

Le Monde, lui, restera tel qu’il est. Mystérieux et insondable. Le devoir croire c’est l’art d’appliquer à notre mental un autre filtre que celui mis en place pour nous au fils des ans et des expériences.

Le Devoir Croire : changer son filtre photo

Un peu comme en photo si vous mettez un filtre orange au départ et qu’on ne vous l’a pas dit. La réalité est pour vous Orange. Les gens qui vous disent qu’elle est Bleu sont soit des fous soit des crétins. Mais un jour vous découvrez, peut-être par hasard, qu’un filtre bleu existe, ou un violet, sépia, peu importe. Ce jour là peut-être apprécierez vous les contrastes, la lumière, les couleurs que met en place ce nouveau filtre.

changer son monde

Chaque perception du monde est juste pourtant …

Le Devoir Croire, point de départ pour Voir

Peut-être que vous n’aimerez pas, ou que vous comparerez vos photos avec le filtre bleu aux photos des collègues qui eux continuent à travailler avec le filtre orange qu’on leur a fourni dans le kit de base. Vous jugerez ces photos, cette vision du monde comme étant moins bien, ou mieux, selon votre tempérament ce jour là.

Dans tous les cas, que votre filtre soit Jaune, vert, bleu pastel ou Orange abricot, ce n’est, ça ne reste qu’un filtre ! Un conditionnement, une interprétation du Réel pour la rendre intelligible à notre entendement, notre mental.

Le seul, mais énorme, avantage du Devoir Croire, c’est qu’il est votre choix ! Il n’est pas subi puisque déjà pour qu’il existe, pour qu’il ait une réelle influence sur votre vie, il demande un engagement énorme. Un engagement total de votre conscience, de votre énergie, de votre corps tout entier.

Le Devoir Croire dans son opposition illusoire au Croire du monde “normal” entraîne automatiquement un conflit en nous mais aussi avec ce Croire du monde majoritaire.

Un filtre que l’on superpose à ton regard

Une fois que le filtre que vous avez choisi, et peu importe sa “couleur”, est stable, il faut maintenant passer à la mission quasi impossible… L’abandonner ! Oui, la mise en place du Devoir Croire c’est déjà pas facile facile mais au moment où tout va bien, où enfin vous commencez à ne plus souffrir de ne plus être dans un moule perceptif, le moment où vous croyez être arrivé, la petite voix présente depuis le départ vous retrouve et vous rappelle que Devoir Croire reste toujours une croyance.

Comme toute croyance elle n’est pas fausse, elle n’en est pas pour autant vraie et complète.

S’il vous reste encore quelque force, vous prenez alors votre devoir croire et gentiment, avec beaucoup de tendresse, vous acceptez enfin pleinement ce monde comme un mystère insondable. Vous le gardez au chaud contre vous en sachant que c’est un doudou, une interface pour pouvoir communiquer et limiter votre perception pour ne pas brûler devant l’Infini.

Vous venez de comprendre la 16 ème lame du tarot de Marseille, La maison Dieu. Devant vous s’étalent L’Etoile, La Lune, le Soleil, et en abolissant tout jugement Le Monde, La Couronne, Le Shin. Enfin vous Voyez, totalement, Pleinement. Devenir Le Mat n’étant pas de notre ressort*

“Lao Tseu a dit : Pour trouver la Voie il faut perdre la tête.”
Tintin et le Lotus Bleu

bouddha sans tete

* Enfin à ce niveau je n’ai pas de certitude, mes expérience, mon sentiment me renvoient cette information mais comme je n’y suis pas, en vérité j’en sais rien.

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Renaud

Naturopathe, psychothérapeute et pratiquant de différentes techniques énergétiques depuis plus de 20 ans. J'essaye d'amener dans chacune de mes actions un autre regard, une autre manière d'être et de vivre le monde qui nous entoure.

7 réflexions sur “Le devoir croire, choisir son monde

  • Le Mat, de ce que je crois comprendre, ce peut être un individu réellement fou et inadapté au réel et aussi, ce qu’on appelle un “homme libre” dans des cercles spiritualistes ( et là, on pourrait aussi dire “femme libre” ça serait sympa ). L’homme/ femme libre serait une âme qui aurait épuisé ses chaînes ataviques, ou karma ou autres ( peu importe le terme ) et dont la présence serait la disponibilité absolue à ce qui se présente à soi, sans choix préconçu. Il y a le chapitre au sujet du saint homme dans le Tao Te King commenté par Haven qui tente une approche pour parler de ceci. Le problème étant qu’il s’agit de parler d’absolu tout en étant complètement dans le relatif! La poésie ou un langage irrationnel sera plus adapté à tenter de déchiffrer quelque chose de ce Mat incarné, s’il existe!

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  • C’est super perturbant ! 🙂

    A peine un nouveau filtre perçu et qui répond à des années de luttes… Qu’il faille l’abandonner parce qu’il n’y a pas de vérité absolue. Et cette phrase que tu m’as souvent dite et qui me revient: “Tu voudrais déjà être arrivée?”.
    Wahoo! C’était juste une piste, un autre choix, pour sortir d’un état et surement, transiter vers un autre.
    Comme si la Vie ressemblait plus à mouvement constant, fluctuant qu’on s’évertue à vouloir fixer pour se rassurer et dire: La vie c’est “ça”! Ou je suis “ça”!

    Alors il n’y a plus rien au final dixit Léo Ferré. J’ai passé ma vie à revenir vers les mêmes “conclusions” pour repartir de plus belles pour y revenir encore et toujours… Poissons rouges!

    Merci pour cet article joyeusement déconcertant, dixit Maître Laurent :).

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  • sadesadsad

    J’ai adoré merci pour cet article super intéressant et très bien expliquer

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  • Super intéressant ton truc!! Je pense que pour comprendre le Mat, il faut partir au fond du trou avec le lapin blanc. Je suis entrain d’en sortir (si on en sort vraiment?!) et je pense qu’il faudra qu’on parle sérieusement et pas autour d’un orangina! J’ai encore les pieds qui pendent autour du puits alors c’est quand tu veux. Merde je sais plus quoi écrire. à bientôt j’espère.

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