Les liens d’attachements, j’aime croire que je suis
Je m’attache à toi ! Je suis attaché aux traditions … Voilà des belles phrases, et de saison en plus ! Oui, dans les comportements comme dans l’assiette, il y a des saisons à respecter ! Bon mis à part qu’en ce qui concerne les liens d’attachements, hélas c’est un peu comme les pommes, il y en a 9 mois sur 12 ! Allez pour finir l’année et en plein pendant la trêve des confiseurs, on va parler d’un truc pas subtil du tout mais dont bien peu de gens captent l’ampleur pourtant contenue dans le terme lui même : Les liens d’attachements, qu’ils soient toxiques ou non.
On s’attache et on s’emprisonne …
L’article, dans un monde merveilleux où l’intelligence, la raison et la conscience feraient loi, devrait normalement s’arrêter là. Hélas ce monde à priori, je précise le conditionnel futur, n’existe pas. Non, nous sommes cons ! Attachement = prison = absence de liberté ça nous parle pas, il faut qu’on nous explique. En fait nous ne sommes pas cons, nous sommes très attachés à notre idée d’être des animaux sociaux. Nous sommes des personnes et donc en tant que personnes sociales nous existons parce qu’il y a autour de nous une meute d’autres personnes. Les liens sociaux semblent donc indispensables à la cohérence de notre meute.
La grande meute des humains se divise en multiple sous clans. Le clan du Français, le clan de l’anglais, qui font parfois face au clan de l’allemand et celui du congolais… etc. Dans ces clans existent bien sûr des courants indépendantistes ou opposés à la famille d’Alpha dirigeante. C’est les clans des -istes et des -ismes minoritaires.
Notre croyance de supériorité, la première et dernière barrière.
Ca peut faire bizarre à certains d’entendre parler des humains de cette manière. Oui, nous sommes très attachés à nous croire au dessus du lot des animaux et autres êtres vivants plus ou moins capables de générer chez nous un anthropomorphisme romantique et dégoulinant. Qui s’est déjà identifié à un poulpe ou à un topinambour ? Par contre une vache ou panpan lapin, c’est plus simple.
Donc ça vous fait bizarre de m’entendre parler de meute ? Cool, vous savez quel sera votre prochain lien d’attachement à travailler alors ! Car pensez y, détachez vous justement de ce que vous savez. Les humains fonctionnent en meute, non ? On peut donc de manière assez large essayer de leur appliquer les lois régissant des meutes de loups, de cerfs ou de phoques … Le truc comique c’est que ça fonctionne …
Les liens d’attachement en bref.
J’ai bien conscience que certains parmi vous vont avoir la flemme de lire la suite. J’ai aussi parfaitement conscience que cet article ne va pas changer la face du monde. Si Shakespeare, Bourdieu, Voltaire et Aristote n’y sont pas arrivés, je vois pas comment je le pourrais. Comprendre c’est bien mais agir est souvent bien plus intéressant. Donc pour résumer ce qui va suivre :
Ressentir, hurler, se plaindre, aimer, vouloir posséder ou tuer n’est pas important en soi. C’est l’attachement, la dépendance à cet “Objet” qui est problématique. Comment peut-on être Libre de nos choix et de nos actions quand nous sommes empêtrés dans une somme d’attachements à ces “objets”. La souffrance ne vient pas de ce que nous ressentons mais de l’attachement, de l’importance que nous accordons à ne plus le ressentir.
C’est bien nous qui nous attachons, c’est bel et bien nous qui tissons des liens forcément toxiques aux autres vivants et non vivants. Le véritable travail est là, et sûrement pas dans le fait de ne plus rien ressentir.
Sortons donc de la meute et regardons vite fait, sinon vous allez vous pendre, quelques uns de nos liens d’attachements les plus courants. Une fois ce petit éclairage apporté, les seuls outils vraiment valables sont : La Présence, la gentillesse, la simplicité et l’impeccabilité. Ils ne coûtent rien mis à part un effort surhumain pour ne plus s’abandonner, pour ne plus chercher un refuge ailleurs et assumer au mieux de nos capacités quotidiennes, notre vie ici et maintenant.
Personne c’est quelqu’un…
Il y a une blague subtile là. Donc une personne c’est un être vivant avec un masque, voir l’origine latine du mot, qui plus est un masque de théâtre. Shakespeare l’avait déjà compris à travers sa célèbre citation “Le monde entier est une scène, hommes et femmes, tous, n’y sont que des acteurs…” Il avait compris mais tout le monde s’en fout, du coup rien n’a changé.
Mais qu’en est-il de la nature hostile en 2017 en France ? Dans nos contrées, n’est-il pas maintenant utile de remettre profondément en question cette notion de sociabilité clanique indispensable à la survie ? Cette sociabilité obligatoire pour la survie est peut-être moins utile pour la vie et l’épanouissement de l’être ? Gardez bien ces notions en tête, elles sont importantes pour la suite.
Je m’attache donc je suis… une personne
Ici encore, miracle de la langue française, la phrase est pleine de sens. En nous attachant à la pensée de quelqu’un ou d’un groupe de personnes, notre être accepte de se fondre dans une unité plus vaste qu’est le groupe / meute / pays. L’Être disparaît au profit de la personne. Bien sûr “personne” n’est pas une absence d’individu mais bien un être vivant avec un masque. Donc en suivant un être masqué, une personne, on fait disparaître notre être démasqué au profit de la personne, du comédien de théâtre en nous… Je vous laisse relire cette phrase si besoin.
L’attachement aux traditions et à la culture
On peut bien sûr s’attacher à des traditions, qui sont simplement des formes culturelles d’interactions venues d’un passé plus ou moins lointain. Un exemple de saison, Noyel, qui “emmerde” 70% des gens et pourtant, chaque année on remet ça ! Ces traditions ont eu leur raison d’être, l’interdiction de consommer du porc pour les musulmans ou les juifs, par exemple, a réellement eu une importance vitale à une époque X. Maintenant qu’en est-il en 2017 en France ? La corrida, j’avoue que je n’ai toujours pas capté l’intérêt vital à part celui de célébrer un dieu quelconque qu’actuellement tout le monde a oublié.
Vous connaissez le “bien-vivre” Français ou les répliques sur notre identité cultuRelle. Oui cultuelle c’est un autre attachement même si, hélas, souvent le culturel découle du cultuel. Par exemple en France nous sommes très attachés à une certaine notion de la famille et de la place des enfants dans celle ci. Mais qu’en est-il pour un Hindou ? Un Thaï ? Un Mexicain ? Pourquoi leur vision est-elle moins juste que la nôtre ? Jusqu’en 1974 les enfants français avaient le droit de descendre dans les mines à 10 ans … C’est pas si vieux que ça, 1974 !
Le mariage homosexuel est légal en Espagne depuis 2004, en France depuis 2013, pendant 9 ans qui avait tort / raison ?
On s’attache et on s’emprisonne dans nos croyances
Oui, nos chers dogmes et certitudes. Vous savez les “c’est évident” et autres phrases / idées toutes faites. Les croyances peuvent être religieuses bien sûr, mais aussi scientifiques, morales, linguistiques, psychologiques et tant d’autres concepts.
Idem pour le vrai du faux. Tous les enfants de divorcés savent que le vrai de papa n’est pas le vrai de maman. Argh ! Vous savez le vrai et le faux, le bien et le mal… Ces croyances sont validées par une autorité, interne ou externe, à un moment x et n’ont plus évolué depuis.
Heureusement il y a la science !? Heu, oui mais non ! En 1950 la science agraire et chimique a expliqué aux braves agriculteurs que c’était bon pour lui et sa terre de mettre plein de rondup et autres intrants chimiques. On en revient, difficilement j’en conviens. Le brave paysan croyait que c’était bien de faire ça. Il suivait les recommandations d’une personne en qui il donnait de l’autorité. Des religieux, des médecins et des cliniciens très compétents ont décrit la femme comme inférieure à l’homme pendant des siècles et des siècles… Heureusement Margaret Thatcher, Beverly Alitt et d’autres prouvent au quotidien qu’elles sont capables d’être aussi connes, faux culs et psycho rigides que leurs homologues testiculaires.
On peut s’attacher à un objet, une personne…
Cet objet peut être inerte comme une voiture, une montre, une dent de lait (et ouais, on est pas sorti de l’auberge) ou un objet vivant, comme un animal et même des fois un animal humain. Il paraît que dans certaines tribus ils appellent ça de l’amour. Chez eux amour = attachement, d’où la citation “passer la corde autour du cou”. Les amoureux de shibari et des strangulations à l’aube apprécieront.
Un cas presque moins tragique et très fréquent, se ruiner pour garder la maison familiale parce qu’on y est … très attaché ! Ou l’enfant ne voulant pas grandir parce qu’il est attaché à son enfance. Presque pire, la personne qui ne veut pas vieillir parce qu’elle est attachée à sa beauté et à ses 20 ans… Désolée choupette, je parle à Une personne, mais tu vieilliras, que tu le veuilles ou non !
L’attachement à nos comportements
De fil en aiguille on se rapproche. On arrive dans le domaine du doudou névrotique. L’attachement à nos comportements. Un comportement c’est une “stratégie intéressante de survie” qui a été mise en place à une époque X pour survivre ou lutter contre un événement Y.
Ce comportement à l’époque était le seul moyen à notre disposition pour préserver l’intégrité du clan de cellules et de trucs qu’on nomme un être vivant. Parfois ce comportement a eu une importance cruciale dans notre vie et a façonné une grande partie de notre manière d’être dans ce monde. Un comportement de survie s’installe s’il est nécessaire, voire vital. Un peu comme la vie en société était indispensable il y a encore 500 ans, l’est-elle encore aujourd’hui ?
Ce n’est pas votre comportement de survie qui vous fout dans la merde, c’est votre attachement à ce comportement !
Se détacher de nos émotions
On est presque à l’os. Vous inquiétez pas, ça va faire mal mais c’est super goûtu ! Encore plus que nos comportements, nous choyons nos émotions ! Nous kiffons sa race de ressentir des choses ! On appelle ça “être vivant” ! Alors pour info, les animaux aussi ressentent des trucs et il y a peu, on a même montré que les végétaux eux aussi ressentaient.
Ici encore le souci n’est pas de ressentir, pas plus qu’il n’y avait de souci à aimer la corrida, les comportements mesquins ou les pseudos sciences, mais bien d’être attaché à certaines émotions plus qu’à d’autres.
A une époque X de notre vie, nous avons ressenti ou appris à ressentir plus ou moins telle émotion, et nous nous y sommes attachés. Parce qu’elle était sympa ? Pas forcément ! Simplement parce qu’elle était rassurante et qu’elle nous a permis de survivre. Nous n’avons jamais pris la peine d’actualiser cette perception du monde. Les plus téméraires s’en approchent parfois. Mais si nous la touchons du doigt, alors la peur instinctive arrive. Elle nous envahit, tous les voyants de notre personne s’allument et nous abandonnons nos efforts pour nous détacher de ce comportement / émotions / croyances / sciences / traditions …
La peur crée l’attachement, l’attachement nourrit la peur
Ces émotions ont engendré des comportements. Ces comportements, façon d’être au monde et de percevoir le monde, étaient corrélés à des lieux, des objets, des situations ou des gens. A partir de ces émotions premières, nous avons édicté des règles pour contrôler le monde et nous rassurer. Le pourquoi, au fil du temps s’est effacé et il ne reste bien souvent plus que l’habitude… la tradition d’être ou ne pas être.
Actualiser ses émotions reviendrait à changer. Pour changer nous devons abandonner, lâcher nos liens et nos certitudes. Sortir d’un état pour pouvoir en découvrir un autre. Oui mais c’est quoi cet autre état ? La peur de l’inconnu, la peur du Vide arrive et …
Nous savons actualiser notre énergie.
Nous le faisons en permanence pour valider notre histoire personnelle, la croyance que nous avons de nous-mêmes. Nous passons nos vies à déformer le monde pour le faire coller à notre attachement perceptif datant de l’enfance et parfois de bien avant.
Nous pourrions, si nous le voulions vraiment, changer. Pour cela il faut prendre un risque, celui d’aller voir au bout de la caverne. Au fond de cette caverne il y a une certitude, l’Être en nous se meurt plus ou moins rapidement. Entre les “stalag” tites et mites de la caverne obscure où nous enferme notre attachement irrationnel à des peurs, l’Humain meurt et la personne, le masque prend de la place.
Aurons-nous le courage d’aller jusqu’au bout ? L’oiseau osera-t-il lâcher le nid protecteur de la famille, du clan, des traditions et des croyances pour s’envoler vers sa liberté ? Perso, entre la certitude de mourir de froid et de peur au fond d’une caverne intérieure et la possibilité même infime de m’envoler pour aller chier sur la tronche d’un tequel, mon choix est déjà fait depuis longtemps.
Le chemin est long vers la sortie de la grotte, il fait trembler les jambes, claquer des dents. C’est un chemin qui accepte très mal le repos et l’indolence mais…
Tellement vrai
Merci
Je ne peux qu’être d’accord avec vous même si en lisant votre article j’avais un peu la gorge serrée face à ce que je vis et me fais vivre au quotidien. Ce n’est pas vraiment facile d’abandonner ce qu’on a toujours cru être nous et c’est encore plus dur de le faire avec nos proches. Je suis papa de deux filles, grandes maintenant, et j’ai énormément de mal à les voir comme des femmes avec lesquelles je ne suis pas forcément d’accord. Mais apparemment c’est leur choix, leur vies et je ne peux pas les maintenir en petites filles de 9 ans.
J’ai un peu visité votre site merci en tout cas pour cette masse d’information qu’on entend et qu’on lit trop rarement. Ca bouscule mais ça fait du bien aussi