Harmonie, Autonomie, Respiration, Action

Conscience @ Un autre regard

A quoi sert la Douleur ? Peut-on utiliser notre “douleur”

A la question “à quoi sert la douleur ?” on est tous tentés de répondre à la volée : “ben à rien !” Alors, si la réponse peut être satisfaisante pour le moustique qui perturbe vos siestes estivales, elle n’est peut-être pas tout à fait juste puisque la douleur est un phénomène biologique vital. Car oui la vie a besoin de la douleur. Je sais, ça fait mal, c’est le cas de le dire, surtout si comme moi vous êtes un.e masochiste qui s’ignore.

Alors à quoi sert la douleur et surtout comment peut-on utiliser notre douleur, ou plus souvent notre inconfort pour avancer et faire un pas de plus sur ce foutu chemin très caillouteux qu’est la vie du Pèlerin ? Faut-il avoir peur d’avoir mal ? Et si notre souffrance n’était pas engendrée par la douleur proprement dite mais par notre peur et notre refus de la vivre ?

La douleur, la baffe dans ta gueule et aussi un doux leurre, la raison de la peur, la peur qui fait mal… PAF !

Comme beaucoup de gens, j’ai appris à fuir la douleur, à en avoir peur, à l’éviter à tout prix. Et cette fuite de la douleur est devenue une fuite du moindre truc un petit peu désagréable. Il fallait que la vie soit lisse, tranquille, parce que l’inconfort c’est maaaaaaal ! Et cela fait 10 ans que 2 parties en moi s’affrontent, celle qui veut maintenir son illusion de confort et celle qui chemine pour être libre.

Cette fuite constante de l’inconfort et de la douleur de l’extérieur comme ça, ça avait l’air de tourner, d’avancer, bizarrement, mais ça avançait. Mon plan de rester le cul entre deux chaises semblait se dérouler parfaitement mais comme dirait un grand boxeur (Mike Tyson), « On a tous un plan, jusqu’au moment où on se prend un poing dans la gueule ». Je confirme, au sens propre comme au figuré, ça calme ! Oui mais pour combien de temps ? Cette douleur qu’on ressent au moment de l’impact et encore après, on l’esquive (olé !) ? On y résiste (en luttant contre et/ou en s’apitoyant) ou on la laisse nous envahir, nous traverser (on l’écoute) ?

Comme d’habitude il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, simplement des intentions et des prix différents à payer. Mais avant d’explorer ce qu’implique ces différentes réponses, on va revenir à la douleur elle-même, aux raisons de son existence et ce que nous en avons fait. Vous allez voir, on est vraiment plus à une incohérence près !

A quoi sert la douleur ? A permettre d’avoir conscience d’exister !

Les études sur la douleur semblent infinies (ref.) et plus je lis à son sujet, plus je constate à quel point l’existence de la douleur nous questionne (nous les humanoïdes), je dirais même nous terrifie . Que ce soit pour la comprendre, l’éradiquer, la contrôler, être plus fort qu’elle, j’ai l’impression que l’humain a toujours été à la fois fasciné et pétrifié par son existence.

Au passage je vous ferais remarquer qu’aucun koala, teckel, esturgeon ou même scolopendre se prend la tête avec la douleur. Quand votre chat / chien se fait bugner par une voiture, il gémit, il va se coucher, se lèche et attend qu’il puisse à nouveau être fonctionnel même si c’est de manière différente. Mais pour nous les humains modernes c’est devenu une source majeure de préoccupation, d’anticipation et de profit … mon père était pharmacien j’ai pété dans la soie toute mon enfance grâce à ça !

Donc comme on aime bien résoudre des problèmes qui n’existent pas, c’est tout naturellement que la douleur est devenue un des grands ennemis à abattre de ce siècle (Les groupes pharmaceutiques, les médecins, chir et autres thérapeutes nous en remercient). La douleur c’est devenu le maaaaaal, parce que ça fait maaaaaal ! En 2022 la douleur nous fait peur, encore plus peur que l’empoisonnement, du coup depuis nos barricades en caisses de doliprane, on a complètement perdu de vue que la douleur a une fonction et qu’elle sert en premier lieu à la vie de savoir qu’elle est … vivante.

La douleur est une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable », une sensation subjective normalement liée à un message, un stimulusnociceptif transmis par le système nerveux. D’un point de vu biologique et évolutif, la douleur est une information permettant à la conscience de faire l’expérience de l’état de son corps pour pouvoir y répondre.

wikipedia

Si j’ai bien tout lu et bien tout compris de cette très rapide description j’en déduis donc …

1° constat : la douleur est une information du corps (ou autre) envoyée vers notre « conscience »… Elle n’est ni bonne, ni mauvaise. Simplement une information. Donc sans la douleur, beaucoup d’informations (parfois vitales à plus ou moins loin terme) ne nous parviendraient jamais.

2° constat : c’est une expérience désagréable, ni plus, ni moins. Cette expérience est nécessaire pour agir avec ce qui est train d’arriver, quoi que cela puisse être. C’est un élément indispensable au déroulement de notre vie, de la vie.

3° constat : c’est une sensation subjective (donc pas objective, ouais je sais je donne tout là) donc liée à notre conditionnement, à notre état mental et émotionnel. Elle est propre à chacun et à chaque instant. Ce qui m’a fait mal hier ne me fera peut-être pas mal demain. Ce qui me fait mal ne te fait peut-être pas mal. La manière dont chacun ressent la douleur lui appartient.

Déjà, avec ces 3 constats, on pourrait capter l’importance de la douleur dans nos vies. Pourtant, la majorité des études du siècle dernier consiste à trouver des solutions à la douleur, à la faire disparaître. La douleur, et par extension la mort, est devenue LE PROBLÈME et qui dit problème dit “le génie humain va trouver une solution” … ou pas. Ou même pire que le problème (qui n’en est pas un biologiquement parlant) puisque on en arrive à se gaver de cachetons qui nous détruisent les reins, le foie &co.

Par peur ou refus de la douleur on arrive à se droguer de façon plus ou moins légale (et on devient addict) ce qui cause des souffrances autrement plus terrible même qu’une rage de dent.

Acceptant l’aspect subjectif et fort de leur suffisance, le génie humain à même créé des voies de développement personnel pour supplanter la nature. Ce sont toutes les voies tournant autour du travail des fakirs (ref.). Au final on fait tout notre possible pour contrôler une source vitale d’informations parce qu’elle est désagréable. Hélas pour nous et preuve de notre aveuglement, au final, on crée des solutions qui font beaucoup plus mal que ce qu’il était nécessaire de vivre (je détaille ça plus loin). Et ouais on est hyper trop fort ! Sapiens sapiens qu’il disait !

A quoi sert la DOULEUR ? A nous informer que quelque chose se passe.

Partons de la base, de la douleur physique. La douleur purement physique que ressent notre corps existe afin de nous avertir que quelque chose se passe. Je dirais même que le corps nous transmet une information que seul lui à su capter, soit parce que c’est en lien direct avec lui, soit parce que les tentatives par d’autres interfaces ont échoué (émotions, mental, énergétique).

Cette sensation de brûlure lorsque nous touchons une casserole chaude, elle nous permet de retirer notre main et de ne pas être brûler au 3° degrés. C’est cool comme concept, non ?

La douleur d’un membre cassé, d’un bleu, d’une cicatrice nous permet de savoir à quel stade de reconstruction nous sommes et comment agir en fonction (si on l’écoute bien-sûr). Un mal de tête peut nous informer sur l’état de notre foie et de nos résistances, une douleur de dents sur une carie ou des peurs ravalées, un mal de gorge sur quelque chose qu’on exprime pas,… Chacun, selon ses chemins d’analyse peut lire les informations transmises par la douleur et agir (ou pas) en fonction.

La douleur nous informe sur nos états (physiques, mentaux, émotionnels, énergétiques). Elle indique que quelque chose se passe en nous et/ou autour de nous. Elle indique un mouvement, elle nous dit simplement « il se passe quelque chose ».

Mais alors c’est quoi notre problème avec la douleur ?

Je ne prétends pas avoir LA réponse à cette question, par contre je trouve que cela fait vraiment écho à ce monde bien lisse dans lequel on est conditionné à vivre. Vous savez, cette phrase : « ho moi je veux juste une vie tranquille, sans problème, que ça déborde pas »… En gros, qu’il n’y ait pas d’imprévus jugés désagréables. Et la douleur c’est rarement agréable (enfin ça peut l’être mais c’est un autre sujet).

Et puis derrière cet argument de vie lisse et tranquille, on trouve notre pote le canapé. Ce que l’on cherche à travers cette vie tranquille, c’est surtout le moins d’effort possible. Pas d’effort, pas de risque, rien ne se passe, rien ne déborde, on croit être gagnant car on ne fait pas trop d’efforts et du coup on se cogne rarement, donc on a rarement mal. Et puis, même s’il nous arrive de nous cogner, ben le nurofen est là ! La super technique de l’esquive !

Je sais, ça à l’air d’être un bon deal, la preuve je l’ai beaucoup fait, et ouais fille de pharmacien j’étais la première servie ! Mais si on capte ce qu’il y a au bout (et le long) de ce chemin, je suis pas sûre qu’on continuerait à miser dessus.

On aura beau essayer d’étouffer, de fuir les signaux de la vie en nous et autour de nous, elle sera toujours plus forte que nous. Alors oui, on est têtus, on est résistants aussi, surtout pour perpétrer notre connerie, mais au vu de ce que nous devenons, perso, je me dis qu’il est temps d’arrêter de fuir la douleur.

DOULEURS CHRONIQUES: MAY DAY ! MAY DAY !

On vient de le voir, au départ, la douleur est faîte pour nous informer, c’est le « symptôme » de quelque chose. Mais nous, on s’en fout ! Le seul truc qui nous importe est notre confort, toute notre énergie est tournée vers la lutte contre cette douleur qui nous emmerde. Malheureusement, il semblerait que plus nous la combattons, plus de nouvelles formes de douleur apparaissent. DINGUE !

Cette douleur qui n’est qu’un symptôme est aujourd’hui devenu une maladie. Je trouve ça complètement fou. Les douleurs dîtes chroniques sont devenues des cas d’écoles et se comptent par millions. La douleur devient une cause et plus une conséquence. On aurait pas un peu glissé quelque part ?

Je vous conseille fortement de lire les études en liens sur les douleurs chroniques (ref.). A force de ne pas écouter nos douleurs, nos cerveaux et nos corps se dérèglent complètement. Comme nous ne réagissons pas aux messages transmis par notre corps, nos cerveaux buguent, ils perçoivent des douleurs qui « n’existent pas ». Je me dis que c’est la tentative ultime de nos corps pour nous dire qu’on devient complètement fou et qu’il est vraiment temps de nous arrêter et de faire un état des lieux.

On nous a appris à esquiver une douleur qui arrive, à lutter contre une douleur qui est là, mais on ne nous a jamais appris à l’accepter, la laisser simplement être et à l’écouter. Le monde nous dit que la douleur est un danger alors qu’en général c’est le signal que quelque chose se passe. On en a fait un ennemi alors que c’est un de nos plus précieux amis. Mais comme sa forme ne nous plaît pas, on se prive du fond.

Le doux-leurre parfait : la peur d’avoir mal

Imaginez un combat de boxe où l’un des deux boxers a peur de donner et de recevoir des coups. Alors que l’un tente de se battre (notre douleur), de rentrer en contact, en gros de faire ce pourquoi il est là, l’autre s’agite sur le tatami, tourne, mais reste toujours à distance, met soit des coups faiblards dans le vent, soit sort un flingue (doliprane 6 coups) et bute l’autre…

Au final ce n’est pas un combat, ce n’est pas un échange, c’est juste très chiant. C’est chiant pour nous le public et c’est frustrant, voir énervant pour le boxer engagé dans le combat. Du peu d’expérience que j’ai en boxe au final c’est toujours le boxer fuyant qui finit au tapis. Par peur d’avoir mal (ou de faire mal), par peur d’affronter ce qui se déroule, d’un il fait chier tout le monde et de deux il finit KO.

Alors on est en droit de pas aimer les matchs de boxe, on est en droit de rien vouloir mais dans ce cas y a des solutions simples comme dirait un ami à moi “Parpaing, corde, Rhône, plouf c’est fini” parce que dans la réalité le match de boxe personne ne nous demande si on veut le voir ou pas, vu qu’on est sur le ring !

La peur crée la souffrance

Un petit exemple de ce “match de boxe” que sont nos vies, que ça nous plaise ou pas. Petit histoire expérimentée concrètement par moi-même il y a peu. Suite à une opération, j’avais peur d’avoir mal. À un moment, j’ai vraiment senti que ma sensation de douleur n’était que ma peur d’avoir mal, l’anticipation que j’en faisais. Mais il n’y avait pas de douleur réelle, enfin pas autant ou pas celle que je m’imaginais.

Un mélange de sidération sur la zone, d’anticipation, de croyances sur ce que je devrais ou pas ressentir. Mais à aucun moment, je n’ai fait l’effort de sentir par moi-même la zone, ce que me faisait tel ou tel mouvement, et d’avoir confiance dans mon ressenti. En soi, avoir peur de la douleur avant de monter sur un ring ou avant une opération, c’est logique. C’est de s’y laisser-aller, que ça devienne plus important que tout le reste, qu’on reste figé comme un lapin devant des phares face à cette peur, qui est plus embêtant.

Ça m’interroge sur nos fonctionnements de base et comment on a détourné la mécanique de notre vivant, de notre biologie, de notre énergie. Je ne peux pas tout aborder dans cet article, à vous de faire le pendant avec le reste. Parce que cette peur de la douleur, c’est la peur de tout ce qu’on juge désagréable et nous on crée des DOUX-LEURRES pour éviter de les affronter, on en fabrique en masse (enfin plus ou moins selon chacun).

“Aie peur mais ne te laisse pas aller à ta peur” … d’avoir mal

A mon petit niveau, je vois bien que mon laisser-aller à mes diverses peurs engendre des douleurs psychosomatiques nombreuses et variées (je suis hyper créative) avant que je ne fasse ou ne vive quoi que ce soit. Quand j’ai peur d’avoir mal, pour être plus juste… quand j’appréhende de faire quelque chose qui pourrait, peut-être, potentiellement être un peu désagréable, je crée une illusion de douleur qui justifie le fait que je résiste au moment, mouvement, plutôt que de le suivre.

Nos cerveaux deviennent dingos et on laisse faire. Pire on persiste à croire que c’est la réalité. On a beau lire, capter que la douleur n’est qu’une information et qu’elle est vitale. Cela n’empêche pas que l’on continue d’en avoir peur, que l’on continue à se cacher derrière nos illusions de peurs (fessée numéro 1). Et là, désolée, mais y a pas d’autres solutions possibles : Affronter ses peurs ! (fessée numéro 2)

On aura beau esquiver et/ou résister autant qu’on le voudra, la vie suit son court et nous irons là où nous le devons. Nos peurs, nous devrons les affronter tôt ou tard, plus on attend, plus (pour le coup) ça sera douloureux. Ça peut-être une bonne motivation !

Sans douleur pas de vie possible ! La douleur fait partie du cycle du vivant.

La douleur nécessaire à la guérison, la transformation

On va rester sur un exemple très concret. Une personne se casse la clavicule. La première douleur est au moment-même où elle se blesse. Si elle n’a pas mal à ce moment-là, elle ne saura pas qu’il lui arrive quelque chose et qu’elle doit arrêter ce qu’elle est en train de faire pour résoudre le problème. Ensuite, pour résoudre ce « problème », elle va devoir se faire soigner, elle aura mal aussi à certains moments.

Une fois soignée, elle devra faire des séances de rééducation chez un kiné qui seront douloureuses et aussi travailler elle-même au quotidien si elle veut récupérer le mieux possible. Pour résumer, elle va faire face à bon nombre de douleurs pour aider son corps à se remettre. Et si elle tente d’en esquiver certaines, le résultat sera plus de douleurs et si elle ne fait pas de rééducation, elle pourra même avoir des douleurs à vie ! La chance !

Attention, je ne dis pas qu’il faut être un gros bourrin à tout prix et plus on a mal, plus on guéri vite, c’est totalement faux. Et c’est surtout un chemin propre à chacun et des aides sur ces chemins sont souvent nécessaires. Ce que je veux mettre en lumière est que la douleur fait partie de tous les processus de guérison et de transformation.(ref.)

La douleur a pour but de transmettre une information à notre conscience, elle a pour but de nous réveiller ! On l’a tous vécu, ce sont les plus grosses baffes de nos vies qui nous ont fait voir le plus de choses. Celles qui nous mettent à terre et nous disent « bon maintenant t’arrête tes conneries ? ». Et il arrive en effet qu’elles nous réveillent, elles déplacent notre point d’assemblage, un temps en tout cas…

Comme dirait MERLIN (Excalibur de John Boorman – 1981), ou le barbu de ce site, “car malheureusement le destin des hommes est d’oublier.” et malheureusement, une fois la période douloureuse passée, on a tendance à repartir dans nos conneries, notre point d’assemblage revient à sa place habituelle.

Je crois que le plus triste dans l’histoire c’est qu’on accélère autant que possible ce retour à la position normale de notre point d’assemblage, ce qu’on appelle “aller bien”. C’est ce qu’on fait tous en général quand ça commence à aller mieux, on veut vite oublier tout ça et reprendre notre vie d’avant. Vous savez un peu comme la reprise du monde « normal, comme avant » après la crise du COVID…

Ce fameux «comme avant» n’étant qu’une volonté forte de revenir dans notre bon vieux copain le confort moite et englobant du canapé tévé.

Comment utiliser la douleur plutôt que la fuir ou la craindre

Alors attention je n’ai pas de technique magique pour arrêter de fuir la douleur que ce soit avant, pendant, ou après. Je suis la première à galérer à ce sujet ! Je vous propose juste quelques pistes que j’explore et/ou que j’observe chez mes comparses et qui semblent fonctionner non pas pour stopper la douleur mais pour moins mal la vivre et surtout la remettre à sa juste place : une information indispensable pour prendre conscience qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

De ce que j’ai réussi à expérimenter ou à voir chez les autres c’est autant valable pour des douleurs très tonales, très physiques comme une rage de dent ou une hystérectomie, mais c’est aussi valable pour une douleur sentimentale, émotionnelle, ou même vibratoire

Accepter & plonger dans la sensation de douleur

Les trois premier mots / maux pour utiliser l’information douleur : Plonger, abdiquer, laisser faire

Quand la douleur se pointe, la première à chose à faire avant de passer à la suite, c’est de plonger (autant que nous le pouvons) dans notre douleur, dans la sensation douloureuse. On ne veut pas influer dessus, ni changer quoi que ce soit. On fait un état des lieux et juste on plonge dedans, on ÉCOUTE, on respecte, on ne respire pas contre mais juste AVEC. C’est le premier pas indispensable avant d’accueillir ou abdiquer.

Le plus dur à ce moment-là c’est de ne rien faire. Pas d’esquive, pas de lutte, pas de résistances, laisser la douleur « gagner ». Accepter de perdre, accepter d’avoir mal et aller dans cette douleur, plonger totalement dedans malgré nos peurs et autres blagues (« je ne veux pas avoir mal », « je veux aller bien », je, je, je…). Laisser la douleur faire son taf et nous emmener quelque part.

C’est ce que plusieurs personnes m’ont dit de faire les jours suivant mon opération. Hé ben, je n’avais pas du tout compris ! La seule chose à faire était de ne rien faire.

Pour reprendre l’exemple de la boxe, quand on reçoit un coup, si on se durcit, qu’on résiste, c’est en général à ce moment-là qu’un coup est très douloureux car on ne le laisse pas se diffuser, se répandre à l’intérieur de nous. On fige l’impact, on veut être plus fort que la douleur. Dans le premier exemple du combat de boxe, on est figé par notre peur de la douleur, par l’anticipation de ce qu’elle pourrait être (et on créé des doux-leurres).

Maintenant, dans ce second cas, on veut se croire plus fort que la douleur, “Non Monsieur, elle ne passera pas !”, on se met en contre, on n’accepte pas (encore fois) de vivre ce pour quoi on est monté sur le ring. On se durcit et le coup est au final plus douloureux à court et long terme. Pour le court-terme je l’ai expérimenté moi-même à moult reprises et pour le long terme, c’est ce que disent les enseignants de certains arts martiaux : Si on reçoit trop de coups en y résistant, sans les laisser se diffuser en nous, nous traverser, cela peut créer des maladies.

Que ce soit sur un ring de boxe ou dans la vie, résister, se durcir lorsqu’on prend un coup n’aura comme conséquence que de nous figer et de nous faire plus mal que de raison.

Quand on prend un coup en boxe, si notre attention est sur le fait de résister à ce coup, elle n’est plus sur tout le reste, nous, notre partenaire, notre environnement. Si on résiste, qu’on s’oppose, le mouvement en cours est alors stoppé, on ne peut pas s’en servir pour rebondir, passer à la suite. Il faut repartir de zéro. Ré-initier un mouvement ou attendre que l’autre le fasse. Vous voyez où je veux en venir ?

Donc à un moment donné, la seule chose à faire quand on prend un coup, quand la douleur est là, ben c’est de ne rien faire, c’est de l’encaisser, en tout cas si on veut pouvoir suivre le mouvement en cours et rester présent à ce qui se déroule dans nos vies. Il parait qu’avec un peu d’habitude on peut même utiliser cette vibration pour évoluer et, comme en TAI-QI, l’utiliser concrètement pour agir et se déplacer. Ça reste encore mystérieux pour moi.

Utiliser son cerveau rationnel pour sortir de l’émotionnel

La seconde étape pour utiliser la douleur sans la subir ou la craindre : VOIR, ENTENDRE et comprendre

En somme “il suffit” de faire froidement un constat de ce qui se passe, ce qui a mené à cette douleur. C’est simple, mais comme d’hab, c’est pas du tout facile. D’ailleurs ce n’est peut-être pas pour rien que la carte de la douleur dans le tarot d’Osho ou encore le 9 d’Épée du Tarot de Marseille sont des cartes du mental. Notre cerveau serait-il la clé pour mieux gérer les sensations de douleurs qui nous envahissent ?

Alors oui c’est des mystiques et on ne va pas gober ces “conneries” de gourou indien de mes c*****. Malheureusement ça rejoint les études scientifiques (ref.) faites sur des fakirs. Constat dramatique pour le RBB (Renaud vous dira ce que c’est) il semble que ce soit notre cerveau qui perçoit la douleur et surtout c’est lui qui l’interprète et en fait ce qu’il a l’habitude d’en faire.

Hélas on l’a vu précédemment que nos cerveaux ont tendance à déconner et à refiler le bébé à notre émotionnel (peur) ou notre égo (je veux) qui gèrent assez mal la douleur. Mais si on revient à juste du mental, à l’analyse des faits, sans pitié, sans émotionnel, sans je veux, pour VOIR ce qui se passe et suivre le mouvement qu’elle engendre que se passerait-il ? La douleur disparaît-elle ?

NON puisque la douleur est nécessaire ! Par contre la panique et l’amplitude de la sensation douloureuse, elles, se résorbent très vite et de manière considérable.

Je vous jure je le fais pas exprès mais ça me ramène encore à la boxe, enfin le SYSTEMA (ref.) pour être plus exact. C’est bien la posture que l’on cherche en pratiquant cet art martial, se libérer de ses états émotionnels, ses peurs, ses je veux, pour VOIR, être présent à tout ce qui se déroule en nous et autour de nous pendant le combat. Être présent, agir avec le cœur, suivre le mouvement vers la liberté.

Cela ne va pas dire éradiquer tous ces états, simplement, ne pas leur laisser le pouvoir et avoir une vision claire de ce qui se déroule.

Peut-être, (je dis peut-être car honnêtement je n’en suis pas là) que la douleur, quand on la laisse vraiment faire, elle a cette capacité à souffler tous les brouillards qui obscurcissent nos cerveaux dingos (peurs, émotions, vouloirs, caprices, croyances, etc), elle nous mène à des ruptures indispensables pour VOIR ce qui est. Elle nous montre vraiment le chemin qui se déroule sous nos pas. Je ne sais pas mais on m’a dit que oui …

Agir pour ne pas mourir de sa peur de souffrir

Il y a autant de douleurs que l’on fuit que de celles dans lesquelles on se complaît. Entendre le message c’est une nécessité, mais la définition le dit bien «la douleur est une information permettant à la conscience de faire l’expérience de l’état de son corps POUR POUVOIR Y REPONDRE». Donc a un moment donné, c’est right here, right now ! A un moment donné soit tu restes avec ton pharmacien de poche pour t’anesthésier, et oui l’info reste présente juste tu ne l’entends plus, soit tu réponds.

Répondre implique que tu vas agir et que tu vas essayer de trouver la réponse la plus intelligente à l’information de douleur que tu as reçue. Et si ton action ne change rien et bien agis encore et encore et encore !

Pour prendre un exemple un peu couillon : si tu mets la main sur la casserole brûlante et que tu reçois comme info “oh connasse tu es pas en amiante, ça fait bobo” une réponse / action stupide serait de te mettre à danser une gigue ou de chanter “le temps des cathédrales” (encore que c’est pas si con, ça s’explique très bien en MTC). Une réponse moins con sera de passer la main sous l’eau froide mais surtout dans un premier temps d’enlever la main de la casserole au lieu de s’acharner !

Ça marche pour un cas très concret et simple comme ça, mais ça marche aussi avec les peines de cœur, les douleurs suite à une opération et autres, à vous de faire la suite.

Ça me rappelle aussi le premier épisode de la série SHERLOCK. Watson, suite à une blessure de guerre avait besoin d’une canne pour marcher et avait mal à une jambe. Il faisait des cauchemars de la guerre, baignait dans ses traumas et ne faisait rien pour en sortir. Il était résigné et s’apitoyait sur son sort. Il part en enquête avec Sherlock Holmes et se sort de ses préoccupations pendant quelques heures. Dans un moment haletant, il oublie sa canne et la douleur à sa jambe disparaît… Notre cerveau est fantastique, magique ! Dans le meilleur mais aussi, trop souvent, dans le pire.

A ce moment-là Watson à juste agit, il a juste fait, sans penser, sans réfléchir, sans anticiper, sans se rappeler à lui-même ces expériences aux-quelles on s’accroche pour se définir et donc se limiter … C’est notre Renaud qui, quand il est trois jours à la CLIC et qu’on passe pas notre temps à l’engluer, oublie ses béquilles …

Alors à quoi sert la douleur ? A s’apitoyer ou exister selon notre volonté

On l’a vu, la douleur est importante pour nous garder en vie, pour nous faire évoluer mais elle est aussi un super piège pour notre auto-contemplation/apitoiement (cf les douleurs chroniques). Les douleurs que nous ressentons sont certes nécessaires mais les faire durer est bien de notre responsabilité. C’est certains que c’est super pour ne pas passer à la suite mais au moins, soyons honnête, sachons que c’est nous qui décidons d’y rester.

Encore une ptit peu de boxe: c’est bien-là l’intérêt de se laisser traverser par la douleur du coup que l’on vient de recevoir. Si on ne stoppe pas ce mouvement à l’intérieur, il pourra nous servir pour continuer le combat. Cette énergie sera transformée et renvoyée à l’autre et ainsi de suite. Je sais bien que c’est des beaux concepts, mais pour l’avoir senti de rares fois en cours de boxe, c’est possible !

Pour finir, une dernière piste : la carte de la douleur porte le numéro 9, la solitude. On est toujours seul avec notre douleur, on est seul face à elle, on est seul à entendre ce qu’elle a à nous dire, on est seul à la ressentir, on est seul à en faire quelque chose ou pas. On est seul à décider de la transformer en quelque chose (ou à la laisser nous transformer) ou pas.

On est seul avec elle et il n’y a pas de chemin unique, linéaire, tout tracé, il n’y a même pas de bon ou mauvais chemin. C’est aussi certainement une des raisons pour laquelle elle nous fait si peur…

D’ailleurs, vous trouverez un autre regard sur la douleur dans cet article de Jane et aussi pleins de liens en fin d’article pour explorer d’autres points de vue.(ref.)

A chacun de voir où il en est sur ce chemin et de faire un pas et encore un autre, s’il le souhaite. Trouvez votre moteur ! Le mien, aujourd’hui, c’est de capter l’infinie tristesse et platitude d’un monde sans heurt, sans choc, sans douleur, à quel point c’est figé et gris. A quel point rien ne respire ! Trouvez-vous une peur plus grande que la douleur !

Laurence

A quoi sert la douleur ? Liens et bibliographie

Les principes du systema par globalcontact

Il y a vraiment des centaines d’articles sur la douleur, sur sa mécanique, ses raisons, ses formes… sur les milliers de moyens de la combattre (de l’accepter beaucoup moins), je vous ai mis quelques liens mais si ça vous interesse, explorez internet et les bibliothèques, c’est sans fin!

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La Grive

Enseignante de Yoga, praticienne en soins énergétiques. j'apprend à chaque pas comment devenir le Canard Blanc ou le Cygne Noir... en somme "j'aide la science et c'est ma Joie..." Bon en même temps si la science a rien à me demander ça m'arrange je donne un cours de Yoga à 15 heures !

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