La vie humble
Revoilà les improvisations au piano. Avec une nouvelle façon de procéder. Au lieu de partir d’un tirage de carte comme support à improvisation, je choisirai à chaque un thème qui m’inspire selon le moment. Avec une autre méthode: faire une impro préparée. Au lieu de laisser les doigts imaginer une trame harmonique et mélodique, je me donne un cadre préalable. Je choisis quel chemin je vais emprunter pour l’harmonie du morceau. La trame est déjà faite au moment où j’improvise. Par dessus je laisse aller mon inspiration pour la partie mélodique.
Cette semaine, je suis parti d’un poème de Verlaine pour l’ambiance. C’est cette ambiance qui a orienté le choix des harmonies. Comme on entre dans l’hiver, j’ai eu envie de parler de cette période où les formes de la nature se dévêtissent pour laisser apparaître leur structure. Ce moment où les habitudes hivernales prennent le dessus. Davantage de temps pour s’habiller. Le bois à couper. La cheminée à allumer et le feu à entretenir. Cette période où la routine quotidienne peut sembler plus dense, plus lourde à mettre en place.
Verlaine écrivait:
La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
Est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d’amour.
Rester gai quand le jour, triste, succède au jour,
Etre fort, et s’user en circonstances viles,
N’entendre, n’écouter aux bruits des grandes villes
Que l’appel, ô mon Dieu, des cloches dans la tour,
Et faire un de ces bruits soi-même, cela pour
L’accomplissement vil de tâches puériles,
Dormir chez les pêcheurs étant un pénitent,
N’aimer que le silence et converser pourtant,
Le temps si grand dans la patience si grande,
Le scrupule naïf aux repentirs têtus,
Et tous ces soins autour de ces pauvres vertus !
- Fi, dit l’Ange Gardien, de l’orgueil qui marchande !