Harmonie, Autonomie, Respiration, Action

Chamanisme moderne

J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée

Les lecteurs de Carlos Castaneda doivent sans doute connaître cette phrase « j’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée », elle ouvre un quintet essentiel dans ses récits. La phrase semble sibylline pourtant ses implications, ce qu’elle impose si elle est vécue au Coeur et qu’elle devient un des piliers de sa vie et donc de son chemin est juste gigantesque.

Ca fait déjà un moment que je voulais vous proposer des « explications » de texte sans y arriver et il semble que le temps soit venu, du moins pour cette phrase.

Alors, comme d’habitude, je vais préciser que ce qui va suivre n’est pas LA vérité, ni même « LA » explication, mais UNE explication, la mienne, elle ne vaut qu’en fonction de mon expérience, mon vécu et ma perception actuelle du chemin du Pèlerin.

Second bémol qui renforce le premier : cette réflexion se base sur une traduction donc elle est par essence éloignée du texte pondu par l’auteur puisqu’elle est déjà passée par le filtre du traducteur et de deux langues, trois peut-être, très différentes l’anglais US (l’espagnol ?) vers le français.

La seule personne, et encore, à savoir ce qu’il a voulu dire est l’auteur et comme je n’ai pas son 06 pour lui demander tout ce qui va suivre ne sera que mon interprétation, ma lecture et ne peut servir que comme point de départ ou comme complément à votre pensée ou mieux votre expérimentation.

Au passage, je vous invite et encourage à laisser en commentaire ou sur le forum votre propre perception, vos propres cheminements ou les ouvertures/fermetures que mon explicitation a permises.

Vous allez, on en est sur, trouver des fautes d’orthographe. Certaines sont voulues, on aime bien parfois jouer avec les “maux”, mais il faut l’avouer la plupart pas du tout. 3 raisons a ça. Déjà on n’est pas hyper doué en orthographe, sauf une, secundo on a la flemme de se relire et tertio on est d’accord pour dire que l’orthographe en français c’est loin d’être simple. Quoi qu’il en soit, il y a des fautes, on vous prie de bien vouloir nous en excuser si ça vous horripile. Au passage si vous râlez très très fort vous pouvez utiliser cette énergie pour nous envoyer le texte corrigé. Bisous

J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée – explicitation de texte

Dans un « koan » comme celui-là chaque mot est choisi, pesé et a une importance, en plus d’une portée qui va bien au-delà de la simple compréhension mentale. Le son, la vibration, comme dans un mantra, porte en lui sa propre solution, son propre ensemble de sens.

D’ailleurs, un bon point de départ pour votre cheminement me semble être de « manger » cette phrase. Sortez la du quintet complet et simplement pendant des jours, des semaines, des mois entiers peut-être, focalisez-vous uniquement sur elle.

Un peu comme une prière, un mantra ou un psaume. Répétez la vous en boucle, à haute voix, en la hurlant et aussi en la faisant simplement résonner à l’intérieur de vous.

Voyez ce qui se passe quand vous la répétez suffisamment pour qu’elle vous habite malgré vous. Observez comment votre corps, votre énergie, votre mental change, se plie, résiste, s’abandonne ou fuit quand cette phrase résonne en vous.

Pour moi, « manger » un concept, une phrase, une Parole me semble être un point de départ fondamental pour me l’approprier, pour m’en emparer et ne pas juste suivre la perception d’un autre mais m’appuyer sur la perception de l’Autre pour construire et expérimenter ma propre vision, compréhension, position de l’Observateur.

« Il n’y a rien à comprendre. Comprendre est seulement une très mince affaire, absolument insignifiante. » – VOIR.

Je vais découper « j’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée » en quatre parties pour essayer de les creuser puis dans une cinquième et dernière partie je vais recoller les morceaux et essayer d’en tirer une synthèse et des sentiments qui, pour moi, en découle. Ainsi, j’espère, cette réunion sera supérieure à la somme de ces parties.

J’ai déjà reçu…

Le commencement est prometteur, c’est un passé composé doublé d’une fatalité. « J’ai déjà reçu ». En gros, c’est déjà fait, pas besoin de se tendre, d’espérer, de vouloir quoi que ce soit, c’est déjà fait !

Pas simple pour notre éducation capitaliste, axée sur la compétition et l’« avoir ». Cette partie des commandements du Guerrier vient taper directement sur notre besoin de gagner, d’obtenir. Plonger et intégrer pleinement la sensation d’avoir DEJA reçu est un outil fabuleux pour ne plus appartenir à la race des « preneurs », comme dit Anthony Hopkins dans le film INSTINCT (Jon Turteltaub 1999).

Les implications de « je l’ai déjà reçu » sont nombreuses. Plus besoin de le chercher, plus besoin de faire des stages à la gomme en espérant avoir quoi que ce soit en retour. Encore moins « un pouvoir » ou alors, soyons clairs c’est un pouvoir bien Tonal, bien matériel, un pouvoir sur les autres et sur le monde physique.

Alors êtes-vous prêt à accepter que c’est déjà fait, que vous pouvez (enfin ?) vous détendre et (enfin ?) ne plus espérer et ainsi tendre votre attention et donc votre énergie vers un but illusoire ?

L’Herbe du Diable

Lorsqu’un homme commence à apprendre, ses objectifs ne sont jamais clairs. Son dessein est vague, ses intentions imparfaites. Il espère en tirer un bénéfice qui ne se matérialisera jamais, dans son ignorance des difficultés de l’étude.

Voir

L’esprit d’un guerrier n’est pas poussé à l’indulgence et à la complainte, pas plus qu’il n’est dirigé vers vaincre ou perdre. L’esprit du guerrier est destiné uniquement au combat, et chaque combat est pour le guerrier sa dernière bataille terrestre. Par conséquent pour lui, l’issue n’a pas d’importance.

Le feu du dedans

Les nouveaux voyants recommandent de se livrer à un acte très simple lorsqu’ils sont menacés par l’impatience, le désespoir, la colère ou la tristesse. Ils recommandent aux guerriers de rouler des yeux. Quelle que soit la direction dans laquelle s’effectue ce roulement, elle fera l’affaire […].
Le mouvement des yeux provoque un déplacement momentané du point d’assemblage.

… le pouvoir…

Pour paraphraser la marionnette de Sarkozy dans les Guignols de l’info : « haaaaa pouvoir ». De quoi parle-t-on quand on dit pouvoir ? Le pouvoir sur les autres ? Plus que tout le pouvoir pour faire quoi ?

Depuis des milliers d’années des gens ont du pouvoir et le monde va-t-il mieux ? Les moines taoistes, les chamans de tout poils ont cherché le pouvoir, le corps d’ambre et tout le saint-frusquin. L’humanité est-elle mieux lotie qu’il y a 50, 100 ou mille ans ? Sur les chiffres peut-être, et encore l’histoire des historiens, pas celle qu’on nous enseigne à l’école, nous montre qu’on ne vivait pas si mal en Gaule, en Afrique ou en Asie il y a 1000 ou 2 000 ans.

J’ai eu longtemps peur de « mon » pouvoir et du « pouvoir » en général donc je l’ai un peu étudié. Ma conclusion est que chaque fois la recherche d’un pouvoir ne sert qu’une chose à esquiver ou à s’affranchir d’une peur.

On veut avoir du pouvoir sur la nature par peur des famines, des disettes, des pénuries et au final de la mort. On veut avoir du pouvoir sur les femmes, les différends, les loups, les ours et les insectes par peur. Peur de la maladie, d’être dépossédé, d’être manipulé. Ici encore, finalement, la peur de la mort.

Ca c’est pour la question « Pourquoi je cherche du pouvoir tonal », mais qu’est-ce que c’est en dernier ressort le Pouvoir ?

Plongez dans votre imaginaire, plongez dans votre conditionnement, votre histoire personnelle. Partez explorer ce que la position actuelle du point d’assemblage des humains définit (et limite) comme étant le pouvoir.

C’est ça que vous cherchez ? Un pouvoir sur le monde, un pouvoir vous permettant d’être aimé, craint, respecté ou protégé ?

Si c’est votre définition du pouvoir, il va se passer bien du temps et des efforts pour que vous l’obteniez, mais surtout ce n’est pas sur le chemin qui a un coeur que vous le trouverez (puisque vous l’avez déjà reçu).

Le paradoxe, c’est qu’une fois ce pouvoir, cette illusion de sécurité et de contrôle, obtenu vous devrez affronter son prix : la peur de perdre ce fabuleux pouvoir. La peur de perdre vos « disciples », votre argent, votre jeunesse, votre entreprise, appart, boulot, enfants. L’angoisse insolvable de perdre votre force musculaire, sociale, plastique, intellectuelle ou autre.

Et si le pouvoir n’était pas ce que l’on imagine ?

La Mort est le chasseur et rien ni personne, même pas Melon Musc et les transhumanistes y peuvent quoi que ce soit. Croire ça, c’est répéter l’erreur des anciens voyants. C’est vouloir l’immortalité du Tonal en croyant qu’elle vous donnera l’immortalité. C’est cette erreur et cette peur de perdre le fameux pouvoir qui transforme les humains en goules, en morts-vivants et qui, à la fin, va transformer les meilleures intentions en enfer vivant.

Vous noterez au passage que Castaneda n’utilise pas (j’ai déjà reçu) MON pouvoir, mais bien LE pouvoir. Pronom indéfini. Comme souvent, c’est dans ce détail qu’il va donner de la profondeur.

SON ou MON pouvoir impliquerait qu’il m’appartient, qu’il m’obéit. LE pouvoir implique exactement l’inverse. Donc peut être que ce que vous, votre JE social, incarné, egotique, nomme pouvoir n’a rien à voir avec LE pouvoir (qui gouverne votre destinée).

La question étant êtes vous prêt à oublier le pouvoir qui vous arrange et à intégrer (et donc utiliser) le pouvoir qui gouverne votre destin ? Attention ça risque de surprendre votre JE, vos croyances et la définition même du pouvoir.

Imaginez qu’il existe un autre pouvoir que celui qu’on vous a appris, autre chose que le pouvoir “ordinaire” ? Par exemple quid du pouvoir qui est engendré par la lueur de la Conscience dans un cocon d’énergie qu’on nomme incarnation ?

Ce pouvoir ne protège de rien, bien au contraire. C’est lui qui vous fait avoir peur, c’est lui qui va générer, via le filtre de l’auto-contemplation, des sensations étranges voire inconfortables.

Et si une partie du pouvoir (que vous avez déjà reçu) était ce que vous nommez vos travers, vos défauts, vos imperfections ?

Et si plutôt que faire des stages pour devenir lisse, pour devenir “la meilleure version édulcorée de vous-même” vous appreniez à vous servir de ce que vous avez, de ce que vous avez reçu ?

Vous êtes parano ? Avec de la modération et du détachement, vous serez juste prudent et pourrez le transmettre aux inconscients.

D’ailleurs vous êtes inconscient, genre Perceval, avec de la modération et de la structure vous pourriez juste devenir un fabuleux aventurier de la Conscience et aller jusqu’au bout du chemin en embarquant les plus frileux de vos partenaires.

Je vous laisse adapter cette idée ça à votre propre cas. Mais rappelez-vous ce vieux Koan « Toute face à un dos »

On nous a appris à nous focaliser sur notre face, à en avoir peur, à la maudire même. Mais réceptionner le pouvoir ça commence peut-être par simplement utiliser SA propre « folie » plutôt que vouloir la lisser, la détruire ou la soigner.

La folie est peut-être notre plus grande force, par contre pour retourner la pièce de notre histoire personnelle je vous cache pas qu’il va falloir bosser dur, longtemps et avec méthode.

Je pourrais continuer longtemps sur le sujet du pouvoir, mais retenez juste que l’aspect que je vous ai donné n’est qu’une parcelle et surtout qu’il ne fait partie que de la première partie. De l’autre côté du miroir LE POUVOIR attend que vous l’acceptiez pleinement mais ça, vous devrez le trouver et l’intégrer par vous-même.

L’herbe du Diable…

Un homme va au savoir comme il part pour la guerre. bien réveillé, avec de la peur, du respect, et une assurance absolue. Aller vers le savoir ou partir pour la guerre d’une autre façon est une erreur, et celui qui la commet vivra pour regretter ses pas.

VOIR

Quand un guerrier a acquis la patience il est sur la voie de la volonté. Il sait comment attendre. Sa mort est avec lui assise sur sa natte. Ils deviennent amis. Sa mort lui conseille par des voies mystérieuses comment choisir, comment vivre de manière stratégique. Et le guerrier attend ! Je pourrais dire que le guerrier apprend sans se presser parce qu’il sait qu’il attend sa volonté.
Un beau jour il accomplit un acte pratiquement impossible à accomplir ordinairement. Il se peut qu’il ne se rende pas lui-même compte de son extraordinaire exploit. Mais comme il continue d’accomplir des actes impossibles, ou comme des choses impossibles continuent à lui arriver, il finit par prendre conscience qu’une sorte de pouvoir qui sort de son corps au fur et à mesure qu’il s’avance sur le chemin de la connaissance.
Au début, c’est comme une démangeaison au ventre, ou un point chaud, qui ne peut pas être soigné ; puis il éprouve une douleur, un grand malaise. Parfois la douleur et le malaise sont tels que le guerrier est pris de convulsions qui peuvent durer des mois. Plus les convulsions sont sévères, mieux cela vaut. Un excellent pouvoir s’annonce par de grandes souffrances. Quand les convulsions cessent, le guerrier remarque qu’il a des sensations bizarres par rapport aux choses. Il remarque qu’il peut maintenant toucher tout ce qu’il veut avec une sensation qui sort juste au-dessus ou juste en dessous de son nombril.
Cette sensation c’est la volonté, et quand il devient capable de s’en servir pour attraper les choses, on peut vraiment dire que le guerrier est un sorcier, et qu’il a acquis la volonté.

La force du silence

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un professeur pour nous convaincre que nous avons à notre portée un pouvoir incalculable; Quel étrange paradoxe ! Chaque guerrier engagé sur le chemin de la connaissance croit, un jour ou l’autre, qu’il est en train d’apprendre la sorcellerie, mais il me fait que se laisser convaincre du pouvoir que recèle son être, et du fait: qu’il peut y accéder.

… qui gouverne…

Haaaaa la soumission, être gouvernée par. Tous les rebelles à deux balles comme moi doivent s’y coller et même celles et ceux qui ont l’habitude de se soumettre ne le sont que rarement. Je vous laisse re-re-re-lire l’excellent article sur les SOUMINATEURS et vous « traquez sans relâche » sur vos comportements de souminateurs face à la vie. Vous allez voir, c’est super funky et vous avez de quoi pas vous ennuyer.

Cette question de gouvernance implique-t-elle l’absence de libre arbitre ? Puisque c’est le pouvoir qui gouverne et que ce n’est pas MON mais LE pouvoir quel rôle joue mon libre arbitre, ma volonté sur le chemin du Pèlerin ?

Je me suis beaucoup posé cette question, d’ailleurs je me la pose encore souvent. Y a un truc un peu trop facile dans l’attitude qui consiste à dire « ha ben, ce n’est pas moi, c’est le pouvoir qui a décidé ». C’est très new age, c’est très cooool mais y a un truc qui m’emmerde là dedans. Ca dégrève d’un acte essentiel « prendre la totale responsabilité de ses actes »

Alors comment on fait pour faire se rejoindre les deux rives du grand fleuve qu’est la vie. Ouais, c’est le moment figure poétique.

Et si la solution était dans l’affirmation ? Puisque j’ai déjà reçu LE pouvoir qui gouverne il me « suffit » d’être LE pouvoir pour me gouverner moi même…

Plus concrètement je crois, je n’affirme pas, que LE pouvoir ira là ou il doit aller, à notre mesure il a le temps. Il gouvernera une, deux, quinze destinée, mais il arrivera exactement là ou il doit aller/être.

Par contre, ça mettra peut être plus ou moins longtemps, ça sera plus ou moins dans la souffrance. SI la douleur est inévitable la souffrance, elle est un choix, un entêtement en somme.

Peut-être que je n’ai pas la faculté de choisir la forme du chemin ni sa destination mais par contre l’arpenter en tongs, pieds nus ou en santiags m’incombe assurément.

Accepter que LE pouvoir gouverne ma destinée n’exclut pas d’assumer la responsabilité, le choix, de le faire à 4 pattes ou en vélo en fonction de l’énergie que j’ai à disposition.

VOIR

Un homme détaché, homme qui sait qu’il n’a pas la possibilité d’éviter sa mort, n’a qu’une seule chose sur laquelle il puisse s’appuyer : le pouvoir de ses décisions

Toute bribe de connaissance qui devient pouvoir a la mort comme force centrale. La mort donne la touche finale, et tout ce qui est touché par la mort devient pouvoir.  L’homme qui s’avance sur le chemin de la sorcellerie doit à tout moment faire face à une imminente annihilation et inévitablement il acquiert une conscience aiguë de sa mort. Sans la conscience de la mort, il ne serait qu’un homme ordinaire impliqué dans des actes ordinaires. Il n’aurait pas la puissance et la concentration indispensables pour transformer son temps ordinaire sur terre en pouvoir magique.
Ainsi, pour être un guerrier, un homme doit avoir, en tout premier lieu et de manière vraiment authentique, une conscience aiguë de sa propre mort. Mais se soucier en permanence de la mort contraindrait normalement tout homme à se concentrer sur soi, et cela serait débilitant. Donc la seconde chose dont on a besoin pour être un guerrier est le détachement. L’idée de la mort imminente, au lieu de tourner à l’obsession, devient indifférence.

… ma destinée (mon destin)

Enfin il est là le pronom possessif, vouiiii ! C’est bien MA destinée qui est contrôlée par LE pouvoir, mon égo peut enfin se la péter, rouler des mécaniques et faire un quintuple salto boucle retourné et splash par terre parce qu’en vrai ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Si on prend l’étymologie de « destinée – destin » on a une relation avec le fait d’annoncer, mais aussi avec une forme de déterminisme imposée par une puissance supérieure immanente, transcendante ou simplement physique. En gros, notre JE n’a encore une fois pas vraiment son mot à dire.

Que la force qui engendre le destin soit celle d’un dieu, d’un principe, d’une loi physique, biologique, sociale, culturelle ou d’un fatalisme logique ou même d’un ordre tout rationnel soit-il (stoïcien) notre JE, ce que j’appelle MOI MÊME n’a pas grand-chose à voir là-dedans.

C’est donc bien le destin qui m’est appliqué, mais il ne m’appartient pourtant pas du tout. Pire c’est même moi qui lui appartient, puisque c’est lui qui me fait.

Peut-être que sur cette dernière partie, on peut trouver un bout de réponse chez Nietzsche qui devait détester cette idée de destin. Mais bien que le philosophe Allemand admettait le côté inéluctable du destin, il proposait aussi de ne pas s’y abandonner mollement, mais plutôt de se servir de cet inexorable pour se grandir et devenir l’Humain que selon lui nous devrions aspirer à être.

Friedrich était un peu récalcitrant vous ne trouvez pas ? En tout cas perso ça me semble être une approche intéressante, un juste milieu entre révolte stérile et la résignation fataliste. Une manière d’utiliser l’énergie environnante pour accélérer son processus.

A titre personnel, je trouve cette notion de destin très complexe et hors de portée de ma petite vie incarnée. J’ai donc simplifié la blague en me disant que j’en sois le créateur et/ou le maître ou pas ne change rien à la blague. Ce qui doit être sera et peut-être qu’un choix ou un autre changera la forme, mais in-fine, ce sera toujours la même fin… La fertilisation des sols pour mon incarnation et l’accès au Mystère, même très brièvement pour la Conscience qui m’habite, donc je m’en bats un peu les noisettes.

En bref, c’est bien mon/ton destin, ce n’est pas celui du voisin, mais le fait de le savoir ne va rien changer au fait que tu dois le manger, que tu aimes le plat qui t’est dû ou pas. Quant à savoir quel est ton destin… Ben, il suffit de demander au pouvoir qui le gouverne.

le début du chemin passe par là

“j’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée” peut être vu comme l’introduction, le premier pas essentiel à faire pour pouvoir arpenter les trois autres marches du chemin vers “serein et détaché”. Cet étape annonce la suite, sans elle pas de Voir, pas de Souvenir, pas de Paix, pas de Liberté.

On a vu que JE ben à part accepter ce qui a déjà eu lieu, donc en gros de fermer sa gueule, il n’a pas grand-chose à voir avec la choucroute. Que ce soit le pouvoir ou la destinée aucun des deux n’est lié à notre JE, aucun des deux n’est influencé par notre « volonté ».

Je peux donc aller s’asseoir bien confortablement sur sa vanité et son illusion de puissance il n’est finalement pas concerné dans le choix, mais uniquement dans les conséquences de ce choix.

Le pouvoir qui gouverne le destin, forcément fatal, qui va s’abattre sur mon JE est quant à lui bien au-delà de ce que mon imagination « d’enfant seul et triste » est capable d’imaginer. J’aime beaucoup cette phrase d’un des personnages du film « créatures fantastiques », le moment ou pénétrant dans le monde magique il est sûr de ne pas rêver car il serait incapable d’imaginer ce qu’il voit.

Ben pour nous, pour le pouvoir qui gouverne nos vies, c’est un peu pareil. Je crois que de ce coté si du mur de brouillard c’est totalement impossible de s’imaginer Le pouvoir. C’est infiniment plus simple, plus sobre, plus « ordinaire » que tout ce qu’on veut croire ou qu’on aimerait croire. Et en ça les images des mondes magiques dont on nous abreuve depuis 90 ans (et plus via les religions) font pas mal de dégâts si on ne sait pas s’en affranchir.

Pour finir cette phrase, de mon point de vue, « J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée » amène à la paix, la sérénité. Il n’y a vraiment plus rien à chercher, il n’y a plus rien à prouver ou à se prouver. La chose la plus simple devient la plus essentielle.

S’asseoir au pied d’un Platane en suivant le Coeur/Pouvoir à autant de sens et de puissance que de tourner autour de la Terre dans l’ISS avec le Coeur/Pouvoir. Courir, marcher, lutter, dormir, manger, renifler ou écrire un texte verbeux est égal.

Le pouvoir gouverne cette destinée, à moi de choisir entre suivre avec classe ses injonctions ou de lutter comme un vieux rat puant contre ce qui de toute manière finira par arriver.

Cette phrase, qui est l’introduction aux comportements du guerrier, pose le cadre. TOUT, vraiment tout est déjà fait, lutter contre ne fera que retarder ce qui est déjà fait. S’y abandonner totalement effacera totalement le JE et notre individuation. La troisième voie (x), la participation, la conscience avec toute la douleur, la peur et les tremblements émotionnels du JE permettra la sublimation de ce JE et permettra à JE d’accéder au Mystère et peut-être plus si affinité.

ACCEPTER de manière active que tout est déjà fait nous permet de faire un pas de côté sur l’alignement humain, son immense suffisance et même un pas de côté sur la loi de préservation.

A nous de jongler entre notre besoin viscéral d’être rassuré, notre programmation à la survie et notre volonté de liberté.

La Liberté n’est pas programmée chez l’être vivant, il est là pour obéir, à la loi de reproduction, à la loi de préservation et ceux quel que soit son espèce, virus, mammifères, bactéries, insectes, végétal ou primates.

JE dois exister pour pouvoir contempler et apprécier la beauté du pouvoir qui gouverne sa destinée. Se rebeller ne changera rien, courber la tête pas plus. La troisième voie, l’acceptation elle donnera peut être la clé. Ca tombe bien, les vieux ont filé des indices pour y arriver…

Je ne m’attache à rien pour n’avoir rien à défendre…

(à suivre)

Pour aller + loin je vous conseille EDEN SAGA c’est souvent intéressant et puis y a pas tant que ça des sites qui parlent de manière pas trop con de Castaneda donc

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Renaud

Naturopathe, psychothérapeute et pratiquant de différentes techniques énergétiques depuis plus de 20 ans. J'essaye d'amener dans chacune de mes actions un autre regard, une autre manière d'être et de vivre le monde qui nous entoure.

2 réflexions sur “J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne ma destinée

  • Merci pour cet article !

    La lecture m’a laissé perplexe. Cette phrase qui sert de titre à cet article me laisse devant une énigme : qu’est-ce que cela signifie ? Un casse-tête si je cherche à l’appréhender par le mental. Puis en laissant reposer un moment, une partie de la phrase s’est détaché pour venir me titiller : “c’est déjà fait". Et du coup m’est venue la métaphore du cinéma. Et si notre vie était un film déjà écrit, tourné, distribué que je peux aller voir…ou pas!

    Cela suppose qu’un film existe bel et bien. Que ce film montre chaque journée de mon existence comme une scène de cinéma. Tous les décors et les acteurs ont été choisis. Tout se déroule invariablement. On pourrait penser être le metteur en scène de ce film. Mais non, on est dans une sorte de méta-position où quel que soit le choix que je fasse, le film ira où IL DOIT aller. C’est déjà fait. Je lisais, il y a longtemps, que le lieu et l’heure de notre mort est fixé. Que le lieu qui nous servira de sépulture est déjà construit. Que la messe est déjà dite, en quelque sorte !

    Il semble inconcevable que le temps et l’espace soit unis dans une dimension où le commencement et la fin soient déjà accomplis. Quelque chose en moi se révolte devant cette idée de film déjà écrit. En s’y penchant un peu, je vois bien vite à quel point c’est très auto-suffisant de croire avoir une quelconque maîtrise sur sa vie. Dans quelle mesure je peux agir sur le fait que je respire et que mes organes internes continuent leur taf minute après minute. Avec quelle volonté je peux agir sur le fait qu’aucun évènement contraire à ma volonté ou mes envies se produise ? Comment je peux avoir la garantie qu’en me déplaçant d’un point A à un point B, il se produira ce “qui m’arrange" ? En vrai, les choses de la vie se déroulent en nous et en dehors de nous selon un certain scénario. Le paradoxe, c’est que même si c’est écrit, il faut agir, décider. Ce n’est pas forcément contraire à l’idée que le film soit déjà fait. Ce qui est écrit, c’est le fait que je décide d’aller à droite ou à gauche et aussi que je décide d’aller finalement à droite après avoir commencé d’aller à gauche. IMPOSSIBLE à concevoir pour le mental. Dur à concevoir aussi qu’avec un maximum de contrôle ou au contraire de laisser-aller complet, le film est déjà fait !

    Si on ne peut changer le scénario déjà écrit, même pour les plus têtus agissants ou les plus incapables d’agir, que nous reste-t-il ? N’est-ce pas le début d’un mystère ? Serait-ce une possibilité de se détendre ? Comme dans l’enseignement du tir à l’arc : tu es positionné, tu tends l’arc et la flèche et en vrai, curieusement, dans une certaine dimension, la flèche a déjà frappé la cible avant que tu lâches ! Ou bien elle a raté la cible. Il n’y a pas d’échec ou de victoire. Juste il y a ici et maintenant quelque chose à faire…ou pas. Dans l’exemple du tir à l’arc, c’est la possibilité de détente dans le corps qui fait que le coup peut partir. Et ce n’est pas une question de réflexion ou d’évolution intellectuelle qui éclairera ce mystère. Platon nous avait prévenu en disant que seule la participation au chose est le savoir. C’est-à-dire que celui qui respire la fleur, l’aime, la laisse tranquille ou la cueille se place dans le déroulement de son film déjà écrit. Celui qui l’analyse, la catalogue, la juge, l’utilise croit devenir le maître de son existence. Une belle illusion.

    Bon. Et bah, pas évident de parler de ce sujet. J’espère ne pas vous avoir noyé! Et vous, ça vous parle ?

    Répondre
  • Oui merci également pour cet article !

    Concernant l’écueil de la traduction par lequel tu commences, Carlos & Juan conversaient en espagnol semblerait-il, et l’avantage qu’ils avaient selon Carlos, c’était que Juan parlait couramment l’espagnol (tandis que lui était d’origine péruvienne). Mais il a dû ensuite traduire de l’espagnol à l’anglais pour écrire, et nous on l’a encore eu traduit en français. Sans compter que don Juan avait donné pour tâche à Carlos de renouveler tout le lexique des anciens et nouveaux voyants, ce qu’il n’a pas réalisé. Au-delà de ça, le plus gros biais (et Carlos le reconnaît lui-même notamment dans la Roue du Temps je crois) me semble qu’il prenait des notes selon ce qu’il pensait comprendre au moment où il les entendait. Et il dira plus tard qu’il aurait écrit bien différemment ses livres avec le recul. Mais bon ce n’est pas ce qui s’est passé (c’était “déjà fait" n’est-ce pas !) donc c’est qu’on devait recevoir ça, le goûter et en régurgiter notre propre expérience.

    Je te rejoins Lorenzo sur le “déjà fait" qui ressort de ce mantra, et pourtant il s’agit de faire quand même souligne Renaud, dans un paradoxe qu’aime bien la voie du pèlerin. Rajoutons à cela qu’on va mourir, mais aussi plus globalement que cette planète va très probablement disparaître dans qq milliards d’années… Mais faire, c’est expérimenter, et expérimenter avec présence, c’est enrichir notre conscience. Et puis faire pour faire comme vous le dites souvent ici, ça ne fait pas de mal ! Cette partie du mantra nous entraîne vers le lâcher-prise et donc vers la détente. Or j’ai remarqué il y a peu la corrélation entre mon niveau de détente et le niveau de fixation de mon pt d’assemblage. En fait c’est rigolo de voir que ça se tend autant à l’extérieur qu’à l’intérieur ; Sa tan n’est jamais bien loin quoi… Depuis qq temps, je vérifie régulièrement la tension ou pas dans mes épaules. Parfois, juste détendre sa main recroquevillée permet un micro déplacement de notre pt d’ass.

    “Le" “Pouvoir" et non “mon" “pouvoir"… pour voir. Et qu’est-il ce pouvoir ? J’aime bien Renaud ce que tu en dis, concernant nos soi-disant travers, ça m’a ouvert une porte, merci. Sinon il y a le pouvoir personnel, balaise le Juan d’avoir placé ces deux mots ensemble. Peut-être juste parce que le Pouvoir c’est une sensation je trouve, et comme sensation elle est propre à chacun j’imagine. On sent aussi bien quand on est traversé (on retrouve nos travers) que lorsqu’on est vidé (et donc a vide).

    Pour rebondir sur ce que tu dis concernant le destin (fatalité vs libre-arbitre), je me sers dans cette optique de cette affirmation : Tout est parfait. Mais un “tout est parfait" actif, et non fataliste justement. Actif dans le sens qu’à défaut de maîtriser grand chose dans cette incarnation (voire rien), je peux faire l’effort de prendre conscience de la Trame. Et c’est comme si cette prise de conscience activait le Chemin pour le pèlerin. Comme si l’on rentrait alors dans le temps magique…

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