Kenavo et 7zike pour faire la bise à Mémé
Et oui, La Passerelle n’est pas morte car elle bande encore, car elle bande encore. Les amoureux de chansons paillardes auront reconnu ce tube des cars de supporter, j’en suis sûr ! Cette semaine on va fêter, célébrer en musique notre retour sur le world wild web certes, mais aussi la Bretagne. Allez j’enfile ma plus belle marinière et mon bon vieux caban (il a plus de 26 ans) et on va faire un tour au pays de Merlin et de De Villiers… Une terre de contraste sans aucun doute !
Kenavo en Bretagne, 7zike pour bouger sa tête
Ce week-end une petite partie de la troupe de La Passerelle va voir Les Ramoneurs de Menhirs #Yes. Comme je suis fan de musique traditionnelle et de transe, il me semblait logique d’aller faire un petit tour dans le pays de Breizh ! Et promis on va essayer de pas parler de Bécassine, des ploucs ou des galettes de sarrasin (enfin pas trop) !
On va pas non plus parler des bases musicologiques super intéressantes du chant breton, des accointances avec les pays du Maghreb et pas non plus des sources celtes. Pour les fans de techno et de transe en tout genre, écoutez bien la moindre gavotte et calez vous sur la rythmique … Et oui, la techno existe depuis très très longtemps ! Bon vous trouverez ça aussi avec le “tambourinaïre prouvencaou” et dans pas mal d’autres musiques “folkloriques”. Il vous suffit parfois d’électrifier un peu tout ça et vous avez le même son de porc qui vous oblige à danser toute la nuit !
Au passage j’en profite pour faire un clin d’oeil à deux dames. La première “c’est mémé”, feu ma bien aimée grand mère, bretonne d’origine et enfant de l’assistance par adoption, et la deuxième c’est mam’zelle Lucile “Brest une ville terrible, totalement rasée par les atroces bombardements de la guerre” et son sens de la modération absolue.
Monday, les soeurs Goadec, Gavotten en haut de la montagne
Les soeurs Goadec et moi, c’est une vieille histoire d’amour. J’ai toujours plu aux vieilles dames un peu folles … On était parti en famille dans les côtes d’Armor (ique) et pas loin de Carnac, alors qu’on buvait un chocolat chaud en mangeant une pomme au four, un son jusqu’alors inconnu de mes oreilles et de mon cortex auditif me parvint. Vu la réaction de mes parents et de mon frère, ce qui était perçu par mes oreilles comme une douce mélopée était ressenti chez eux comme une déclaration de guerre au bon goût !
Gamin insistant et aventureux, à ce niveau j’ai pas beaucoup changé, je m’enfuyais une énième fois en quête de ces douces sirènes pour découvrir dans une arrière salle trois mémés et deux messieurs en train de répéter… Mes parents m’ont retrouvé une heure plus tard avec un autre bol de chocolat et une galette, assis sur une table au milieu de ces 5 vieux… Le bonheur aux lèvres.
Quand la tradition devient folklore
C’est pas facile de parler d’une région. On tombe vite dans les préjugés et les archétypes. En plus faut dire que le folklore et le passé en général ont pas vraiment bonne presse, la peur de sembler “has been” sûrement. Et pourtant, que cela peut être beau, que cela peut être doux et chaud au coeur.
Je suis né en Provence, pays où, hélas, la tradition est devenue folklore. Alors bien sûr il y a encore les Reines d’Arles, les courses, les corso et les fifres mais ça reste 99 fois sur 100 au moment d’une fête, ou dans un cadre bien défini.
On se réunit, on fait des parlottes autour d’un aïoli (qui généralement manque d’ail) mais quand vient le moment de chanter ne serait ce que la Coupo Santo, les voix se font bien timides je trouve. Sans parler de connaître les paroles, ici bas plus personne n’ose chanter à pleine voix les chansons de nos enfances.
Mardi
Arnaud Maisonneuve & Marie-Aline Lagadic “Pell deus e vro”
Mercredi
les vieux de la vieille, Cabestan
Les modernes contre les classiques
On croit bien souvent, et pas que pour la musique, qu’être moderne c’est faire disparaître l’ancien. Pas mal de mes copains sont étonnés que j’aime aller au feu de la Saint Jean ou voir un corso. Chaque fois, ce qui me permet de passer outre mon aversion pour l’aspect dogmatique de la tradition, c’est la musique.
La musique, les chansons populaires, chantent les hommes et les femmes, qui sont l’Histoire. Et pas l’histoire académique, l’histoire des vainqueurs, mais bien l’Histoire. Si il n’y avait pas le pauvre couillon, nos ducs, comtesses et autres baronnies n’existeraient pas, pas plus d’ailleurs que leurs châteaux et leurs palais.
La musique parle des labours, et de l’Amour, elle parle des heures sombres et de la peur en pleine mer quand vient la tempête. De la Peste qui tue tout sur son passage, elle parle des monstres qui se cachent derrière les arbres et dans les recoins sombres de nos pensées peureuses. La musique, et encore plus la musique traditionnelle, rassemble, crée une farandole. Elle rassemble les gens présents, donne le sourire et nous fait entrer en communion bien au delà des genres, des sexes et des cultures.
Vive le Fest-noz mondial !
Alors je sais qu’aujourd’hui presque plus personne n’ose danser et encore moins chanter, sauf bien sûr si la vedette sur scène vous le suggère … ben ouais quoi, il faudrait pas la décevoir quand même, et puis quand le “master of cérémonie” dit “chantez !” ben y a pas le choix, faut chanter ! Le panurgisme en musique me fait friser la moustache que je n’ai pas !
Heureusement un petit village Armoricain (c’est pas en lien avec les USA bande d’incultes !) résiste encore et dit vive les fest-noz ! Si vous n’avez jamais vu, ou n’êtes jamais allé dans un rassemblement, même d’un village ou d’une salle communale, franchement allez y ! “Chez ces gens là” on ne joue pas, on vit ! Et vous allez découvrir ce que c’est la transe et le dépassement de soi autrement que sur vos tapis de course, dans vos salles de sport toutes de néons vêtues ! Coeurs fragiles…
Jeudi
Erik Marchand et Thierry Robin: Bolom kozh (Le vieux bonhomme)
…dredi
Dirty Old Town par The Celtic social club
Je ne suis pas d’ici
Je suis né en Provence, j’aime et respecte ce pays mais je ne me sens pas “Prouvencaou”. Je ne vais donc pas me déguiser en … A ce sujet je me marre toujours quand je vais dans un concert de voir ceux qui ont enfilé leur costume de : Punk, rockeur, gothic, fétichiste, jazzeux, bluesman et autres. Pourquoi se déguiser ? Pour passer inaperçu ? Pour faire couleur locale ? Désolé mais c’est aussi ridicule qu’un Quimperois blanc habillé en boubou dans les rues de Ouagadougou ! On vous voit comme le poireau sur le nez d’une sorcière !
Alors je ne m’habille pas pour une occasion, déjà j’aime pas m’habiller tout court, mais plus par respect pour le “Véti” que par honte. Mais par contre je vais aux fêtes, aux rassemblements, parce qu’au delà de l’apparence donnée par l’habit, c’est surtout l’occasion de célébrer, de ripailler, et donc de partager avec le coeur notre amour d’une langue, d’un pays, d’une culture qui, quand on la laisse libre, est universelle !
Pas besoin d’être Breton, Provençal, Basque, Catalan, Bourguignon ou Berrichon pour partager le plaisir de Vivre. Il suffit d’avoir un coeur, une bouche et des bras pour embrasser !
Le jour des gros manches
Sons of the desert, et oui je sais c’est pas breton mais j adore et je trouve la chanteuse sublime, sans parler du mandoliniste fou
J’aime pas les régionalistes, j’aimes pas les nationalistes !
Je suis par essence un Humain, semblable aux 7 autres milliards d’Humains sur cette petite planète, qui tourne autour d’un petit soleil, parmi les milliards de soleils de cette petite galaxie perdue au milieu de milliers de milliards de Galaxies semblables dans un vaste Univers qui, semble-t- il, n’est même pas le seul… Alors la défense des intérêts régionaux, comment dire que je m’en fous un peu !
Mais si je ne les défends pas, ce n’est pas pour autant que je veux qu’ils disparaissent. La régionalisation comme la centralisation me semblent d’une imbécillité crasse et ne reflètent finalement que les petites guéguerres de pouvoir qui bercent la vie de sapiens sapiens depuis 100.000 ans.
Pourquoi ne pas nous enrichir tous les uns des autres ? Sommes nous à ce point cons pour devoir en permanence choisir entre la galette de sarrasin et la ratatouille ? Entre Eminem, Leo Ferré et les Soeurs Goadec, ou pire entre un bordeaux et un bourgogne ?
N’est-il pas concevable d’apprendre à l’école une langue régionale ET la langue commune ? Ne pourrait-on pas ancrer les cours d’histoire et de géographie sur le local ET le global ? Des allers-retours entre le micro et le macro sont possibles. Nous n’avons pas l’habitude de penser ainsi certes, mais ça reste encore faisable !
Je vous garantis qu’additionner et multiplier nos possibles est bien plus enrichissant que se séparer ou se diviser en pour ou contre. A titre perso j’aime la world food. Un repas commençant par des Gaou ivoiriens suivis d’un curry de poulet et son petit bourgogne, pour finir avec des gulab jam indiens en buvant un café mexicain et un rhum martiniquais, ben pour moi c’est possible et d’ailleurs … je vous laisse, je dois aller me faire à manger !
POST MORTEM
S’il vous plaît ne vous battez plus pour que le monde change… CHANGEZ ! Se battre et même râler, par exemple sur un truc dérisoire comme la prolifération des smartphones dans une salle de concert, est contre productif ! Les écrans bleus vous gênent ? Soit vous fermez les yeux soit, et c’est encore mieux, vous faites 4 pas en avant et vous allez danser dans la fosse ! Les musiciens seront super contents et vous aurez vraiment changé un truc dans votre vie et dans la vision que les autres ont de la vie. “Comment diantre, fichtre, foutre, on peut encore danser !!!?? Wahou la chance ! “.
Pour ceux qui attendent nos articles avec autant d’impatience et de jubilation qu’un gros actionnaire attend le cadeau fiscal suivant une élection présidentielle, j’aimerais rappeler que la vie hors du virtuel étant ce qu’elle est, ben des fois on n’a pas le temps ou simplement pas le jus. En gros derrière l’écran il y a des humains presque comme vous.
Je n’ai pas cité les frères Morvan parce que j’en suis pas fan, c’est tout simple.
Quel bonheur de retrouver les 7ziks ! Quel bonheur de te lire à nouveau ! Quel bonheur, une fois encore, de constater que j’aurais pu écrire tes mots. Quand tu parles des “majorettes” dans les concerts ou autres festivités, putain, c’est ce que je dis depuis…. pfff… je te parle d’un autre millénaire ! Quand tu évoques les régionalismes à la con, ces trucs qui nous replient sur nos soit-disant “communautés”, qui nous replient tellement qu’ils finissent par nous nécroser… Comme je suis d’un peu partout, quand on me demande mes origines, je réponds “t’as du temps devant toi ?” si la réponse est négative, alors j’y vais d’un laconique “je découle du big bang”…
Quant aux Bretons, je m’en méfie et j’ai mes raisons… la seule fois où j’en ai approché un de trop près, j’ai attrapé un gosse ! 🙂
Allez, la bise et kenavo mon poto !